27 janvier 2022 - Alexandra Charvet

 

Vie de l'UNIGE

Lutter contre le sexisme s’apprend dans les auditoires

Suite à une enquête sur le sexisme et le harcèlement sexuel en milieu clinique, un cours de prévention a été introduit dans le cursus des étudiant-es de la Faculté de médecine.

 

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Imaginé en collaboration avec un groupe d’improvisation théâtrale, le nouvel enseignement met en scène des acteurs/trices dans cinq scénarios conçus sur la base de témoignages réels. Photo: DR

 

«Non, mais vous pouvez vous déshabiller»: voilà l’une des phrases que l’on a pu lire l’an dernier sur les murs de la Faculté de médecine lors d’une campagne de sensibilisation lancée par CLASH-Genève, le collectif de lutte contre les attitudes sexistes en milieu hospitalier. Cette phrase, c’est ce que s’était entendu répondre une stagiaire qui demandait à son chef si elle pouvait revêtir une tenue chirurgicale pour assister à une opération. Un cas mis en lumière par une enquête menée par des étudiantes en médecine humaine afin de connaître l’ampleur du phénomène de harcèlement sexuel et de sexisme au cours des études de médecine.

Les résultats avaient montré que les futur-es médecins y sont encore trop fréquemment confronté-es, en tant que victimes ou témoins, en particulier lors de leurs stages en milieu hospitalier. La démarche avait permis, tant à l’UNIGE qu’aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), de mesurer l’étendue du problème et de renforcer leurs actions de protection. Ainsi, après une première campagne de sensibilisation, il a été proposé de dispenser un cours spécifique, en 4e année de médecine, afin d’aborder la thématique. «Ce n’est pas tolérable que le harcèlement fasse partie des expériences d’apprentissage de nos étudiant-es, s’indigne Dre Nadia Bajwa, membre de l’Unité de développement et de recherche en éducation médicale (UDREM) et du Groupe médecine, genre & équité de la Faculté. C’est pourquoi il est important de les sensibiliser afin qu’ils et elles ne soient pas simplement victimes, mais qu’ils et elles puissent réagir à ce type de situation en étant muni-es d’outils et de ressources.»

 

Des ateliers de deux heures ont ainsi été imaginés, en collaboration avec le groupe d’improvisation théâtrale genevois Impro Impact. Étudiante en dernière année de médecine et cofondatrice de CLASH-Genève, Pauline Hämmerli précise: «Cinq scénarios ont été imaginés sur la base des témoignages reçus pendant l’enquête et ont été joués par des acteurs/trices. Les étudiant-es ont ensuite été invité-es à discuter en groupe afin d’identifier ce qui est problématique et de proposer des solutions. Ces dernières ont été reprises dans un deuxième temps par les acteurs/trices qui rejouaient les scènes. Notre but était de montrer qu’il n’y a pas une solution unique, nous avons donc élaboré des pistes. Le fait que les étudiant-es construisent leurs propres réactions leur permet ensuite de mieux se protéger et de mieux protéger les autres.»

Les objectifs de ce nouvel enseignement, qui sera reconduit l’année prochaine, étaient notamment de permettre l’identification et l’analyse de situations problématiques, de rappeler le cadre légal et de faire réaliser l’importance d’agir aussi bien en tant que victime qu’en tant que témoin. «Les scènes jouées montrent différents degrés d’agression, précise Lygia Pavitt, membre d’Impro Impact. Ça commence par des petites phrases dont on n’est pas sûr qu’elles soient problématiques. Nous cherchons à montrer que la victime a le droit de dire quelque chose tout de suite.»

Des cours similaires pourraient être implémentés dans d’autres facultés ou pour d’autres corps de métier aux HUG. «Le sexisme est malheureusement une thématique universelle, constate Pauline Hämmerli. Les scénarios devront être réadaptés en fonction de chaque milieu, d’où l’importance d’identifier des personnes motivées dans chaque structure afin de construire l’enseignement avec leur propre réalité.»

Soutenu par l’Association des étudiant-es en médecine de Genève (AEMG), CLASH-Genève a pour principale préoccupation d’établir un point de contact facilement accessible pour les étudiant-es afin d’offrir une oreille attentive et un soutien aux victimes et témoins de sexisme ou de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail ou de formation. Le collectif propose notamment une hotline téléphonique (079 553 04 92). Un formulaire et une adresse mail sont également à disposition pour faire part de son vécu.

 

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