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La recherche sur l’inflammation se dote d’un Centre facultaire


Depuis quelques années, la Faculté de médecine soutient la formation de centres facultaires visant à réunir au sein d’un réseau d’expertise les chercheurs et les chercheuses travaillant sur une thématique commune. Renforcer les liens entre les équipes cliniques et fondamentales permet en effet, en favorisant l’émergence d’une médecine translationnelle forte, d’accélérer le développement de nouvelles stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Après le diabète et le cancer, le dernier-né, le Centre de recherche de Genève sur l’inflammation, ou GCIR selon son acronyme anglais (Geneva Centre for Inflammation Research), a vu le jour fin 2020.

Si l’inflammation fait l’objet d’importantes activités de recherche et d’enseignement à Genève, ce centre permettra de mutualiser les ressources, de favoriser les collaborations pluridisciplinaires et d’offrir aux médecins une formation de pointe. «L’approche interdisciplinaire et translationnelle du GCIR, qui est composé d’équipes spécialisées dans différents domaines de la recherche sur l’inflammation, offre un environnement idéal pour favoriser le progrès des connaissances biomédicales et offrir aux malades l’espoir de nouveaux traitements pour une meilleure qualité de vie», souligne Cem Gabay, doyen de la Faculté de médecine et membre du GCIR en tant que spécialiste de la polyarthrite rhumatoïde. «De plus, le GCIR constituera une interface très utile entre les mondes académique et industriel, un chaînon essentiel du développement et de la mise sur le marché de nouveaux dispositifs médicaux.»

Un réseau fort pour de larges expertises

Le GCIR rassemble à ce jour 27 groupes de recherche issus de 7 départements de médecine fondamentale ou clinique de la Faculté de médecine, et compte plus d’une centaine de scientifiques. Cette expertise, combinée à l’infrastructure existante et à la collaboration avec les HUG, permettra à terme au GCIR de devenir une référence nationale et internationale dans le domaine de l’inflammation. Doron Merkler, professeur ordinaire, spécialiste de la sclérose en plaques et de l’inflammation du cerveau, assume la fonction de coordinateur, avec le soutien d’un Comité de gestion composé de la professeure Stéphanie Hugues (régulation des lymphocytes T) et des professeurs Christoph Scheiermann (rythmes cellulaires et système immunitaire), Mirco Schmolke (infections virales et modulations du microbiote) et Jean Villard (immunologie et transplantation).

Le GCIR se concentre pour le moment sur trois thématiques principales : le dysfonctionnement immunitaire, comme dans le cas des maladies chroniques auto-immunes et inflammatoires ; la réponse de l’hôte aux pathogènes pour mieux comprendre comment notre système immunitaire lutte contre les infections bactériennes et virales ; et enfin la migration, la localisation et la maturation cellulaires, soit comment les cellules immunitaires arrivent à maturité puis se déplacent pour atteindre leur lieu d’intervention. «Dans le domaine très vaste de l’inflammation, l’expertise, à la fois clinique et en recherche fondamentale, est importante à Genève», explique Doron Merkler. «Il s’agit d’ailleurs depuis plusieurs années d’un axe prioritaire de recherche pour la Faculté de médecine. Il manquait néanmoins une structure permettant une mise en réseau de nos connaissances afin de mieux nous coordonner, mieux nous connaître et mieux nous faire connaître.»

Structurer et rendre visible la recherche

«L’impulsion vient à l’origine des chercheurs et des chercheuses, disséminées dans plusieurs départements localisés au Centre médical universitaire (CMU) ou aux HUG», indique Mirco Schmolke. «L’idée était vraiment de nous structurer pour augmenter notre visibilité, ainsi que pour promouvoir les collaborations, les synergies dans les recherches et une meilleure coordination des différents enseignements dans le domaine.» Le travail en réseau du GCIR permettra en effet de stimuler les collaborations et de renforcer les interactions entre les chercheurs et les chercheuses, toutes spécialités confondues, dans un esprit translationnel. Cette dynamique permettra ainsi de développer des projets pluridisciplinaires, de créer un esprit de communauté et de faciliter la mise en place d’événements en faveur de la communauté scientifique. Le rayonnement national et international qu’acquerra le GCIR créera aussi un environnement attractif pour les jeunes talents. «En créant une masse critique sur une thématique commune, nous pouvons proposer des projets communs qui renforceront notre visibilité et les financements qui vont avec», ajoute Mirco Schmolke.

Si d’autres centres thématiques existent, la structure très transversale et translationnelle du GCIR est unique dans le domaine de l’inflammation. Sa valeur ajoutée réside dans la diversité des expertises et des axes de recherche proposés dans le domaine large de l’inflammation. Élargir les champs de recherche permettra sans nul doute de faire émerger des collaborations et des recherches plus innovantes.

Un symposium et des journées d’information en 2022?

Né il y a à peine quelques mois, le GCIR bénéficie déjà d’une belle reconnaissance. «C’est très stimulant, même si la situation sanitaire mondiale limite par la force des choses les activités que nous aurions voulu organiser», regrette Christoph Scheiermann. «Nous espérons néanmoins pouvoir organiser un symposium inaugural d’ici au début de l’année 2022.» Un tel événement permettra en effet de créer des interactions entre les spécialistes de l’inflammation, aux niveaux national et international, mais aussi de convier des personnes venant de secteurs complètement différents pour donner un éclairage différent, sur les questions de valorisation industrielle par exemple, ou encore sur le potentiel intérêt des bailleurs de fonds. «La création d’un Advisory Board nous aidera aussi dans nos réflexions et sur le futur que nous pouvons envisager pour notre Centre, qui dépendra aussi des financements que nous pourrons sécuriser», relève Doron Merkler.

Le Comité de gestion planche également sur des projets d’enseignement et de formation, de même que sur des activités d’ouverture à la Cité, au travers de conférences, d’ateliers ou de journées de découverte des laboratoires. «En tant que scientifiques, l’ouverture vers le grand public et vers les personnes affectées par des troubles de l’immunité nous paraît essentielle. Faire connaître nos travaux et expliquer nos découvertes fait partie des missions qui nous tiennent à cœur», conclut Stéphanie Hugues.