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De la science au yoga, et retour

Zeynep est actuellement doctorante dans le groupe de Camille Piguet où elle travaille sur le projet Mindfulteen. Après une licence en biologie moléculaire et génétique à Istanbul et une expérience de recherche en neurosciences à New York avec le professeur Bruce McEwen, elle comprend que le travail avec les animaux n’est pas pour elle. Zeynep rentre alors en Turquie et obtient une maîtrise en génétique des plantes.

«Je deviens professeure de yoga.»

Elle y pratique dès lors le yoga pendant 10 ans, devient professeure de yoga, donne des cours à des milliers de personnes en Turquie, et forme beaucoup de futur-es professeur-es. Cette pratique lui a aussi permis de faire de nombreuses observations, comme le fait que le yoga n’est pas seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit. Il facilite la concentration, rend une personne plus consciente et aide les gens à mieux fonctionner au quotidien en général. Tout cela ravive la curiosité scientifique de Zeynep et son envie d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’esprit.

«La pleine conscience, technique utilisée dans le projet de recherche Mindfulteen, est une pratique ancienne, étudiée en sciences depuis les années 1970», explique-t-elle. «En tant que praticienne et professeure de yoga à Istanbul, je n’ai jamais utilisé ce terme. Pourtant, nous pratiquions et parlions de conscience, de porter l’attention sur les sens, d’écouter, d’observer les pensées au fur et à mesure qu’elles arrivent…»

Retour à la science

À la recherche d’opportunités en Europe, Zeynep rejoint un programme de master à Genève (UNIGE) où elle décroche un diplôme en neurosciences, sous la direction du professeur Patrik Vuilleumier. Quand elle obtient, à l’âge de 40 ans, un poste de doctorante pour explorer le fonctionnement de l’esprit dans l’étude Mindfulteen, c’est comme un rêve devenu réalité.

L’étude Mindfulteen examine les bienfaits potentiels de la pleine conscience, une pratique qui consiste à porter l’attention sur le moment présent sans jugement, sur la gestion du stress chez les jeunes âgé-es de 13 à 15 ans. Les changements dans le cerveau induits par la pratique de la pleine conscience sont suivis à l’aide de données physiologiques, d’imagerie par résonance magnétique, de marqueurs biologiques et de questionnaires sur l’anxiété et le stress.

Dans le cadre de sa recherche doctorale, Zeynep prévoit de comparer les données avant et après l’intervention de la formation à la pleine conscience. Actuellement, elle analyse les données avant. Pour cela, elle rencontre tous-tes les participant-es, sans savoir s’il s’agit du groupe qui sera formé à la pleine conscience ou du groupe témoin.

Le yoga, une pratique hebdomadaire

À Genève, Zeynep continue de pratiquer le yoga. Elle anime une séance par semaine et organise chaque année, sur sept week-ends, une formation pour les professeur-es. «La pratique hebdomadaire équivaut pour moi à une méditation d’une heure», dit-elle. «Le fait d’être en contact avec les gens contribue à mon équilibre.»
Zeynep reste en lien avec des praticien-nes de yoga en Turquie et ailleurs grâce à sa chaîne YouTube (plus de 13 000 suiveur-ses) et à son compte Instagram (plus de 5000 suiveur-ses). Ces canaux sont dédiés à la pratique du yoga, mais elle y parle aussi de ses activités scientifiques. Elle y reçoit souvent des questions sur la carrière scientifique de la part de jeunes femmes, «je leur réponds sans hésiter avec des mots d’encouragement», dit-elle avec enthousiasme. ● par PH

17 janv. 2021

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