29 septembre 2022 - UNIGE

 

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Un nouvel outil pour diagnostiquer la fragilité osseuse

Développé par l’UNIGE et les HUG, un nouveau dispositif permettant de diagnostiquer la fragilité osseuse a reçu l’autorisation de commercialisation dans l’Espace économique européen et en Suisse.

 

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La nouvelle technique de diagnostic de la fragilité osseuse développée par l'UNIGE et les HUG se base sur la détection dans le sang de fragments d'une protéine, la périostine, impliquée dans le contrôle du diamètre de l’os et donc de sa robustesse. Image: HUG

Un nouveau dispositif de diagnostic de la fragilité osseuse, développé par l’Université de Genève et les Hôpitaux universitaires de Genève, a reçu l’autorisation de commercialisation dans l’Espace économique européen et en Suisse. Sous licence de la société nord-irlandaise ProAxsis, il est disponible à la vente depuis le mois de juin dernier. Ce test, mis au point par Serge Ferrari, professeur au Département de médecine (Faculté de médecine) et chef du Service des maladies osseuses des HUG, et Nicolas Bonnet, privat-docent au Département de médecine, se base sur une approche inédite permettant d’évaluer la qualité des os au moyen d’un prélèvement sanguin. Beaucoup plus spécifique que les techniques actuelles, il permettra d’améliorer sensiblement le diagnostic et de faire avancer l’élaboration de nouveaux traitements contre l’ostéoporose.

La fragilité osseuse est un problème majeur de santé publique. La première cause en est l’ostéoporose (diminution de la densité et de la qualité osseuses) qui affecte 30% de la population en Suisse. Le diabète de type 2, qui concerne 10% de la population, est également un facteur de risque important puisqu’il multiplie la probabilité de fracture presque par deux. Compte tenu du vieillissement de la population, ces chiffres devraient augmenter de 23% dans les pays de l’Union européenne, passant de 2,7 millions en 2017 à 3,3 millions en 2030. En Suisse, le nombre actuel de 82 000 fractures de fragilité osseuse par an devrait ainsi s’élever à près de 105 000 dans vingt-cinq ans.

L’objectif de la nouvelle technologie développée à Genève consiste à diagnostiquer la fragilité osseuse avant l’arrivée d’une fracture qui, selon l’âge des personnes et l’os concerné, peut induire des douleurs chroniques intenses, voire augmenter le risque de mortalité. L’innovation est fondée sur les propriétés du périoste. Cette membrane, qui recouvre les os et joue un rôle essentiel pour leur croissance et leur réparation, sécrète une protéine, la périostine, impliquée dans le contrôle du diamètre de l’os et donc de sa robustesse.

Durant le processus de résorption osseuse (le processus naturel de décomposition du tissu osseux qui permet son renouvellement), le périoste est dégradé par l’enzyme cathepsine K et libéré dans le sang. Reflets de la fragilité osseuse, des fragments de périostine métabolisés, appelés k-Postn, se retrouvent eux aussi dans la circulation sanguine. Tout l’intérêt de ces fragments est qu’ils fournissent une information spécifique sur la qualité des os, contrairement à la périostine intacte, connue des scientifiques depuis longtemps et dont la concentration peut augmenter pour d’autres causes, telles que les maladies cardiovasculaires et les cancers. À la suite d’un prélèvement sanguin, la quantité de k-Postn est mesurée en laboratoire grâce à un test Elisa, une méthode très répandue pour doser des molécules dans un échantillon biologique.

Améliorer le diagnostic

Le nouveau dispositif pourrait aider les professionnelles et les professionnels de santé à identifier et à suivre les personnes les plus à risque de développer des fractures ostéoporotiques ainsi que celles atteintes d’autres maladies fragilisant les os, notamment le diabète de type 2. Il permet également une intervention thérapeutique à un stade précoce, avant la survenue d’une fracture. Ce diagnostic anticipé devrait indéniablement diminuer la charge des maladies osseuses sur les systèmes de santé et améliorer significativement la qualité de vie des patientes et patients.

Ce dispositif est appelé à compléter la densitométrie osseuse qui est la technique d’imagerie utilisée actuellement pour évaluer une fragilité osseuse. «La densitométrie osseuse peut cependant produire des résultats biaisés en cas de diabète de type 2, nuance Serge Ferrari. L’augmentation du poids et de la masse grasse typique du diabète brouille en effet la mesure de la densité minérale osseuse qui peut apparaître normale alors même qu’une fragilité du tissu osseux est présente. La mesure de k-Postn permet de s’affranchir de ces limitations et d’améliorer la prédiction de la fragilité osseuse en gagnant en précision et spécificité. Notre diagnostic facilitera également la mise au point de nouveaux traitements contre l’ostéoporose.»

 

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