10 mars 2022 - Melina Tiphticoglou

 

Vie de l'UNIGE

«Talents pluriels» donne un coup de pouce aux artistes et aux sportifs/ives d’élite

L’UNIGE propose des aménagements particuliers aux étudiant-es menant une carrière sportive parallèlement à leurs études. Une nouvelle mouture du programme intitulé «Talents pluriels» intègre les artistes et simplifie les procédures tout en enrichissant la palette des services offerts.

 

 

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Gender Cubicles (2018), chorégraphiée par Iona D’Annunzio et produite par la compagnie Woman’s move avec le soutien des activités culturelles de l'UNIGE, est une performance qui questionne le genre. Photo: Woman's move


Mener de front des études universitaires et une carrière de sportif/ive d’élite ou d’artiste confirmé-e est un défi quotidien. Comment faire quand l’entraînement régulier coïncide avec un cours? Qu’une compétition internationale est programmée à l’étranger en pleine période d’examens? Ou que la tournée d’un spectacle dure un mois? Consciente des contraintes que font peser de tels parcours sur le bon déroulement des études et soucieuse de garantir l’égalité des chances, l’UNIGE lance le programme «Talents pluriels: sport-art-études» qui offre des aménagements particuliers (plans d’études individualisés, allongement de la durée des études et répartition des examens) aux étudiant-es menant une carrière sportive ou artistique parallèlement à leurs études.

 

«Un programme de soutien aux sportifs/ives d’élite existe depuis 2006 dont 112 athlètes ont profité, mais aujourd’hui nous souhaitons l’améliorer», explique Yann Bernardini, responsable du Service des sports de l’UNIGE et cheville ouvrière de la nouvelle mouture. «‘Talents Pluriels’ est donc la nouvelle version du dispositif permettant d’intégrer les artistes, absent du dernier programme, et de proposer une optimisation des services aux étudiant-es bénéficiaires. Un renforcement de l’accompagnement sera également mis en place auprès des bénéficiaires; il permettra, en collaboration avec les facultés, de prévoir les aménagements les plus adéquats possible.»

Cinq heures d'entraînement par jour
Quentin Zeller est titulaire d’un Bachelor en ingénierie des technologies de l’information de la HES-SO et volleyeur en équipe nationale. En 2018, il entame un Master en sciences informatiques à l’UNIGE où il bénéficie du statut de sportif d’élite. «Durant mon cursus, j’ai dû régulièrement manquer des cours, confirme le sportif. Mes entraînements m’occupaient cinq heures par jour, dont la moitié le soir, en même temps que certains séminaires. Je devais aussi régulièrement m’absenter plusieurs jours pour des matchs.» Lorsqu’il demande de nouveaux délais pour des travaux écrits ou le report de dates d’examens en raison d’une compétition internationale à laquelle il participe, le jeune homme reçoit une écoute attentive de la part de ses professeur-es. Il relève cependant que chaque exception doit être négociée séparément.

 

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Quentin Zeller, volleyeur en équipe nationale.

Iona D’annunzio n’a pas la même expérience. Elle est danseuse-interprète et chorégraphe professionnelle quand, en 2015, pour nourrir son travail artistique, elle décide de se lancer dans des études de sociologie à l’UNIGE qu’elle complète d’un Master en études genre encore en cours. Pour des raisons tant financières que de carrière, elle poursuit son activité artistique tout au long de son cursus. Elle consacre deux heures par jour à l’entraînement et doit s’absenter durant plusieurs jours, voire semaines, lors des tournées. La jeune danseuse regrette de ne pas avoir pu bénéficier d’aménagements particuliers au cours de ses études: «J’ai dû diminuer le temps consacré à mes créations, détaille-t-elle. J’ai, par exemple, programmé plus de reprises que de créations nouvelles. J’essayais aussi de faire coïncider le planning de mes tournées avec le calendrier universitaire, mais pour beaucoup d’activités c’était très compliqué, car je devais prendre des engagements longtemps à l’avance, sans connaître les horaires des cours, qui sont transmis seulement en août.»

Continuité avec l'école
«Talents pluriels» est le fruit d’un travail collectif. Afin de mettre sur pied un programme adapté, un groupe de travail a en effet été formé avec le soin d’inclure toutes les parties prenantes: des représentants des activités culturelles et du Service des sports, des conseiller-ères académiques, des bénéficiaires, ainsi que la responsable du dispositif sport-art-études au Département de l’instruction publique (DIP). «Il est important de pouvoir assurer une continuité avec ce qui existe au DIP (école obligatoire et postobligatoire)», explique Yann Bernardini.

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Iona D'Annunzio, danseuse-interprète et chorégraphe. Photo: C. Cohen

Iona D’Annunzio a été conviée à participer à ces réflexions: «Lors de mes études, j’ai été confrontée à des enseignant-es ou des conseillers-ères académiques qui considéraient ma pratique comme un hobby et qui, de ce fait, refusaient d’accéder à mes demandes. Bénéficier d’un ‘tampon’ de l’institution qui reconnaît notre statut et nous accorde son soutien est très important. Pour les sportifs/ives, le cadre est relativement clair, mais pour les artistes, c’est plus compliqué. Nous avons donc travaillé à établir les critères selon lesquels le statut d’‘artiste confirmé-e’ serait accordé.»

Le programme «Talents pluriels: sport-art-études» est entré en fonction à la rentrée académique 2021-22 et les inscriptions pour le prochain semestre sont ouvertes jusqu’au 30 avril (voir encadré). Actuellement, 53 sportifs/ives d’élite sont enregistré-es comme tel-les et une trentaine de de disciplines sont représentées – de l’athlétisme au volley-ball, en passant par le golf, le plongeon ou l’ultimate frisbee. Gageons que dès l’année prochaine, des comédien-nes, des musicien-nes et des danseur/euses rejoindront les rangs.

 

Pour en savoir plus:
Programme d’aménagement des études pour sportifs/ives et artistes à l’UNIGE

 

Sport-art-études à l’UNIGE: mode d’emploi
Le programme «Talents pluriels (sport-art-études)» règle les aménagements d’études que les sportifs/ives d’élites ou les artistes confirmé-es peuvent demander dès leur admission dans une filière d’étude de l’UNIGE. Les aménagements peuvent porter sur le plan d’études, la durée des études, le calendrier des examens ou des contrôles. Sont considéré-es comme artistes confirmé-es les personnes ayant suivi une formation professionnalisante certifiante et menant une carrière reconnue ou ayant le projet d’une réalisation d’ambition professionnelle dans une discipline artistique reconnue. Sont reconnu-es comme sportifs ou sportives d’élite les sportifs/ves de Swiss Olympic détenteur/trices d'une carte or, argent, bronze, talent ou élite, les sportifs/ves professionnel-les ou en formation pour les sports collectifs, les sportifs/ves de niveau équipe nationale et les sportifs/ves étranger-es soutenu-es par leur fédération sportive (selon liste CNO).
Les candidat-es doivent déposer leur demande d’adhésion au programme «Talents pluriels» avant le 30 avril, pour le semestre d’automne, et avant le 30 novembre, pour celui de printemps. Une fois par semestre, les candidatures sont examinées par une commission qui décide de l’admission au programme. Les aménagements sont ensuite définis au sein des facultés par les conseiller-ères académiques et validés par le décanat suite aux propositions faites par les sportifs/ves et artistes reconnu-es.

 

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