Les adolescentes et les adolescents soumis à des règles parentales strictes sur l’usage des écrans – pas de téléphone dans la chambre et pas d’utilisation le soir – dorment en moyenne quarante minutes de plus que les autres. Tout en obtenant de meilleurs résultats scolaires. Tel est le résultat d’une étude parue le 6 septembre dans Discover Public Health. Dirigé par Virginie Sterpenich, chercheuse au Département de neurosciences fondamentales (Faculté de médecine), ce travail a été réalisé dans les cycles d’orientation en collaboration avec le Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) du Canton de Genève. Il a consisté à analyser les réponses de 329 élèves âgé-es de 13 à 15 ans à un questionnaire sur leurs habitudes de sommeil et les règles fixées par leurs parents.

Sachant que cette tranche d’âge a besoin d’environ neuf heures de sommeil et ne dort en réalité souvent que sept à huit heures, un gain de quarante minutes par nuit est considérable. Cumulé sur une semaine, il représente presque une nuit de plus.

A contrario, les autres types d’impératifs tels que limiter la durée quotidienne d’écrans ou de fixer une heure de coucher n’obtiennent pas d’effet significatif sur la durée du sommeil.

Les scientifiques concluent que le rôle des parents dans cette problématique est essentiel. Leur implication influence en effet directement la santé et la réussite de leurs enfants. Mais le cadre strict doit être instauré avant l’âge de 15 ans, seuil au-delà duquel les mauvaises habitudes sont plus difficiles à corriger.

De manière générale, les adolescentes et adolescents dorment de moins en moins, souvent bien en dessous des huit à dix heures recommandées à leur âge par l’American Academy of Sleep Medicine, référence mondiale en la matière. Le sommeil joue pourtant un rôle crucial dans les fonctions cognitives et affectives. Il participe à la consolidation de la mémoire, à la vigilance et à la stabilité émotionnelle. Un sommeil de qualité prévient également l’apparition précoce de troubles psychiatriques tels que l’anxiété ou la dépression.

Selon une étude suisse récente, 12 fois plus d’enfants de 14 ans passaient plus de quatre heures par jour devant un écran en 2020 qu’en 2012. Cette exposition excessive a des conséquences négatives sur la durée et la qualité du sommeil. Les écrans décalent en effet l’heure du coucher en occupant du temps précieux, mais aussi en stimulant l’attention et les émotions, retardant l’endormissement. La présence d’écrans dans la chambre est reconnue comme un facteur aggravant.