Méthodes et problèmes

L'autobiographie

Natacha Allet et Laurent Jenny, © 2005
Dpt de Français moderne – Université de Genève

I.1. Autobiographie et fiction

L'autobiographie non seulement l'emporte quantitativement sur les autres genres, mais elle tend aussi à les contaminer. De fait, on évalue désormais tout roman à l'aune de sa relation à l'autobiographie. Il semble qu'une fiction gagne un surcroît d'intérêt à pouvoir être envisagée comme une autobiographie déguisée, qu'elle acquière de la sorte un crédit de vérité et, corrélativement, un crédit de valeur. Le lecteur actuel paraît ainsi reprendre à son compte, mais sous une forme naïve et caricaturale, une interrogation qui hante la littérature moderne: Quelle est la nature des rapports qui existent entre le sujet écrivant et le texte écrit? Qu'il se trouve face à un roman ou à un poème, il cherche invariablement (et symptomatiquement) à en extraire la valeur autobiographique.

Dans un ouvrage important intitulé Le pacte autobiographique, Philippe Lejeune fait remarquer que les lecteurs ne sont cependant pas seuls responsables de cette attitude interprétative; les écrivains l'ont d'après lui vivement encouragée, en brouillant délibérément les frontières entre les genres.

Edition: Ambroise Barras, 2005