Méthodes et problèmes

Histoire de la lecture

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

I.3.1. Lente démocratisation du livre imprimé

Au début le livre imprimé se modèle étroitement sur le manuscrit mais vers 1520-1540, il trouve sa physionomie propre. Le livre imprimé a une page de titre et des caractères standardisés. Il est le plus souvent de grand format (in quarto, c'est-à-dire une feuille pliée 2 fois, d'à peu près 30 sur 40 cm). Il est posé sur un lutrin et imprimé en gros caractères pour pouvoir être lu de loin et collectivement.

Mais le moindre coût et la rapidité de production créa un marché plus important de gens qui pouvaient s'offrir des exemplaires à lire en privé, et qui n'avaient donc plus besoin de livres en grands caractères et formants, de sorte que les successeurs de Gutenberg commencèrent peu à peu à fabriquer des volumes plus petits, qu'on pouvait mettre dans sa poche.

Manguel 1996, 167

Ainsi l'éditeur humaniste italien Manuce (Aldo Manuzio), en 1501 commence à imprimer pour une clientèle privée des livres au format in octavo, dépourvus d'annotations et de gloses, mais nantis d'un nouveau caractère, l'italique, élégant et lisible.

On assiste donc à une privatisation progressive du livre. Avec l'avènement de la culture bourgeoise les livres deviennent de moins en moins épais, le format in octavo, le format in-douze et même le très fin format in-seize s'imposent comme les formats préférés des amateurs de littérature. Le livre se démocratise avec l'apparition au XIXe siècle de livres reliés en toile et non plus en cuir, puis au XXe siècle avec le livre de poche.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004