27 janvier 2022 - AC

 

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Ces originaux/ales qui bousculent notre rapport à la normalité

 

 

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Philip Jaffé

 

Chaque ville, chaque village, chaque communauté a le sien: ce personnage loufoque et différent que l’on observe de loin, avec un mélange d’incompréhension et d’amusement. Au fil d’une série de portraits insolites, les «originaux-ales» de Suisse romande faisaient l’objet d’un article de L’Illustré du 19 janvier dernier.

Qu’on le ou la juge fou/folle ou idiot-e, le ou la marginal-e vient bousculer notre rapport à la normalité. «On est à la lisière entre ce qui relève de la norme et de la pathologie, analyse Philip Jaffé, professeur à la Section de psychologie (FPSE) et au Centre interfacultaire en droits de l’enfant. Les originaux-ales s'inscrivent encore tout juste dans la norme. On pourrait qualifier ça de grande excentricité.» Retour à l’étymologie: à l’origine, le mot «idiot-e» ne désigne pas quelqu’un de sot, mais plutôt de particulier, en marge de la société, qui ne participe pas à la vie publique. Vu-es comme socialement incompétent-es, voire «inutiles», les originaux-ales jouent pourtant un rôle indispensable. «En se moquant de notre conformité, elles et ils viennent nous rappeler que nous sommes des moutons et nous font réfléchir sur nous-mêmes, indique Philip Jaffé. Finalement, nous ne sommes pas obligé-es de nous limiter à notre existence toute triste.»

S’il est normal qu’une société ait ses règles et des normes communes autour desquelles se réunir, elle aurait tout avantage à s’ouvrir, selon le professeur. «Depuis Mai 68, nous évoluons dans une société plus diverse et plus bariolée, constate Philip Jaffé. Fini l’Homo helveticus calfeutré derrière sa barrière, nous vivons un véritable brassage de courants et de cultures, d’où naissent des couleurs. Conséquence: des personnes considérées autrefois comme folles sont aujourd’hui simplement excentriques ou loufoques.»

 

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