3 mars 2022 - AC

 

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Voyage en solitaire

 

 

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Marlyne Sahakian

 

Avec la pandémie, terminé les vacances à l’étranger, l’hôtel avec vue sur la plage et le buffet à volonté. La tendance est désormais au week-end en solitaire dans un coin reculé de Suisse. Selon les spécialistes du tourisme, de plus en plus de voyageurs et de voyageuses souhaitent se déconnecter des outils numériques et quitter quelque temps leurs congénères. Un phénomène qui faisait l’objet d’un article le 23 février dernier, dans le quotidien Le Temps.

Ces dernières années, les voyages en solo ont connu un développement particulièrement important auprès de la clientèle féminine. Selon plusieurs études, les recherches sur Google pour «solo women travel» ont connu une forte hausse (+59% en 2018; +230% en 2019), relève Suisse Tourisme. «Il est probable que la pandémie ait favorisé l’envie, pour certaines femmes, de partir seules, commente Marlyne Sahakian, professeure au Département de sociologie (Sciences de la société). Le confinement a accru le travail domestique genré et les femmes ont été sursollicitées.» Dans un tel contexte, partir seule permet de s’extraire momentanément du travail domestique – à condition d’en avoir les moyens financiers. Ainsi, la solitude, lorsqu’elle est choisie, s’est muée en signe extérieur de richesse, et peut être considérée comme un bienfait lorsqu’on jouit de liens sociaux forts. «Mais certaines personnes l’ont vécue comme une contrainte dans la période de distanciation sociale», précise Marlyne Sahakian. Cette quête de solitude puiserait aussi ses racines dans notre rapport ambivalent à la technologie. «La pandémie a mis en exergue les défis autour de la déconnexion, note Marlyne Sahakian. La technologie nous fait économiser du temps, mais nous oblige à être constamment joignables. Bénéficier d’un endroit sans téléphone portable, sans lumière d’appareil en veille, est rare.»

 

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