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Un psychologue dans une équipe de recherche clinique

Ryan Murray mesure la réactivité du cerveau au stress psychosocial dans le cadre du WP#5 de Synapsy. Il parle de ses projets et de son rôle de psychologue au sein d’un groupe de recherche clinique.

Après avoir étudié la psychologie et mené des projets de recherche pendant dix ans à Genève, Ryan décroche un Master en neurosciences, un Bachelor et un master en psychologie à l’Université de Genève (UNIGE). Il obtient son doctorat en psychologie en 2018 pour son travail sur la cartographie des corrélats neuronaux du traitement des émotions effectué au Centre interfacultaire en sciences affectives (CISA) de l’UNIGE. Aujourd’hui, Ryan est postdoctorant dans l’équipe de Camille Piguet à l’UNIGE/HUG. Son rôle consiste à recueillir et analyser les données d’IRMf de patient-es et de sujets sains souffrant de stress psychosocial.

À la recherche de marqueurs de vulnérabilité

Le sujet de recherche de Ryan Murray ambitionne de visionner la réponse cérébrale lors de tâches génératrices de stress. Pour ce faire, le chercheur utilise une technique basée sur une version modifiée de la méthode MIST (cf. encadré), un moyen de provoquer un stress psychologique léger, mais perceptible lorsque des patient-es effectuent une IRM. À ce jour, la méthode a été appliquée chez plus de 200 sujetsdes contrôles sains, des patient-es atteint-es de troubles bipolaires, TDAH et borderline.

Les premiers résultats chez des sujets sains ont récemment fait l’objet d’une publication (Murray et al. Journal of Affective Disorders, 2020). Ils montrent l’influence significative d’une régulation émotionnelle mal adaptée sur l’activité cérébrale dans les régions associées à l’autorégulation et à la gestion du stress. Le prochain article portera très probablement sur les patient-es borderline et bipolaires, et plus particulièrement leurs enfants puisque l’hypothèse de travail de Ryan Murray considère que les descendant-es des patients psychiatriques présentent une réactivité au stress et une dysrégulation émotionnelle accrues. Dans ce cadre, des schémas neuronaux altérés au cours de la méthode MIST constitueraient des marqueurs de vulnérabilité.

Les recherches menées par l’équipe de Camille Piguet renforcent l’intérêt que Ryan porte depuis longtemps au stress psychologique chez les enfants et les adolescent-es. L’équipe interprète actuellement les résultats obtenus à ce jour, leurs conséquences cliniques, leurs liens avec différents types de troubles de l’humeur, et des options cliniques pour les traiter ou les prévenir, telles que la pratique de la méditation en pleine conscience.

Le rôle de l’opérateur IRM

Ryan est un opérateur IRM certifié. Il peut donc saisir des données en lien avec un nombre illimité d’investigations. Son rôle est avant tout de saisir des données IRM fiables, tant structurelles que fonctionnelles, pendant l’exécution de tâches spécifiques. Ryan explique que même si les opérateurs-trices ne sont pas des neurologues, et ne posent donc pas de diagnostic, ils/elles connaissent extrêmement bien le cerveau. Ils/elles ont la responsabilité d’en examiner les images et de signaler toute anomalie observée. Comme ils/elles ont vu les IRM de centaines de cerveaux, ils/elles sont donc plus à même de déceler des caractéristiques ou anormalités importantes. ● par PH

Une mauvaise régulation des émotions peut être visualisée grâce à l’imagerie cérébrale IRM. Sur cette image de cerveau humain, la réponse neurale d’une personne saine après une épreuve de stress psychosocial est visible en rouge.  ©Murray/Piguet

Une mauvaise régulation des émotions peut être visualisée grâce à l’imagerie cérébrale IRM. Sur cette image de cerveau humain, la réponse neurale d’une personne saine après une épreuve de stress psychosocial est visible en rouge.  ©Murray/Piguet

Méthode MIST (Tâche de stress par imagerie de Montréal)

Pour provoquer un stress, les sujets doivent effectuer cinq séries d’opérations arithmétiques de difficultés variables avec des contraintes de temps. Entre les séries, ils/elles reçoivent un retour négatif ou neutre sur les résultats de leurs calculs et sur là où ils/elles se situent par rapport à leurs pairs de manière totalement fictive.

L’équipe de recherche de Camille Piguet a introduit deux innovations à la méthode. La première est une période de repos de 90 secondes permettant d’observer la récupération neurale au stress. La deuxième consiste à ajouter un retour positif en considérant qu’il peut être une source de stress chez les personnes mal à l’aise avec les compliments ou celles apeurées par les attentes à venir.

17 janv. 2021

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