4 février 2021 - Jacques Erard

 

Vie de l'UNIGE

Le GSI met sur pied un programme de mobilité alternative

La situation sanitaire fait payer un lourd tribut à la mobilité universitaire. Pour pallier les annulations, l’Institut d’études globales de l’UNIGE crée un programme inédit de mobilité alternative. Présentation.

 

 

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Illustration: Reto Crameri


Partir ou ne pas partir? Nombreux/euses sont les étudiant-es à se poser la question en ce début d’année. Même si certains projets de mobilité OUT restent d’actualité (lire encadré ci-dessous), les annulations se sont succédé ces derniers mois. Actuellement, ces défections concernent 32 institutions partenaires de 14 pays. À l’effet d’isolement induit par l’annulation des cours en présentiel depuis le mois de novembre, cette situation d’incertitude ajoute un facteur de stress supplémentaire pour les étudiant-es, notamment pour celles et ceux qui s’étaient organisé-es pour trouver un logement dans leur ville de destination.

 

Renoncer à un projet de mobilité a aussi un coût en termes de formation. Un séjour dans une université à l’étranger représente une source d’enrichissement intellectuel qui s’avère parfois décisive pour la poursuite d’une carrière. C’est particulièrement vrai pour les quelque 1000 étudiant-es du Bachelor en relations internationales (BARI) proposé par l’Institut d’études globales de l’UNIGE (GSI), qui se destinent à des professions dans lesquelles le facteur multiculturel est prépondérant. En troisième et dernière année de cette filière, une majorité des inscrit-es prévoit habituellement un séjour de mobilité.

«Près de 150 étudiant-es s’apprêtaient à partir cette année. Il était exclu de les laisser en rade ou de nous contenter de la réponse standard en cas d’annulation, à savoir de suivre des cours en ligne dans l’université dans laquelle elles ou ils s’étaient inscrit-es, explique Stephan Davidshofer, chargé de cours au GSI et coordinateur de ce programme de mobilité alternative. Nous avons donc décidé de mettre sur pied une solution leur offrant une alternative crédible en termes d’apprentissage».

Faute de mobilité géographique, les initiateurs/trices du projet misent sur un parcours hors des sentiers habituels du cursus du BARI, en proposant aux étudiant-es concerné-es d’acquérir des compétences directement orientées vers leur avenir professionnel: apprendre à organiser une conférence de presse, à «pitcher» une idée, à réaliser une vidéo promotionnelle ou encore à réaliser un «policy brief» s’adressant à un public non-universitaire. «Cela répond à une demande récurrente de nos étudiant-es qui souhaitent être davantage confronté-es à des problématiques qui les préparent aux réalités du monde professionnel», précise Stephan Davidshofer.

 

Répondre aux défis de l'après-crise

Concrètement, les participant-es (une quarantaine d’inscrit-es à ce jour) seront réparti-es en dix équipes de quatre personnes. Les organisateurs/trices seront responsables de la formation des équipes, afin de veiller à leur diversité et de placer les étudiant-es dans une situation proche de ce qui les attend dans leurs futurs métiers. Chaque équipe choisira ensuite une thématique autour d’un mécanisme de gouvernance globale répondant aux défis de la crise actuelle: penser l’après-crise et les opportunités que celle-ci pourrait offrir en termes de reprise économique «verte», de responsabilité sociale des entreprises ou de lutte contre la désinformation dans le contexte des technologies numériques, par exemple.

A partir de ce cadre, les équipes élaboreront un projet qui les confrontera à des situations du monde professionnel. Si elles choisissent d’organiser une conférence de presse, par exemple, les médias seront invités à y participer. Les étudiant-es seront aussi amené-es à entrer en contact avec des collaborateurs/trices d’organisations internationales ou d’ONG afin de discuter de leur projet. Les meilleurs travaux seront primés et si une idée s’avère particulièrement porteuse, elle pourrait aboutir à une demande de financement pour réaliser le projet. En outre, les participant-es ayant achevé le programme recevront les 24 crédits ECTS prévus habituellement pour les séjours de mobilité.

 

Un raccourci vers le monde professionnel

«Bien sûr, cela ne remplace pas l’immersion dans une autre culture et la plus-value socialisante amenée par la mobilité traditionnelle, concède Stephan Davidshofer. Cela étant, les participant-es du programme vont acquérir des compétences auxquelles elles ou ils n’auraient pas eu accès en temps normal. Elles et Ils se feront peut-être moins de nouveaux/velles ami-es, mais elles ou ils commenceront à remplir un carnet d’adresses en vue de leur insertion professionnelle. Par ailleurs, l’aspect international lié à la mobilité ne sera pas entièrement perdu puisque chaque équipe comprendra un-e ou plusieurs étudiant-es de nos universités partenaires, que ce soit au Canada, en Espagne, en Grande-Bretagne ou en Chine. Nous avons d’ailleurs reçu ces derniers jours de nombreux appels d’universités intéressées. Il semble donc que notre programme répond à un réel besoin.»

Par-delà son caractère exceptionnel lié à la crise sanitaire, ce programme pourrait, à terme, inspirer une réflexion sur l’évolution du BARI. «Pour rester attractives, les sciences sociales, j'en suis suis convaincu, devront proposer des modules de ce type à l’avenir», conclut Stephan Davidshofer.

Pour en savoir plus

Informations sur le programme de mobilité alternative du GSI
Contact: alt-mobGSI(at)unige.ch

 

 

De nouvelles règles pour la mobilité en ligne

Malgré les incertitudes liées à la situation sanitaire et les nombreuses annulations enregistrées depuis l’automne dernier, l’attrait de la mobilité pour les étudiant-es ne semble pas entamé sur le long terme. C’est ce qui ressort de chiffres publiés par le Service de la mobilité académique de l’UNIGE. Alors qu’elles et ils étaient 674 étudiant-es à s’être inscrit à des programmes pour la mobilité Monde ou Europe en décembre 2019 (pour l’année académique 2020-2021), soit avant la pandémie, ce chiffre est passé à 637 en décembre 2020 (pour l’année académique 2021-2022), soit une diminution de 5,5% seulement.

Ce signe encourageant ne doit toutefois pas occulter les nombreuses déceptions et le stress engendrés par les annulations. Compte tenu du caractère exceptionnel de la situation, le Rectorat a adopté de nouvelles règles, valables pour le prochain semestre de printemps, stipulant que la mobilité IN et OUT est reconnue lorsque les cours dispensés par l’institution partenaire sont suivis en ligne depuis le lieu de résidence du ou de la candidat-e, aux conditions suivantes:

  1. l'entrée dans le pays ou la sortie du pays n'est pas possible;
  2. la faculté accepte ce nouveau mode de mobilité, valide le plan de cours, accorde la totalité des crédits prévus dans le plan d’études pour une mobilité et confirme le caractère indispensable de la mobilité de l’étudiant-e en question;
  3. le partenaire propose des cours en ligne et accepte la candidature.

Les nouvelles règles précisent qu’aucune bourse ne sera versée dans ce contexte. Les étudiant-es souhaitant bénéficier de cette possibilité doivent par ailleurs fournir au Service de la mobilité académique la preuve que les deux premières conditions ci-dessus sont remplies. Enfin, la décision de maintenir ou d’annuler la mobilité durant le semestre de printemps doit être prise par l’étudiant-e le lundi 22 février 2021 au plus tard.

Pour en savoir plus

 

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