Liens forts avec l’UNIGE
À Genève, suite à sa disparition, étudiant-es, enseignant-es et personnel de l’UNIGE se mobilisent et se joignent aux proches d’Alexei Jaccard, d’abord pour le retrouver, ensuite pour réclamer la vérité sur les faits. (Pour en savoir plus, lire l’article «Il y a quarante ans disparaissait l’étudiant Alexei Jaccard. L’Université se souvient», paru en décembre 2017, dans Le Journal). En 1987 naissent des initiatives étudiantes visant à rendre hommage à l’étudiant genevois disparu. Après l’arrestation du général Pinochet à Londres en 1998, elles conduiront, grâce aux démarches de la Conférence universitaire des associations d’étudiant.e.x.s (CUAE), à rebaptiser la salle MR380 d’Uni Mail en «Auditoire des droits de l’homme en mémoire d’Alexei Jaccard». En 2018, celui-ci sera renommé «Auditoire Alexei Jaccard Droits de l’homme», à la demande du collectif estudiantin Nouvelles Générations Chili, lequel proposait également une valorisation artistique et mémorielle de la salle qui ne verra pas le jour.

Constatant qu’aucun dispositif ne permettait de savoir qui était Alexei Jaccard ni de connaître les raisons pour lesquelles l’auditoire portait son nom accolé à la mention «Droits de l’homme», un comité scientifique interfacultaire, composé d’expert-es de l’UNIGE et d’enseignant-es de toutes les facultés logées à Uni Mail et du Latino Lab ainsi que de membres des collectifs estudiantins, se constitue en 2021 pour prendre le relais. «Les discussions que nous avons menées au sein du Groupe de réflexion pluridisciplinaire sur les figurations historiques de l’Université de Genève dans l’espace public nous ont encouragé-es à faire de cet auditoire un exemple positif de représentation», raconte Aline Helg, professeure honoraire de la Faculté des lettres, qui, en tant que camarade d’études, a fait partie des premiers soutiens à Alexei Jaccard.

Lieu d’échanges pour la promotion des droits humains
Depuis début août, l’espace se situant entre les deux entrées de l’auditoire est transformé en un lieu d’information et de réflexion interdisciplinaire. Sur les parois, un affichage permanent relate l’histoire tragique d’Alexei Jaccard (dont le corps n’a toujours pas été retrouvé), apporte des éléments historiques sur l’Opération Condor, définit la disparition forcée comme un crime contre l’humanité et explique ses impacts sociaux, tandis qu’un mur est consacré à des expositions temporaires. À terme, un écran tactile interactif devrait être ajouté afin de rendre visibles les usages multiples et polymorphes, passés et présents, de la disparition forcée à travers le monde. Enfin, du mobilier (tables et bancs communautaires), de couleur identique au mur, viendra renforcer l’unité de ce nouvel espace, voué à devenir un lieu d'échanges pour la promotion des droits humains.

Une inauguration est prévue le 30 août à 18h30, à laquelle sont conviées toutes les personnes ayant pris part au projet de valorisation depuis 1977. Elle sera suivie, le 24 novembre, d’une inauguration officielle et publique, dans le cadre de la Semaine des droits humains et en présence de Paulina Veloso, veuve d’Alexei Jaccard.