[651] La matrice extracellulaire
La matrice extracellulaire (ECM) est continuellement renouvelée et dégradée selon un processus finement régulé. Les fibroblastes sont les cellules principalement impliquées dans ce processus. La fibrose résulte d'un déséquilibre de la synthèse et dégradation normale de l'ECM. Les mécanismes qui aboutissent à la fibrose ne sont compris que de façon incomplète. Un infiltrat inflammatoire, principalement composé de cellules mononucléées, précède virtuellement tout processus aboutissant à une fibrose. De plus, il a été observé que les fibroblastes adjacents aux cellules inflammatoires ont une synthèse de ECM plus élevée. On peut donc émettre l'hypothèse que les cellules inflammatoires, et tout particulièrement les lymphocytes T, peuvent initier ou amplifier ou peut être aussi inhiber les processus fibrotiques en modulant l’activité synthétique des fibroblastes. Pour tester ces hypothèses, nos études portent essentiellement sur l'étude des cellules inflammatoires et surtout des lymphocytes T en raison de leur capacité de moduler la déposition d'ECM par les fibroblastes. La pathologie humaine qui nous sert de modèle est la sclérodermie systémique (SSc), caractérisée par une fibrose étendue de la peau et des organes internes et par une pathogénie auto-immune. Nous avons développé un modèle in vitro qui nous permet d'étudier les relations dynamiques entre fibroblastes et lymphocytes T autologues générés à partir de tissus en voie de fibrose ou de tissus normaux. Les résultats démontrent que les lymphocytes T ont la capacité, par contact direct avec les fibroblastes, de modifier la synthèse de composantes de l'ECM ainsi que des enzymes députés à sa dégradation. Les réponses des fibroblastes sont extrêmement hétérogènes et dépendent de leur origine et du phénotype fonctionnel des lymphocytes T (Th1, Th2, Th17, Th22). Les fibroblastes sclérodermiques sont tout particulièrement résistants à l'inhibition par contact. Les mécanismes impliqués dans cette réponse déréglée aux signaux d'inhibition sont en train d'êtres investigués. Un grand intérêt est dédié aux chemokines pour leur capacité de recruter des cellules inflammatoires, de modifier la réponse immunitaire adaptative et leur capacité de réguler la déposition d'ECM. Enfin, grâce à un travail effectué en collaboration avec autres, nous avons identifié des auto-anticorps qui reconnaissent spécifiquement les fibroblastes et capables d'activer quelques-unes de leurs fonctions pro-inflammatoires.
Par ailleurs notre laboratoire participe au programme européen dénommé PRECISESADS qui a pour but de re-classifier sur des bases génétiques, protéomiques, phénotypiques les maladies autoimmunes systémiques comme le lupus érythémateux systémique (LES), la SSc et d’autres. Finalement nous faisons partie du groupe suisse d’étude du LES dénommé SSCS (Swiss SLE Cohort Study).
Le but de nos études est d'identifier des cibles moléculaires susceptibles d'être objet de nouvelles interventions thérapeutiques pour enrayer, voir reverser, la fibrose et cela particulièrement dans le contexte de pathologies auto-immunes.
Le laboratoire se trouve dans le local : E06.2755.A