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Nathalie Ginovart: La recherche translationelle par l’imagerie

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Nathalie Ginovart utilise l’imagerie cérébrale comme outil de recherche pour investir les troubles mentaux et comme moyen pour réunir les univers de la clinique et du fondamental.

Nathalie Ginovart a débuté ses études par la biologie, les a poursuivies avec une maitrise en pharmacologie, puis un Diplôme d’études avancées (DEA) sur les systèmes biologiques intégrés. C’est là que son intérêt pour le cerveau s’est développé : « J’ai été exposée à des recherches passionnantes sur l’épilepsie, la dépression et la schizophrénie. J’ai vite eu la volonté me plonger dans les neurosciences pour mieux comprendre les mécanismes cérébraux impliqués dans ces maladies, car à cette époque le cerveau me semblait être une boite noire peu accessible. », confie-t-elle. Une riche formation et un intérêt prononcé pour le cerveau l’ont donc amenée à effectuer un doctorat en neurosciences à l’Université de Lyon, en France.

Une biologiste en clinique

Déjà, la jeune doctorante qu’elle était se rendait compte de la difficulté de la recherche translationelle : « Il y avait des problèmes de dialogue : la plupart des chercheurs fondamentaux ne connaissent pas les enjeux de la recherche clinique et la plupart des cliniciens n’avaient ni le temps, ni la formation, ni les ressources pour s’aventurer dans la recherche fondamentale ! », indique-t-elle. Elle précise avoir toujours été intéressée par la recherche en neuropsychiatrique, puisqu’elle est une application concrète de la recherche fondamentale. C’est pourquoi elle décide de se former aux neurosciences cliniques à l’Institut Karolinska en Suède dans le cadre de son stage postdoctoral qui lui a également permis d’apprendre la tomographie par émission de positron (PET).
Elle est ensuite rappelée sur les lieux de son doctorat pour « faire le lien entre clinique et recherche fondamentale », précise-t-elle. Elle postule ensuite au Center for Addiction and Mental Health à l’Université de Toronto qui recherchait son profil pour, une nouvelle fois, faire l’interface entre les deux mondes. Elle y restera plus de 5 ans en tant que Professeure assistante avant de rejoindre le Département de Psychiatrie de la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Basée sur le site de Belle-Idée du Département de psychiatrie des Hôpitaux Universitaire de Genève, elle y développe des modèles animaux pour l’imagerie PET afin de compléter les domaines cliniques qui l’entourent exclusivement. Elle adopte une approche multidisciplinaire pour développer des tests comportementaux et des approches chemogénétiques sur des modèles animaux. Concrètement, « des études cliniques chez l’homme sont menées en parallèle et c’est l’imagerie PET qui assure le lien translationnel avec l’animal. », dit-elle.

Une approche translationelle pour comprendre l’addiction

Son objectif de recherche est de mieux comprendre les facteurs de prédisposition au développement de l’addiction et de déterminer leurs mécanismes neurochimiques ainsi que les circuits neuronaux impliqués. L’impulsivité, la prise de décision risquée et la recherche de nouveauté sont des traits prépondérants chez les personnes souffrant d’addiction. « Par exemple, des déficits en récepteurs dopaminergiques sont corrélés à de forts niveaux d’impulsivité, mais nous ne savons pas si ces facteurs préexistent à l’abus de drogue ou si ce sont des anormalités consécutives à l’exposition répétitive à ces dernières. », indique la chercheuse. Elle conduit donc des recherches sur une souche de rat (RHA/RLA) utilisée comme modèle de vulnérabilité à l’addiction en s’aidant des observations faites chez l’homme.
Nathalie Ginnovart et son équipe investissent également des questions d’ordre clinique, comme la recherche des facteurs environnementaux qui pourraient révéler des comportements pathologiques chez des individus prédisposés. Elle étudie l’effet environnemental précoce : « les personnes souffrant d’addiction ont tendance à avoir vécu dans un environnement social bas, ont souffert d’abus ou ont été confrontées au comportement négligeant des parents pendant leur jeunesse. On pense que cela augmente la vulnérabilité et l’inverse est vrai ». Grâce à la collaboration des psychiatres de son département, des études cliniques sont en cours chez des patients souffrants d’addiction au cannabis ou d’addiction au jeu en ligne. « Notre but est d’extraire les facteurs de prédispositions et les anomalies cérébrales potentielles communes à ces deux types d’addiction et de les dissocier de ceux de la prise de drogue ».

L’ouverture au réseau

Depuis 2019, le laboratoire de Nathalie Ginovart est co-affilié et a déménagé au Département des neurosciences fondamentales de l’Université de Genève. Une promesse d’ouverture au réseau des neurosciences lémanique et plus particulièrement genevois. « Je m’en réjouis, car c’est une opportunité pour moi et mon staff d’interagir plus intimement avec les neuroscientifiques à travers des séminaires et autres événements du département », indique la chercheuse. Nathalie Ginovart se réjouit d’ailleurs de son rapprochement avec Synapsy puisqu’il lui donnera plus de visibilité, l’aidera à être informée des avancées récentes et à développer des collaborations de recherche. ●

 

9 sept. 2019

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