Méthodes et problèmes

La mise en scène du discours

Jean-Pierre van Elslande, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Neuchâtel

I.2. Les premiers traités de rhétorique: d'Aristote à Quintilien

Le traité publié par Corax portait avant tout sur les propriétés persuasives du discours oral, prononcé devant un tribunal. Mais dès le IVe siècle avant J-C, Aristote étend au discours écrit la réflexion sur les propriétés persuasives de la parole dans un traité fondateur intitulé La Rhétorique.

Dans La Rhétorique sont notamment examinés les effets psychologiques produits par la parole sur ses destinataires, les attitudes à adopter vis-à-vis de son auditoire, les effets de style, les structures de raisonnement susceptibles de donner au langage sa force de persuasion.

Aristote insiste aussi sur le caractère transdisciplinaire de la rhétorique. Celle-ci constitue une technique applicable à tous les domaines où s'impose, à un titre ou à un autre, la nécessité de persuader.

Au Ier siècle avant J-C., Cicéron aborde à son tour la rhétorique, notamment dans deux traités: le De Oratore et l'Orator. Il y réfléchit sur sa pratique d'avocat et l'usage qu'il fait de la parole dans le cadre de cette pratique.

Dans le De Oratore comme dans l'Orator, Cicéron attribue à la rhétorique un rôle central dans la vie du citoyen romain. Celui-ci est en effet appelé à s'exprimer efficacement en matière politique, juridique ou économique. Quel que soit le sujet abordé au forum, autrement dit sur la place publique, le citoyen romain parfait doit donc toujours pouvoir exprimer son point de vue et, autant que possible, le faire partager aux autres. La rhétorique lui donne précisément les moyens de s'exprimer efficacement.

Enfin, au Ier siècle après J-C., Quintilien systématise les apports de ses prédécesseurs dans un ouvrage intitulé L'Institution oratoire.

L'Institution oratoire est une vaste synthèse en forme de traité d'éducation qui place l'apprentissage de la technique rhétorique au cœur de la formation de l'individu. La rhétorique y est envisagée à la fois dans sa dimension technique et dans ses rapports avec l'ensemble de la culture, notamment avec la philosophie et la morale. À bien des égards, L'Institution oratoire apparaît comme une somme du savoir rhétorique de l'Antiquité classique.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004