Méthodes et problèmes

Histoire de la lecture

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

II.3. Pratique collective

Jusqu'à l'invention de l'imprimerie, cependant, peu de gens savent lire et la manière la plus fréquente d'accéder aux livres est d'entendre un texte récité. Dans les cours et dans les maisons bourgeoises, on lit des livres à haute voix afin de se distraire ou de s'instruire. Les parents lettrés font la lecture à leurs enfants.

Au XVIIe siècle les lectures publiques à haute voix sont très courantes. On en a un témoignage vivant dans le Don Quichotte de Cervantès. Un débat oppose le curé parti à la recherche de Don Quichotte, et qui a brûlé tous les livres de chevalerie qui lui ont dérangé l'esprit et l'aubergiste qui a accueilli Don Quichotte. L'aubergiste défend la lecture:

Dans le temps de la moisson, quantité de travailleurs viennent se réunir ici les jours de fête, et parmi eux il s'en trouve toujours un qui sait lire, et celui-là prend un de ces livres à la main et nous nous mettons plus de trente autour de lui, et nous restons à l'écouter avec tant de plaisir qu'il nous ôte plus de mille cheveux blancs.

cité par Manguel 1996, 148

Durant ces lectures très festives, tout le monde est libre d'interrompre le récit et de faire des commentaires. Ces lectures collectives ou familiales se prolongeront, sous des formes diverses jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004