5 novembre 2020 - Jacques Erard

 

Vie de l'UNIGE

Renouer le dialogue entre science et spiritualité

Inédit en Suisse, le programme «À ciel ouvert. Science et spiritualité» a démarré cet automne à l’initiative de la Faculté de théologie, sous la forme d’un séminaire rassemblant astrophysicien-nes et théologien-nes. Il vise à aborder de manière interdisciplinaire les questions clés qui se posent à l’intersection de la connaissance du monde physique et de l’expérience spirituelle.

 

 

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Illustration: Marie Lavis


Que se passe-t-il dans la tête d’un astronome contemplant, un soir d’été, le ciel tacheté d’étoiles? À peu de chose près, des pensées similaires à celles d’un théologien: un même émerveillement et un même questionnement. Quels sont l’origine et le destin de l’Univers? Quelle place occupent la vie et l’humain dans cette constellation de matière et d’énergie?

Forte de cette intuition, la Faculté de théologie a lancé cet automne un programme inédit en Suisse visant à rassembler, avec le soutien du Rectorat de l’UNIGE et de la Fondation Yves et Inez Oltramare, des astronomes et des théologien-nes de Suisse et de la scène internationale. Il doit se dérouler dans une première phase sur cinq ans. «À ciel ouvert. Science et spiritualité» entend ainsi instaurer un dialogue interdisciplinaire sur l’énigme des origines, la place et le sens de l’être humain dans l’Univers, en participant au décloisonnement entre enseignements scientifique et théologique.

«L’objectif n’est pas de concilier les deux approches ou de chercher à se convaincre mutuellement de vérités établies dans nos disciplines respectives, précise Ghislain Waterlot, doyen de la Faculté de théologie. Mais plutôt de les rapporter l’une à l’autre. Les astrophysicien-nes sont occupé-es à établir certains principes de cohérence et d’ordonnance à partir de leurs observations. Tout comme les théologien-nes, elles et ils sont en quête de sens, même si leurs réponses sont d’un ordre différent. Je suis convaincu que nous avons des choses à nous apporter, les théologien-nes au travers de leurs réflexions sur la question de la finalité, notamment, et les astronomes de par leur expérience dans la formulation et la vérification d’hypothèses.»

 

Une cohabitation dépréciée par les dogmatismes

Si la science s’est éloignée des préoccupations spirituelles au cours des derniers siècles, il n’en a pas toujours été ainsi. «Isaac Newton était à la fois l’un des plus grands physiciens et l’un des plus importants théologiens de son temps», rappelle Ghislain Waterlot. La complexification croissante des disciplines scientifiques a toutefois rendu la cohabitation entre l’approche théologique et l’empirisme propre à la science de plus en plus difficile. Les Églises ont par ailleurs adopté une attitude de plus en plus dogmatique et défensive vis-à-vis de la science, craignant que cette dernière ne mette en péril leur crédibilité. «Au XXe siècle, des théologiens comme Pierre Teilhard de Chardin ou Dietrich Bonhoeffer ont cependant intégré des données scientifiques dans leur réflexion», précise le doyen.

«À ciel ouvert» s’inscrit dans une démarche similaire de rapprochement, dans laquelle scientifiques et théologien-nes trouveront un environnement propice à aborder leur domaine de recherche hors du cadre qui leur est familier. Les connaissances astrophysiques sur le fonctionnement et l’organisation de l’Univers suscitent également des questions auxquelles les disciplines de la philosophie, de la théologie et de l’éthique peuvent proposer des réponses.

Ce semestre, le programme a pris la forme d’un séminaire entre expert-es. Une ouverture aux étudiant-es, par le biais d’enseignements, et au public, à travers l’organisation de conférences et autres événements, est prévue courant 2021, notamment en ligne.

 

 

 

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