25 novembre 2021 - UNIGE

 

Vie de l'UNIGE

Nourrir les politiques publiques par une approche scientifique

Pour résoudre les problèmes globaux du XXIe siècle, une amélioration du lien entre science et politique est nécessaire. C’était tout l’enjeu du séminaire qu’organisait l’UNIGE, les 21 et 22 octobre dernier, en partenariat avec le Groupe de Coimbra et la Bibliothèque des Nations unies.

 

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Le séminaire qui s'est tenu au Palais des Nations les 21 et 22 octobre dernier avait pour objectif de favoriser un rapprochement entre les universités et les décideurs/euses des Nations unies . Image: United Nations Library & Archives

 

Durant deux jours, les recteurs et rectrices du Groupe de Coimbra ont partagé et échangé avec des représentant-es de l’ONU et d’autres organisations multilatérales, croisant idées et expertises autour des défis de l’Agenda 2030. Ce programme, adopté en 2015 par 193 États, dessine une feuille de route détaillée jalonnée par 17 objectifs de développement durable (ODD) qui couvrent toutes les questions de société. La manière dont les universités peuvent contribuer à ces objectifs, leurs impacts sur la recherche universitaire et les outils permettant d’optimiser l’interface entre la science et la politique étaient autant de questions abordées lors de ce rendez-vous.


Un effort commun pour le futur

Construire des ponts entre science et politique nécessite de développer des relations interdisciplinaires basées sur la confiance, un objectif du séminaire qui était organisé en présentiel pour favoriser les échanges interpersonnels. Des collaborations avec des représentant-es d’agences onusiennes et d’autres d’organisations multilatérales ont pu être engagées, créées ou consolidées lors de ces échanges qui se sont transformés dès le lendemain en efforts communs vers la recherche de solutions concrètes. Un premier workshop avait pour but d’imaginer la manière dont la recherche fondamentale, la recherche appliquée ainsi que les organisations peuvent réduire l'écart entre science et politique. Les différents groupes ont donc joint leurs expertises, faisant émerger plusieurs constats, parmi lesquels la nécessité de développer des définitions et un vocabulaire communs. Plusieurs pistes ont été explorées, dont celles d’encourager la recherche interdisciplinaire pour trouver des priorités largement partagées. Les regards étaient également rivés vers les jeunes, véritables moteurs du changement. Cours accrédités supplémentaires et MOOCs communs sur les ODD figurent parmi les solutions évoquées afin de placer cette catégorie de la population au cœur de l’action et d’activer rapidement son potentiel. Plus largement, la nécessité d’engager un dialogue à l’échelle de toute la communauté universitaire et de faire des ODD un point d’ancrage de l’enseignement a été évoquée, de même que l’importance d’exploiter les nombreuses initiatives déjà existantes.

Construire l’action sur l’existant

Des acteurs et actrices d’horizons variés sont justement venu-es partager des exemples issus de leur pratique. Plusieurs expert-es ont ainsi échangé sur les moyens d’activer la science pour atteindre les ODD. Pour Mille Boejer, directrice de Reos Partners, le processus passe par trois phases: créer des espaces de rencontre, introduire des facteurs d’incitation et construire des relations durables afin de ne pas transmettre la connaissance unilatéralement, mais de la faire émerger d’un effort commun. Paul Lievens, vice-recteur de la KU Leuven, en Belgique, a, quant à lui, partagé les initiatives de son université concernant les ODD. En plus de la création d'un MOOC et de la promotion de la recherche interdisciplinaire, l’institution a lancé le KICK Challenge, une compétition encourageant les étudiant-es à imaginer une innovation liée aux ODD. Puis, Alexis Roig, directeur du SciTech DiploHub (Barcelona Science and Technology Diplomacy Hub), a présenté les initiatives lancées par Barcelone, première ville à disposer d’une stratégie de diplomatie scientifique, non sans rappeler au passage l’importance pour les universités de faire partie intégrante de la stratégie et de ne pas se cantonner à un rôle d’observatrices. Enfin, Nicolas Seidler, directeur du Geneva Science-Policy Interface, a insisté sur le fait que les liens durables entre science et politique ne se tissent pas en temps de crise mais qu’il s’agit d’un processus à long terme.

Plusieurs présentations ont ponctué l’événement: Soumya Swaminathan, scientifique en chef à l’Organisation mondiale de la santé, a rappelé le rôle crucial qu’ont joué les scientifiques dans les processus décisionnels durant le Covid-19. Stephan Mergenthaler, chef de l’Intelligence stratégique au Forum économique mondial, est venu présenter un outil concret permettant de cartographier les problèmes globaux. Maurizio Bona, conseiller principal pour les relations avec les parlements et la politique pour la science au CERN, a, pour sa part, encouragé toutes les universités présentes à prendre part à l’Année internationale des sciences fondamentales au service du développement durable.

Le séminaire s’est achevé sur une discussion avec Anna Panagopoulou, directrice de l’espace européen de la recherche et de l’innovation à la Commission européenne. Plusieurs thèmes ont été abordés, notamment le rôle des universités dans la résolution des problèmes globaux, ainsi que les futures priorités politiques de l’espace européen de la recherche.

 

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