«La campagne vise quatre objectifs, détaille Klea Faniko, chargée de projet au Service égalité & diversité et corequérante du financement de cette campagne auprès du Fonds Helios. Il s’agit de sensibiliser la communauté universitaire aux enjeux du handicap, mais aussi d’établir un état des lieux des obstacles rencontrés sur le campus par les étudiant-es en situation de handicap et de proposer des recommandations pour rendre l’Université plus inclusive. Enfin, ce sera également l’occasion d’évaluer l’impact des outils de sensibilisation et d’intervention mis en place.» Ce projet est le fruit d’une collaboration entre l’UNIGE, l’Université de Strasbourg et la Fondation Foyer-Handicap. En plus de stands d’information dans le hall d’Uni Mail, une série d’ateliers de mise en situation permettra au public de comprendre les difficultés rencontrées au quotidien par ces étudiant-es. Des interventions auront également lieu dans plusieurs cours, avec la distribution de matériel simulant certaines déficiences: bouchons dans les oreilles, patchs sur les yeux, élastiques pour paralyser les mains, diapositives transformées pour reproduire la dyslexie, etc. Par ailleurs, le 6 avril, un hackathon permettra aux étudiant-es concerné-es d’émettre des pistes d’action et des solutions innovantes pour améliorer les conditions d’études.
Garantir un environnement inclusif
Dans le sillage de la signature de la Charte suisse de la diversité au travail en 2018, un groupe de travail, chargé de garantir un environnement de recherche, de travail et d’étude inclusif, s’est constitué à l’UNIGE, composé de membres de différentes structures administratives. «Les avancées dans le domaine se sont faites au cas par cas, explique Olivia Och, pilote du groupe de travail et chargée de projet au Service égalité & diversité. Le Service STEPS et la DIBAT œuvrent pour mettre en place les aménagements nécessaires répondant à la norme SIA 500 ‘Construction sans obstacles’.» La rénovation du site des Bastions a permis d’installer un ascenseur réservé aux personnes à mobilité réduite et d’ajouter des toilettes adaptées aux besoins des personnes handicapées. Les déménagements prévus à Uni Dufour seront, quant à eux, l’occasion de mettre aux normes la rampe permettant de franchir les volées de marches de l’entrée. Les ajustements se font aussi en fonction de besoins spécifiques, comme l’adaptation de la hauteur d’un plan de travail d’un laboratoire ou l’aménagement d’un logement étudiant pour une personne en fauteuil.
L’information sur l’accessibilité des bâtiments et des salles a également été améliorée et des plans indiquent les places de parking réservées, ainsi que les ascenseurs et sanitaires accessibles. L’ensemble des projets menés sont regroupés sur une page web. «Une démarche coopérative a été engagée dans le cadre de ce groupe de travail, détaille Olivia Och, impliquant plusieurs divisions et services: DIBAT, DIFE, DIRH, SED, STEPS. Les principales phases de travail définies par ce comité de pilotage sont la sécurité et la santé, l’accès aux services et aux prestations, l’information et la sensibilisation de la communauté.»
Visibiliser le handicap
Spécialiste du parcours éducatif et professionnel des personnes paraplégiques dans le groupe de recherche G-RIRE (Genre – Rapports intersectionnels et relation éducative) à la Section des sciences de l’éducation, Elena Pont signale toutefois certains manques: «Si l’Université est physiquement très accessible dans son ensemble, avec des entrées dégagées, des ascenseurs suffisamment grands, des toilettes adaptées et des places de parking réservées, la signalétique fait défaut, invisibilisant de ce fait les personnes en situation de handicap au sein de la communauté.» La spécialiste a également constaté qu’il manquait des équipements spécifiques pour les enseignant-es. «Comme si ces derniers et dernières ne pouvaient pas être en fauteuil, être sourd-es ou mal-voyant-es, ajoute la spécialiste. Le handicap étant habituellement associé au rôle d’apprenant-e, les aménagements sont prévus uniquement à l’intention des étudiant-es.»
La spécialiste prône donc un effort significatif dans la signalétique et la mise à disposition de l’information. Elle prend pour exemple la place de parking réservée aux handicapé-es au sous-sol d’Uni Dufour, protégée par une barrière. «Il n’y a aucune information indiquant aux personnes concernées comment accéder à cette place qui leur est pourtant réservée. Installer une signalétique à chaque endroit où cela est pertinent permettrait de montrer que les personnes handicapées existent dans le monde universitaire, même si leur incapacité n’est pas apparente. Rendre visible la réalité de ce groupe de personnes dans les murs du campus, c’est déjà une manière d’être plus inclusif.»