Les IA en question sont toutes de grands modèles de langage (LLM pour Large Language Models), capables de traiter, d’interpréter et de générer des textes. Elles peuvent répondre à des questions et résoudre certains problèmes complexes. Les scientifiques en ont choisi six (ChatGPT-4, ChatGPT-o1, Gemini 1.5 flash, Copilot 365, Claude 3.5 Haiku et DeepSeek V3) qu'ils ont soumises à cinq tests d’intelligence émotionnelle, utilisés dans la recherche mais aussi dans le monde du travail. Ces tests se présentent sous la forme d’une série de mises en situation, affectivement chargées, visant à évaluer les compétences de compréhension, de régulation et de gestion des émotions. La question est suivie d’un choix de réponses. Exemple :

Un collègue de Michaël lui a volé son idée et reçoit injustement des félicitations. Quelle serait la réaction la plus efficace de Michaël? 
a) Se disputer avec le collègue concerné.
b) Parler de la situation à son supérieur.
c) En vouloir à son collègue en silence.
d) Lui voler une idée en retour.

Dans ce cas, la réaction b est considérée comme la plus pertinente.

À des fins de comparaison, ces mêmes tests ont été proposés à des femmes et des hommes. L’expérience a tourné en faveur des intelligences artificielles, et largement, puisque les LLM ont obtenu des scores de 82% de réponses correctes contre 56% pour les humains. Pour les scientifiques, cela démontrerait que ces IA possèdent des connaissances sur les émotions et sur ce qu’implique un comportement émotionnellement intelligent.
Dans une deuxième expérience, les scientifiques sont allés plus loin et ont demandé à ChatGPT-4 de créer de nouveaux tests d’intelligence émotionnelle comprenant des scénarios inédits. Ces tests générés automatiquement ont ensuite été soumis à plus de 400 participantes et participants et se sont révélés d’une fiabilité, d’une clarté et d’un réalisme similaires à ceux des tests originaux, qui avaient pourtant nécessité des années de développement. 
L’article conclut que ces résultats suggèrent la possibilité d’utiliser les IA dans des domaines jusque-là réservés aux humains, comme l’éducation, le coaching ou la gestion de conflits. À condition, précisent cependant les auteur-es, qu’elles soient encadrées par des experts et expertes. Humains, cela va de soi.