Méthodes et problèmes

La mise en scène du discours

Jean-Pierre van Elslande, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Neuchâtel

II.3.4. Actio et memoria ou l'animation du discours

Si aujourd'hui la rhétorique est souvent réduite à l'étude de quelques figures (elocutio) et à l'examen éventuel du plan du discours (dipositio), il ne faut pourtant pas oublier qu'elle a longtemps débouché sur une véritable performance physique.

S'il veut être efficace, l'orateur classique doit en effet appuyer les effets de son discours par des mimiques et des gestes, ainsi que par une prononciation soigneusement étudiée. À cet effet, tout le corps de l'orateur est mis à contribution pour rendre sensible le message du discours.

En quoi il est très proche de l'acteur qui doit rendre le texte qu'il joue, afin que son personnage soit convaincant.

Cette opération rhétorique constitue l'actio, terme qui souligne bien la parenté entre l'art rhétorique et l'art théâtral.

L'orateur classique doit donc aussi apprendre son discours par cœur à l'aide de moyens mnémotechniques, tout comme l'acteur doit savoir son rôle par cœur avant de se produire sur scène. C'est l'opération rhétorique appelée memoria.

L'actio et la memoria font de la personne toute entière de l'orateur un véritable spectacle.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004