Vitrail de l'Escalade

Jean-Henri Demole, exécution atelier Kirsch et Fleckner

1904 (posé en 1905)

Genève, temple de Saint-Gervais, chapelle de l’Escalade

Verre teint dans la masse, grisaille, plomb

Coup d’essai réussi d’un débutant, Jean-Henri Demole (1879-1930) connu surtout pour son activité d’émailleur, le vitrail de l’Escalade fut identifié immédiatement comme une œuvre inaugurale, « le seul vitrail digne de nom que nous possédions à Genève » (La Patrie suisse, 1905). Alexandre Cingria, qui devint une dizaine d’années plus tard le chef de file du renouveau de l’art sacré en Suisse romande, salua dès 1908 cette réalisation exceptionnelle dans ses Entretiens de la villa du Rouet tout en critiquant avec véhémence la restauration contemporaine du temple de Saint-Gervais pour lequel elle avait été conçue.
L’œuvre est, depuis, réputée être le premier vitrail « moderne » suisse, une affirmation qui serait à nuancer.
Sa « modernité » réside à la fois dans son iconographie, ses références et sa réalisation technique. Le vitrail est une tentative de faire naître un art protestant original, alors quasi inexistant dans la cité de Calvin, qui n’adapterait pas simplement des modèles historicistes mais emprunterait ses thèmes à la tradition patriotique et religieuse locale. Renonçant à toute sentimentalité néo-médiévale et romantique, ses formes s’inspirent des représentations guerrières de Ferdinand Hodler, notamment des fresques très controversées du Musée national suisse de Zurich. La collaboration avec l’artisan s’avéra enfin décisive. Vincent Kirsch, qui était alors en charge de l’exécution des verrières de l’église Saint-Nicolas de Fribourg créées à partir de 1895 par le Polonais Józef Mehoffer, incita le jeune Demole à modifier son projet pour intégrer les innovations les plus marquantes du vitrail Art Nouveau.

Illustrations:
- En haut : vitrail de l’Escalade, état 2006 (photo Matthias Thomann, Inventaire des monuments d’art et d’histoire du canton de Genève - DCTI)
- En bas : Jean-Henri Demole, carton en couleur pour la partie principale du vitrail de l’Escalade, mine de plomb, pastel sec, fusain, gouache sur papier épais, 1903 (Genève, Musée d’art et d’histoire, inv. BA 2005-28-2, photo Bettina Jaquot-Descombes)

Nicolas Schätti