Projets en cours

Histoire suisse

solidarités plurielles : représentations, discours et pratiques autour d’un concept « universel » (1975-1985)
SITE DU PROJET (FR/en)

Équipe de recherche:
Responsable: Prof. Irène Herrmann (Unige)
Collaborateur/trice: François Courvoisier (FNS), Renata Latala (FNS)

Projet FNS (novembre 2019 - octobre 2023)
Autour de 1980, la solidarité est partout. Elle donne son nom au syndicat polonais Solidarnosc, qualifie des prérogatives garanties par une charte inter-étatique africaine et désigne même une nouvelle génération de droits humains, tout en restant l’une des composantes notables de la politique étrangère soviétique. Que signifie cette effervescence subite ? Est-elle purement fortuite? Cette recherche postule que l’analyse de la solidarité, telle qu’elle s’exprime dans les représentations, le discours et les pratiques durant la décennie 1975-1985, permet d’apporter un éclairage nouveau sur le dénouement de la guerre froide. Mieux encore, elle encourage à enrichir notre réflexion sur l’imaginaire du vivre ensemble aujourd’hui.

Inscrit dans une dimension historique, ce projet propose d’explorer sur trois niveaux d’analyse le concept de solidarité et le rôle des pratiques solidaires dans le dénouement du conflit Est-Ouest. Un premier axe sera consacré à l’examen au niveau micro-historique du lien qu’entretiennent des représentants de la société civile, individus ou ONGs, à la solidarité discrétionnaire, en décryptant l’écho qu’a eu Solidarnosc en Suisse, pays à forte tradition humanitaire. Le deuxième axe se situera sur un plan plus gouvernemental et interétatique, à travers l’analyse de la Chartre africaine (dite aussi Charte de Banjul). Il s’agit alors de sonder les répercussions du mot d’ordre de solidarité qui, aux marges du binôme Est-Ouest, revêt une connotation équitable. Enfin, un dernier axe démêlera les enjeux internationaux d’une solidarité égalitaire, scrutée à travers ses (més)usages discursifs et axiologiques à l’ONU. La solidarité se présente ainsi comme un angle d’approche privilégié pour éclairer des pans encore peu explorés – influences bottom up, impact des espoirs africains et démarche conceptuelle - de la fin de la guerre froide.

Les trois axes du projet utilisent et combinent les méthodes usuelles sur la base d’importantes archives, dont plusieurs sont inédites : archives des syndicats en Suisse et documents de la Délégation de Solidarnosc (en Suisse et en Pologne), archives des organisations internationales, archives russes, ainsi qu’archives africaines (Commission de l’union Africaine, de la fondation Kéba Mbaye) – presque jamais consultées jusque-là. Enfin, le projet profitera de la proximité chronologique du thème abordé pour privilégier les méthodes de l’histoire orale.
Cette étude cherche, d’une part, à combler un vide historiographique, en proposant une nouvelle lecture de la guerre froide sur une période de dix années plutôt délaissées jusqu’ici par les chercheurs. Car, si le concept de solidarité fait l’objet de plusieurs études, il n’a jamais été examiné dans le contexte pluriel abordé ici, qui conjugue la fin du conflit Est-Ouest avec une perspective décentrée – africaine et est-européenne – en lien avec les droits humains. D’autre part, ce projet vise à vulgariser la recherche scientifique et à promouvoir le dialogue avec la cité, par le biais d’une exposition et d’un cycle de séminaires ouverts au grand public. Cela permettra de répondre à la curiosité du public pour l’histoire du temps présent et susciter l’intérêt pour l’histoire orale.


 

Vivre au temps des bouleversements écologiques et se les représenter : la perception du paysage helvétique et la sensibilité à l’environnement naturel à travers les ego-documents, 1750-1830

Sous la direction d’Andreas Würgler et de Simona Boscani Leoni (Université de Lausanne), M. Nicolas de Félice consacre son projet de thèse à la perception de l’environnement et à la sensibilité à l’égard du milieu naturel en Suisse entre 1750 et 1830, en ayant pour sources principales les ego-documents.

Ce projet de thèse se situe au carrefour de l’histoire environnementale, l’histoire des sensibilités et l’histoire des représentations. En étudiant les écrits du for privé comme les journaux intimes, les correspondances épistolaires ou annales familiales, réunis sous l’appellation d’ego-documents, le but de ce travail est d’analyser comment les hommes et les femmes de la fin de l’époque moderne percevaient leur environnement naturel.

Connue pour ses paysages alpins et lacustres, la Suisse au XVIIIème siècle inspire de nombreux écrivains et peintres. Ces derniers font montre d’un grand intérêt pour la nature et ses beautés, comme en atteste l’apparition des courants artistiques romantiques. Dans le même temps, les débuts de la révolution industrielle modifient le paysage naturel dans les campagnes et la vie quotidienne en milieu urbain.

Les mentalités et les façons d’appréhender l’espace environnant suivent-elles les mutations paysagères à l’œuvre entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle ? Les progrès des sciences de la terre et des savoirs techniques contribuent-ils à transformer les perceptions à l’égard de la nature et de ses ressources ?

En prenant pour cadre la Confédération helvétique dans toute sa diversité (linguistique, confessionnelle, socio-professionnelle), ce projet de thèse invite à s’interroger sur la manière dont les hommes conçoivent leur environnement à une époque donnée et comment ils réagissent aux bouleversements écologiques qui marquent leur existence.