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L’addiction aux jeux vidéo reconnue comme maladie mentale par l’OMS

L’OMS a officiellement reconnu les troubles liés aux jeux vidéo et aux jeux d’argent comme addiction dans la nouvelle révision de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes.

Le 25 mai 2019, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté la onzième révision de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM-11). Deux changements majeurs dans le champ de la santé mentale sont à relever : le jeu d’argent pathologique (gambling disorder) comme le jeu vidéo pathologique (gaming disorder) sont reconnus pour la première fois comme un trouble de santé. Ils intègrent tous deux la catégorie nouvellement créée des « comportements addictifs ». Cette introduction majeure découle d’un long travail de consultation et de coopération internationales entamé en 2014, notamment par le biais du Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la recherche et la formation en santé mentale, hébergé à l’Université de Genève (UNIGE). L’addiction aux jeux vidéo étant maintenant reconnue comme trouble de santé, les spécialistes, dont le Centre collaborateur de l’UNIGE, vont pouvoir poser les jalons des actions internationales à venir, comme le développement de standards de dépistage et de diagnostic et la mise sur pied d’actions de prévention et de formation adaptées. 

 «On change ici de paradigme dans le champ des addictions, qui se définissent désormais bien au-delà de la consommation d’une drogue », souligne Sophia Achab coordinatrice de  la section « Addiction » du Centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale de l’UNIGE, médecin adjointe agrégée aux HUG, et responsable de la consultation spécialisée dans les addictions comportementales ReConnecte. Elle fait partie d’une vingtaine d’experts mondiaux sélectionnés par l’OMS pour travailler sur le thème des enjeux de santé publique liés aux comportements addictifs résultant de l’usage d’Internet, des jeux vidéo et des jeux d’argent. Un article illustrant ces enjeux pour le Gaming disorder vient de paraître dans le journal de référence en santé publique, le Bulletin de l’OMS.

Une inclusion dans le répertoire des maladies qui répond à une demande
Depuis les années 1990, les demandes d’aide liées aux addictions comportementales se sont multipliées et sont devenues un véritable enjeu de santé publique – dépression, anxiété, troubles du sommeil, décrochage scolaire et isolement social étant les symptômes associés à une addiction aux jeux vidéo par exemple. Afin de pouvoir répondre à ces demandes, qui émanent tant des individus en souffrance que de leur entourage ou des professionnels de la santé, de rares structures se sont développées dans le monde, comme la Consultation spécialisée dans les addictions comportementales des HUG ReConnecte (ancien Programme NANT), pionnière en Suisse depuis 2007 et qui a déjà traité plus de 400 patients pour des troubles liés à Internet et aux jeux vidéo.  « Sur le plan international, il n’existait pas encore d’uniformité dans la collecte et le traitement des données cliniques et épidémiologiques sur ces troubles », relève Sophia Achab. « Cette reconnaissance et la proposition de critères précis pour définir ces troubles est d’une importance capitale, car cela va nous permettre de parler le même langage au niveau international. Nous allons pouvoir définir une problématique clinique claire et commune, œuvrer pour les stratégies de prévention et former les professionnels de la santé sur ces nouveaux troubles de l’addiction sans substance », s’enthousiasme la chercheuse genevoise.

Cette collaboration continue avec l’OMS contribue également à poser les jalons des actions internationales à venir, comme le développement de standards de dépistage et de diagnostic de ces troubles, deux projets dans lesquels la Dre Achab est actuellement engagée. Ils permettront d’offrir des repères aux professionnels de la santé dans le monde pour une bonne prise en charge des patients, et aux décideurs de développer des actions de prévention et de formation adaptées. « C’est avant tout une bonne nouvelle pour les patients, dont la souffrance est enfin reconnue » conclut-elle.

7 juin 2019

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