Catalogue des batraciens du canton de NeuchĂątel (1913) a đ
Depuis plusieurs annĂ©es, le club des Amis de la Nature sâĂ©tait donnĂ© comme tĂąche de dresser le catalogue des Batraciens du canton de NeuchĂątel. Ce travail, commencĂ© sous les auspices de feu M. le Dr Paul Godet, a subi le sort des travaux entrepris en commun : il a durĂ© longtemps, il a Ă©tĂ© abandonnĂ©, puis repris. Nous rĂ©digeons aujourdâhui toutes les observations quâont rĂ©unies nos prĂ©dĂ©cesseurs et qui se trouvent aux archives de notre club. Une autre source a Ă©tĂ© la collection locale du MusĂ©e de NeuchĂątel, rĂ©unie en grande partie par des Amis de la Nature. En outre, M. Maurice Tripet a fait jadis une Ă©tude sur lâerpĂ©tologie du canton, mĂ©moire manuscrit actuellement conservĂ© aux Archives de lâĂtat. Nous y avons fait quelques emprunts au sujet de la distribution gĂ©ographique des espĂšces. Un autre travail, Ă©galement manuscrit, de M. P. Biolley sur les UrodĂšles neuchĂątelois, longtemps conservĂ© aux archives du Club jurassien, est aujourdâhui perdu. Il nâest plus connu que par les extraits quâen ont faits les auteurs que nous avons consultĂ©s.
Mais notre source la plus importante a Ă©tĂ© un catalogue des batraciens neuchĂątelois Ă©laborĂ© par notre regrettĂ© maĂźtre, M. P. Godet, travail qui a Ă©tĂ© reproduit Ă quelques exemplaires, en 1901, et dont deux ont Ă©tĂ© conservĂ©s aux archives de notre club. Lâun en particulier a Ă©tĂ© considĂ©rablement annotĂ© par nos prĂ©dĂ©cesseurs et nous nâavons pu mieux faire que de publier ces documents en y ajoutant le produit de nos recherches personnelles.
Bibliographieđ
1885. Biolley, W. Nos tritons. Rameau de sapin, vol. 19, pp. 25-28 et 33-36 (2 planches de M. Tripet).
1867. Delachaux, L. Le Crapaud accoucheur. Ram. sap., pp. 18-19.
1902. Dubois, A. Les Gorges de lâAreuse et le Creux du Van. NeuchĂątel (Batraciens, p. 167).
1872. Fatio, V. Faune des vertébrés de la Suisse. Vol. III. Histoire naturelle des Reptiles et des Batraciens. GenÚve.
1901. Godet, P. Indications sur la Classe des Amphibiens. NeuchĂątel.
1879. Junod, H. Le triton lobé. Ram. sap., vol. 12, pp. 31-32 et 35-36.
1877. Rougemont, Ph. de. Communication sur le Triton lobatus. Bull. Soc. neuch. sc. nat., vol. II, p. 490.
1878. Tripet, M. Les Reptiles et Batraciens du canton de NeuchĂątel. (PrĂ©sentĂ© au Club jurassien le 29 octobre 1878.) Archives de lâĂtat, Ă NeuchĂątel.
1882. Tripet, M. et Biolley, P. Répartition des Batraciens dans le canton de Neuchùtel. Ram. sap., vol. 16, p. 17.
[Catalogue]đ
Classe Batrachia
Ord. I. Anura
Fam. RanidÊ
Gen. Rana L.
1. Rana esculenta L.
Rana esculenta, Fatio, 1872, pp. 312-319.
Rana esculenta, Tripet, 1878, ms.
Rana esculenta, Tripet et Biolley, 1882, p. 17
Rana esculenta, Godet, 1901, p. 1-2, fig. 1.
Rana esculenta, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : Bord du lac entre Monruz et Marin (Godet leg.). Souaillon (Humbert leg.). Loclat (Tripet et Biolley). PrĂ©fargier (Jeannet leg.), le long du Mousson (Humbert leg.). Grand Marais (Godet leg.). La Sauge (Tripet leg.). Pied du Vully, Cudrefin, tous les marais des bords sud du lac, Port-Alban, etc., (Piaget leg.). Cressier (Tripet et Biolley). Cornaux (Godet leg.). Hauterive (Humbert leg.). Colombier (Tripet 1878 et Leuba leg. 1910). Cortaillod (Coll. loc.).
Val-de-Ruz : Borcarderie, erratique (Tripet leg.).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Dubois).
Montagnes : Le Locle (Jeannet leg)??
Distribution verticale. â Ces quelques stations montrent que la Rana esculenla ne sâĂ©lĂšve guĂšre chez nous quâĂ 600-800 m. Ce rĂ©sultat concorde avec les observations que Payot 1 a faites aux environs du Mont-Blanc oĂč cette espĂšce aurait Ă©galement 800 m de limite supĂ©rieure. Cependant, si la localitĂ© observĂ©e par M. Jeannet se vĂ©rifie dâune maniĂšre constante, cela Ă©lĂšverait cette limite Ă 920 m. Fatio, du reste, affirme que la grenouille verte est parfois recueillie au-dessus de 1100 m, mais on sait combien certaines vallĂ©es bien exposĂ©es du Valais ont un climat plus chaud que nos montagnes neuchĂąteloises. Des exemples nombreux nous sont offerts par les mollusques, ainsi la Tachea nemoralis extrĂȘmement rare au-dessus de 900 m dans le Jura neuchĂątelois, en atteint 1200 dans la vallĂ©e de LoĂšche. Le Buliminus detritus spĂ©cial chez nous au pied du Jura est commun dans une station de 1700 m au Val dâHĂ©rens, etc., etc. La distribution hypsomĂ©trique restreinte de la Rana esculenta au canton de NeuchĂątel devient donc assez naturelle.
Cette espĂšce, presque caractĂ©ristique de la rĂ©gion infĂ©rieure, est aussi passablement plus aquatique que la R. temporaria. Elle sâĂ©loigne trĂšs rarement des Ă©tangs et des marais et, comme il est naturel, elle affectionne les endroits chauds. Elle est rare dans les eaux courantes.
2. Rana temporaria L.
Rana temporaria, Fatio, 1872, pp. 321-333.
Rana temporaria, Tripet, 1878, ms.
Rana temporaria, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Rana temporaria, Godet, 1901, pp. 2-3, f. 2.
Rana temporaria, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : Mares de Saint-Blaise (Tripet leg.). Loclat, Marin, Epagnier, Grand Marais et Bords du lac (Godet leg.). Jolimont et environs, Cressier, Saint-Jean, Landeron (Piaget leg.). Colombier (J. Leuba leg.). Marais de LigniĂšres (Renaud leg.).
Val-de-Ruz : Chaumont (leg. Tripet), entre Valangin et Coffrane (Mentha leg.).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Tripet leg.). CĂŽte-aux-FĂ©es (Juvet leg.). Creux du Van (Dubois).
VallĂ©e des Ponts (coll. loc.) : Ătangs prĂšs des Ponts (Humbert leg.).
Montagnes : Brévine, Chaux-du-Milieu, environs du Locle (Humbert leg.). Bois secs de La Chaux-de-Fonds (leg. Tripet). Pouillerel, Col des Roches.
Distribution verticale. â Comme on le voit, cette espĂšce sĂ©journe facilement chez nous jusquâĂ 1100 m, mais dans ses pĂ©rĂ©grinations elle atteint jusquâĂ 1450-1500 m environ. Elle pourrait difficilement dans notre canton sâĂ©lever plus haut, mais dans les Alpes elle vit jusquâĂ 2000-2300 m et vagabonde encore Ă 2500, mais cela varie naturellement dâun canton Ă lâautre. Ainsi Lehmann, dans sa thĂšse sur le Sigriswylgrat, ne mentionne-t-il cette espĂšce que jusquâĂ 1625 m, alors quâun mollusque aquatique, la Physa fontinalis qui nâatteint chez nous que 600-620 m au plus, a Ă©tĂ© recueilli dans ce massif jusquâĂ 1825 m. Payot de son cĂŽtĂ© limite la Rana temporaria Ă 2000 m.
Remarque. â Cette espĂšce est beaucoup moins aquatique que la Rana esculenta, elle quitte lâeau aprĂšs la ponte pour parcourir les campagnes, les pĂąturages des montagnes, ou mĂȘme les forĂȘts, comme lâa observĂ© M. Tripet aux environs de La Chaux-de-Fonds. Câest peut-ĂȘtre Ă cette particularitĂ© quâil faut attribuer sa trĂšs grande variabilitĂ© et mĂȘme son abondance dans les districts moyens et supĂ©rieurs. En effet, les habitudes terrestres que cette espĂšce a peu Ă peu acquises lâont entraĂźnĂ©e dans des conditions dâexistence trĂšs dissemblables et bien diffĂ©rentes de son ancienne biologie trĂšs uniforme. Câest ce fait qui aura produit la variabilitĂ© de la Rana temporaria, bien plus considĂ©rable que chez la R. esculenta, car cette derniĂšre est restĂ©e trĂšs aquatique. Dâautre part, ces mĂȘmes habitudes terrestres auront peu Ă peu aguerri la grenouille rousse Ă supporter les difficultĂ©s vitales rĂ©sultant de la diversitĂ© des conditions, de la sĂ©cheresse, du froid, etc., ce qui lui a naturellement permis de se rĂ©pandre largement un peu partout, jusquâĂ de grandes hauteurs. DâoĂč, chez nous, des distributions horizontale et verticale considĂ©rables, occupant les six districts, de 450 Ă 1500 m.
Quant aux variations, on trouve chez nous abondamment les var. acutirostris, Fatio. Godet, loc. cit., p. 3. Environs de Neuchùtel (coll. loc.), etc., etc.
Var. obtusi rostris Fatio (Godet loc. cit.). Câest la variĂ©tĂ© la plus commune, rĂ©pandue avec le type et se subdivisant elle-mĂȘme en mutations de couleurs flaviventris Millet, rubriventris et viridis Fatio.
Fam. AlytidÊ
Gen. Alytes Wgl.
3. Alytes obstetricans Laur.
Alytes obstetricans, Fatio, 1872, pp. 358-365.
Alytes obstetricans, Delachaux, 1867, pp. 18-19.
Alytes obstetricans, Tripet, 1878, ms.
Alytes obstetricans, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Alytes obstetricans, Godet, 1901, p. 4, f. 3.
Alytes obstetricans, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : Ecluse (L. Delachaux, Godet leg.). MarniĂšre dâHauterive (Delachaux, Godet, Tripet et Biolley), ancienne patinoire du Mail (Jeannet 1900, Godet 1901, E. Marchand, Humbert 1906, Juvet 1907), dans les forĂȘts du Mail (aprĂšs le dessĂšchement de lâĂ©tang : J. Leuba leg.). Pertuis du Sault (leg. Merveilleux). Maujobia (Tripet et Biolley), vignes des environs de NeuchĂątel, grĂšves du lac (Tripet leg.).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Dubois). VerriĂšres, dans la molasse marine (Ls Delachaux), environs des VerriĂšres (Tripet leg.).
Vallée des Ponts : Marais des Ponts (Jeannet et Grezet leg.).
Montagnes : Chaux-de-Fonds.
Distribution verticale : On sait que dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale lâAlytes obstetricans ne sâĂ©lĂšve jamais trĂšs haut. Payot dans son travail sur les environs du Mont-Blanc ne donne mĂȘme que 700 m comme limite supĂ©rieure Ă cette espĂšce. Ce chiffre est cependant Ă©videmment trop faible car Fatio cite comme altitude maximale le voisinage de la Weggis Alp (Oberland bernois) Ă plus de 1500 m. Cette limite est rĂ©pĂ©tĂ©e par Bretscher dans son article du Dictionnaire gĂ©ographique de la Suisse sur la faune alpestre. Chez nous, comme on lâa vu, le crapaud accoucheur ne semble pas dĂ©passer 1000-1100 m.
On pourrait comparer cette distribution Ă celle de plusieurs mollusques, les Hyalina depressa et cellaria, lâEulota fruticum, les Vallonia costata et helvetica, la Succinea oblonga, etc., etc., qui chez nous ne dĂ©passent pas une certaine limite, 1000-1100 m environ, bien que les conditions du sol ne les y forcent pas, et qui dans les Alpes atteignent suivant les espĂšces 1400 Ă 1800 m.
Fam. BombinatoridÊ
Gen. Bombinator Merrem.
4. Bombinator igneus Laur.
Bombinator igneus, Fatio, 1872, pp. 368-374.
Bombinator igneus, Tripet, 1878, Ms.
Bombinator igneus, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Bombinator igneus, Godet, 1901, p. 5, fig. 4.
Bombinator igneus, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â Cette espĂšce est extrĂȘmement commune dans tout le canton ; M. Humbert croit mĂȘme que câest le batracien le plus rĂ©pandu dans le vignoble, mais M. Tripet ne fait aucune distinction sur son abondance dans les six districts. Il y a pourtant une restriction Ă faire au point de vue hypsomĂ©trique, que nous verrons tantĂŽt. Nous nous bornons Ă citer quelques stations plus particuliĂšrement relevĂ©es :
RĂ©gion infĂ©rieure : Souaillon, Mail, MarniĂšre dâHauterive (leg. Humbert). Hauterive, Saint-Blaise, Auvernier, Colombier, mares entre le tramway et le lac (leg. Mentha et Leuba). Landeron (Jeannet leg.)
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Dubois).
Montagnes : Col des Roches (leg. Jeannet), etc., etc.
Distribution verticale. â MalgrĂ© son abondance dans les rĂ©gions infĂ©rieures, cette espĂšce ne semble pas dĂ©passer dans les Alpes une certaine limite assez basse, que Payot et Fatio ont fixĂ©e Ă 1200 m. Ainsi que nous lâavons vu pour la Rana esculenta, il est probable que ce fait est en rapport avec la biologie plutĂŽt aquatique du sonneur. On peut mĂȘme voir une relation entre les variations de cette habitude, plus profonde chez la grenouille verte qui nâatteint que 800 m, et moins absolue chez le Bombinator qui sâĂ©lĂšve un peu plus haut.
Chez nous, le sonneur igné ne dépasse que de peu 1000 m. Cette distribution trouve son parallÚle malacologique chez les Tachea hortensis et surtout nemoralis, les Planorbis marginatus, carinatus, contortus et en général la plupart de nos espÚces aquatiques.
Fam. BufonidÊ
Gen. Bufo Laur.
5. Bufo (Phryne) vulgaris Laur.
Bufo vulgaris, Fatio, 1872, pp. 387-402.
Bufo vulgaris, Tripet, 1878, ms.
Bufo vulgaris, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Bufo vulgaris, Godet, 1901, pp. 5-6, fig. 5.
Bufo vulgaris, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â EspĂšce trĂšs commune dans tout le canton. RĂ©gion infĂ©rieure : NeuchĂątel (Faubourg du CrĂȘt : leg. Godet). Pierre Ă Bot (Tripet et Biolley). Roche de lâErmitage (Humbert leg.). Landeron, Auvernier, Colombier (Leuba leg.). Prise Imer (leg. Jeannet). Serroue (Leuba leg.). Grand Marais, Jolimont (leg. Piaget).
Val-de-Ruz : TrĂšs rĂ©pandu, environs de Valangin (leg. Mentha). Chaumont, Hauts-Geneveys, flancs de TĂȘte de Ran, tout le thalweg jusquâĂ Dombresson et dans le vallon de PĂąquier (leg. Piaget).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Dubois), dans les plantations dâabsinthe (Jeannet leg.). VerriĂšres (leg. Piaget). Longeaigue (Juvet leg.).
Vallée des Ponts : Dans les tourbiÚres et les marais (leg. Jeannet).
Montagnes : VallĂ©e de la BrĂ©vine, tourbiĂšres, environ du lac dâEtaillĂšres (leg. Piaget). Au-dessus du Locle (leg. Humbert). Col des Roches (Jeannet leg.).
Distribution verticale. â De nouveau nous pouvons remarquer le rapport entre les habitudes terrestres du crapaud commun et les grandes altitudes quâil peut atteindre. Fatio lâa observĂ© jusquâĂ 2100 m aux Grisons, mais sans atteindre partout ces hauteurs le Bufo vulgaris est commun encore entre 1700 et 1900 m. Lehmann le mentionne Ă 1825 m au Sigriswylgrat et lâun de nous lâa recueilli dans de semblables conditions Ă lâextrĂ©mitĂ© du Val dâHĂ©rens, dans la combe dâArolla. Il est dâautre part bien curieux que Payot ne donne que 1200 m comme limite supĂ©rieure Ă cette espĂšce, car ce maximum est tout au plus celui de notre Jura, encore quâil est souvent dĂ©passĂ© accidentellement par des individus errant dans les pĂąturages (1300-1500 m).
Contrairement Ă certains autres batraciens, le Crapaud commun nâa une distribution hypsomĂ©trique limitĂ©e dans le Jura que par les conditions biologiques du sol et non par le climat. On peut comparer ceci Ă la rĂ©partition altitudinaire des LimnĂŠa peregra, truncatula, des Pisidium pusillum, fossarinum et des Arianta qui ne sâarrĂȘtent dans le Jura que par la force des choses, pour atteindre 2200-2700 m dans nos Alpes. Du reste, comme il est naturel, cette distribution est passablement modifiĂ©e suivant lâexposition, les versants, la direction de la vallĂ©e, etc.
6. Bufo (Rubeta) calamita Laur.
Bufo calamita, Fatio, 1872, pp. 402-410.
Bufo calamita, Tripet, 1878, ms.
Bufo calamita, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Bufo calamita, Godet, 1901, pp. 6-7, fig. 6.
Bufo calamita, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : Mail (Tripet et Biolley) (Humbert leg.). Fahys (Jeannet leg.). Pierre Ă Bot (leg. Tripet). Neuveville (leg. Jeannet). Pied du Vully (leg. Piaget).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Dubois).
Distribution verticale. â Cette espĂšce atteint sans doute chez nous 1000-1100 m. â Sa rĂ©partition hypsomĂ©trique prĂ©sente en Suisse une trĂšs curieuse particularitĂ©, dans le fait que sa limite supĂ©rieure est suivant Fatio de 1000 m dans les Alpes et de 1200 m dans le Jura. Cela sâexplique difficilement et trouve son parallĂšle dans la distribution de deux mollusques, la Fruticicola rufescens et lâHelicodonta obvoluta. Mais le premier est assez rare dans les Alpes et le second est remplacĂ© Ă 1300-1400 m par lâHelicodonta holoserica, quâon nâa rencontrĂ© quâune fois dans le Jura.
Fam. HylidÊ
Gen. Hyla Lam.
7. Hyla viridis L.
Hyla viridis, Fatio, 1872, pp. 423-431.
Hyla viridis, Tripet, 1878, ms.
Hyla viridis, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Hyla viridis, Godet, 1901, pp. 7-8, fig. 7.
Hyla viridis, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : Environs de NeuchĂątel (p. ex. pente nord du Mail : Godet leg.). Monruz, Hauterive (Tripet et Biolley). PrĂ©fargier, Pointe de Marin, Souaillon (Jeannet et Humbert leg.). Grand Marais (leg. Tripet). Colombier (J. Leuba leg.). Prise Imer (leg. Jeannet).
Val-de-Ruz : Landeyeux (leg. J. Béguin).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Tripet et Dubois).
Vallée des Ponts : Environs des Ponts (Jeannet et Grezet leg.).
Montagnes : Valanvron (leg. Tripet).
Distribution verticale. â Bretscher dans le Dictionnaire gĂ©ographique de la Suisse dit que la Rainette verte est une raretĂ© dans les Alpes ; Payot en effet ne donne que 600 m comme limite supĂ©rieure Ă cette espĂšce. Fatio, sans insister particuliĂšrement, la dit rare au-dessus de 900 Ă 1000 m. Le maximum de 1100 Ă 1200 m quâon observe dans notre Jura prend donc un certain intĂ©rĂȘt et prĂ©sente un fait semblable Ă celui que nous venons de voir pour lâespĂšce prĂ©cĂ©dente.
Ord. II. Urodelia
Fam. SalamandridÊ
Gen. Salamandra WĂŒrff.
8. Salamandra maculosa Laur.
Salamandra maculosa, Fatio, 1872, pp. 491-498.
Salamandra maculosa, Tripet, 1878, ms.
Salamandra maculosa, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Salamandra maculosa, Godet, 1901, pp. 8-9, fig. 8.
Salamandra maculosa, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : NeuchĂątel : derriĂšre lâAcadĂ©mie, au sud du CollĂšge latin (leg. Godet). Saint-Nicolas (leg. Corswant). Jardins des PoudriĂšres (Piaget leg.). Vauseyon (Tripet et Biolley). Route des Parcs (leg. Jeannet). Pierre Ă Bot, Loclat (Tripet leg.). MarniĂšre dâHauterive (Godet leg.).
Val-de-Ruz : Boudevilliers, Savaux, Brens, abondante Ă TĂȘte de Ran (leg. BĂ©guin). Canaux de drainage (Humbert leg.).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse et environs, Ă©tang du Merdasson, Rochefert, Brot (Dubois).
Montagnes : Biaufond.
Distribution verticale. â Cette espĂšce a une rĂ©partition altitudinaire intĂ©ressante car câest le seul de nos Batraciens qui soit normalement remplacĂ© par une espĂšce voisine, Ă partir dâune certaine limite hypsomĂ©trique. Câest ainsi que dans les Alpes, Ă partir de 1250 mĂštres environ (Fatio) la Sal. maculosa fait dĂ©faut 2 et laisse la place Ă la Sal. atra, qui du reste descend un peu plus bas. Dans le Jura oĂč la derniĂšre espĂšce ne vit pas, si ce nâest dans une seule station Ă Saint-Cergues, il sera curieux de suivre la Sal. maculosa sur les sommets. Au canton de NeuchĂątel, la limite paraĂźt ĂȘtre de 1400 m environ (p. ex. TĂȘte de Ran), bien que cette rĂ©gion du Jura soit beaucoup plus froide et exposĂ©e que les Alpes, Ă mĂȘme altitude. Ceci sâexplique sans doute par le manque de concurrence et il se peut que ce soit la biologie identique exerçant par consĂ©quent une certaine rivalitĂ©, qui empĂȘche dans les Alpes la distribution en hauteur de la Sal. maculosa. Nous trouvons chez les mollusques des exemples analogues : Patula rotundata trĂšs rare au Valais en-dessus de 1300-1400 m et remplacĂ©e dĂšs cette limite par la Pat. ruderata tandis que dans le Jura oĂč cette derniĂšre est fort peu rĂ©pandue, la P. rotundata atteint 1500-1600 m. De mĂȘme pour les Helicodonta obvoluta et holoserica et dans une certaine mesure pour les LimnĂŠa ovula et peregra.
Fam. TritonidÊ
Gen. Triton Laur.
9. Triton (Alethotriton) cristatus Laur.
Triton cristatus, Fatio, 1872, pp. 520-531.
Triton cristatus, Tripet, 1878, ms.
Triton cristatus, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Triton cristatus, Biolley, 1885, p. 25.
Triton cristatus, Godet, 1901, p. 10, fig. 9.
Triton cristatus, Dubois, 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : Cressier (Humbert leg.). Hauterive (Tripet leg.). Mares de Souaillon (moins commun actuellement. On y trouve deux variĂ©tĂ©s, lâune Ă ventre jaune avec taches noires, lâautre Ă ventre orange), pentes de Chaumont (Tripet leg.). Colombier (Tripet, J. Leuba leg.). Peseux (Tripet leg.). Auvernier (Biolley). Serroue (Leuba leg.). Prise Imer (Jeannet leg.).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse (Dubois).
Distribution verticale. â MalgrĂ© Payot, qui donne 1500 m Ă cette espĂšce comme limite altitudinaire, Fatio ne la connaĂźt pas en Suisse au-dessus de 1000 ou rarement 1200 m. Dans notre canton, le Triton cristatus est mĂȘme rare Ă 1000 m (on lâaurait signalĂ© aux environs de La Chaux-de-Fonds mais nous nâavons pu vĂ©rifier) et les stations signalĂ©es ne sâĂ©lĂšvent guĂšre au-dessus de 800-900 m.
10. Triton (Hemitriton) alpestris Laur.
Triton alpestris, Fatio, 1872, pp. 541-555, pl. III.
Triton alpestris, Tripet, 1878, ms.
Triton alpestris, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Triton alpestris, Biolley, 1885, p. 25.
Triton alpestris, Godet, 1901, p. 11, fig. 10.
Triton alpestris, Dubois 1902, p. 167.
Distribution horizontale. â RĂ©gion inferieure : Cudrefin, Jolimont, Saint-Jean, Bethlehem (Piaget leg.). Cressier, Le Landeron, Souaillon, LigniĂšres (Jeannet leg.). MarniĂšre dâHauterive, Pierre Ă Bot (Godet leg.). Auvernier (BĂ©guin leg.). Colombier, Serroue (Leuba leg.). Merdasson (Renaud leg.).
Val-de-Ruz : Bonneville, bords du Seyon (G. de Montmollin leg.). Mares du CrĂȘt de Coffrane (BĂ©guin leg.). Hauts-Geneveys (Tripet). TĂȘte de Ran (Piaget leg.). Nods (leg. Renaud).
Vallée des Ponts : Dans tous les marais (Renaud).
Val-de-Travers : Gorges de lâAreuse et Perreux (Dubois). Couvet, CĂŽte-aux-FĂ©es, VerriĂšres, entre la Ferme Robert et les Ćillons (Godet).
Montagnes : Crosettes, les TaillÚres, La Brévine, Crozot (Humbert leg.). Chaux-de-Fonds, Vallanvron, Le Locle, cÎté sud des Montperreux, Col des Roches, Pouillerel, Sagnottes, etc.
Distribution verticale. â Ce triton, qui a dans les Alpes la plus vaste distribution hypsomĂ©trique (Mont Blanc : 2000 m, Alpes suisses : 2500 m), est limitĂ© dans notre canton Ă 1400-1500 m.
11. Triton (Lissotriton) palmatus (Schneid.)
Triton palmatus, Fatio, 1872, pp. 570-581, pl. IV.
Triton palmatus, Tripet, 1878, ms.
Triton palmatus, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Triton palmatus, Biolley, 1885, p. 25.
Triton palmatus, Godet, 1901, p. 11-12, fig. 12.
Distribution horizontale. â RĂ©gion infĂ©rieure : Grand Marais (Tripet leg.). PrĂ©fargier (leg. Godet). Hauterive, Cressier (Humbert leg.). Souaillon, (Humbert et Jeannet leg.). Pierre Ă Bot (leg. Godet). Colombier, Serroue (Leuba leg.). Prise Imer (Jeannet leg.).
Val-de-Ruz : Bonneville (leg. G. de Montmollin).
Val-de-Travers : CÎte-aux-Fées (John Leuba leg. 1906).
Distribution verticale. â Ce triton est avec le suivant celui qui semble sâĂ©lever le moins haut dans nos rĂ©gions. Payot ne le signale que jusquâĂ 800 m aux environs du Mont-Blanc alors quâil donne 1500 m pour limite au T. cristatus. Fatio mentionne le palmatus jusquâĂ 850 m environ. Les faits prĂ©sentĂ©s par notre canton prennent donc un certain intĂ©rĂȘt, puisque cette espĂšce a Ă©tĂ© trouvĂ©e jusquâĂ 600 m (pentes de Chaumont), 700 m (Bonneville) et mĂȘme 1040 m Ă la CĂŽte aux FĂ©es, dâaprĂšs les observations exactes que M. Leuba a faites en 1906.
12. Triton (Lissotriton) lobatus Otth.
Triton lobatus, Fatio, 1872, pp. 557-570, pl. IV.
Triton lobatus, Junod, 1879, pp. 31-32 et 35-36.
Triton lobatus, de Rougemont, 1877, p. 490.
Triton lobatus, Tripet et Biolley, 1882, p. 17.
Triton lobatus, Biolley, 1885, p. 25.
Triton lobatus, Godet, 1901, pp. 11-12, fig. 11.
Distribution. â Mares entre Cornaux et Cressier Ă une altitude dâenviron 460 m. On lâa signalĂ© prĂšs de Berne, dans le Jura vaudois, aux environs de BĂąle ainsi quâau sud des Alpes.
Il est bien difficile de tirer des conclusions du petit catalogue que nous venons dâĂ©laborer. En effet, notre canton est lui-mĂȘme dâune surface trĂšs restreinte et dâune uniformitĂ© trĂšs grande, en comparaison de certaines contrĂ©es alpines ou autres. Ensuite ce nâest pas avec quelques espĂšces seulement que lâon peut conclure grand-chose, surtout quand ces espĂšces ont pour la plupart des distributions trĂšs Ă©tendues dans les environs. Cependant essayons de tirer quelques grandes lignes.
Nous possĂ©dons jusquâĂ prĂ©sent 12 Batraciens, soit sept Anoures et cinq UrodĂšles, appartenant Ă sept genres et Ă sept familles, largement distribuĂ©s dans toute lâEurope. Cela reprĂ©sente environ les 4/5 de ce quâon a signalĂ© en Suisse.
Parmi ces espĂšces, on peut faire quelques distinctions au sujet de la distribution gĂ©ographique, mais les diffĂ©rentes rĂ©gions du canton ainsi Ă©tablies ne seront ni aussi nombreuses ni aussi bien tranchĂ©es quâen se basant sur la rĂ©partition des mollusques. Dans ce dernier cas, il est facile dâĂ©tablir une rĂ©gion infĂ©rieure, comprenant tout le pourtour du lac, les plaines dâalluvions et le Plateau, une rĂ©gion du vignoble et des collines sĂšches, une rĂ©gion des forĂȘts, avec quelques Ăźlots arcto alpins dans les hauteurs (Creux du Van, PouĂ«ta Raisse, Sainte-Croix, etc.) et enfin une rĂ©gion des pĂąturages et des sommets.
Pour les Batraciens, tout au plus si nous pouvons considĂ©rer trois zones, infĂ©rieure, des vallĂ©es et des montagnes. Et mĂȘme, la zone infĂ©rieure sera la seule qui puisse ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par une ou plusieurs espĂšces spĂ©ciales, les deux derniĂšres ne pouvant ĂȘtre Ă©tablies que sur le fait de la disparition progressive des autres espĂšces. Mais soyons plus prĂ©cis et Ă©tudions chacune de ces rĂ©gions sĂ©parĂ©ment :
1° Zone infĂ©rieure. â Cette contrĂ©e comprend le pied du Jura, les bords du lac, les plaines du Landeron et du Seeland. Elle nâest caractĂ©risĂ©e que par lâabondance de certaines formes : Rana esculenta, Bufo calamita, Triton cristatus et Triton palmatus, qui sont rares ou mĂȘme trĂšs rares dans les zones supĂ©rieures. En outre le Triton lobatus est jusquâĂ prĂ©sent spĂ©cial Ă la plaine de Cressier.
2° Zone des vallĂ©es. â Comprend la rĂ©gion intermĂ©diaire entre les montagnes et le pied du Jura : Val-de-Ruz, de Travers, Combe de LigniĂšres, etc. Elle ne possĂšde pas de caractĂ©ristique nette, et se distingue seulement par le fait que certaines espĂšces de la zone infĂ©rieure atteignent les vallĂ©es mentionnĂ©es et ne montent pas plus haut. Ce sont les Rana esculenta, Bufo calamita et Triton cristatus.
3° Zone des montagnes. â Cette derniĂšre rĂ©gion qui nâa, pas plus que la prĂ©cĂ©dente, dâespĂšces caractĂ©ristiques, ne se reconnaĂźt quâĂ la disparition des Batraciens mentionnĂ©s ci-dessus. Elle nâest donc peuplĂ©e que par les espĂšces cosmopolites, presque Ă©galement communes dans tout le canton et possĂ©dant une distribution hypsomĂ©trique trĂšs Ă©tendue : Rana temporaria, Alytes obstetricans, Bombinator igneus, Bufo vulgaris, Hyla viridis, Salamandra maculosa et Triton alpestris. En outre, il faut signaler la prĂ©sence du Triton palmatus, fait curieux quâil ne nous appartient pas dâexpliquer, faute de points de comparaison.
Quant Ă la biologie, il semble que les espĂšces infĂ©rieures ont une tendance plus aquatique que celles des autres rĂ©gions. Il est vrai que ce fait est fort vague ; il sâexpliquerait du reste aisĂ©ment.
Il semble tĂ©mĂ©raire, dâaprĂšs les maigres donnĂ©es de notre catalogue, de dire lâorigine de notre faune erpĂ©tologique, et nous ne nous y hasarderions pas si les mollusques ne nous fournissaient pas dâexcellents critĂšres sur ce sujet : on sait que, Ă part les espĂšces xĂ©rothermiques (Buliminus, Xerophila, Clondrula, etc.), et quelques rares exceptions comme la Clausila bidentata, nos espĂšces nous viennent de lâAllemagne, suivant le pied du Jura suisse, sans relation avec le Jura français ; les espĂšces dâeau douce proviennent de lâancien bassin danubien, comprenant le Plateau suisse et la Haute-Savoie.
Peut-on voir quelque chose de semblable dans la rĂ©partition de nos Batraciens ? Beaucoup moins facilement, car il est Ă remarquer combien dâespĂšces sont communes dans toute lâEurope, de lâEspagne ou lâItalie jusque dans le Nord. Dâautre part, la plupart des espĂšces cataloguĂ©es dans notre canton sont extrĂȘmement rĂ©pandues partout. Cependant il est quelques points Ă relever.
Tout dâabord, Ă remarquer chez nous lâabondance des espĂšces Ă vaste rĂ©partition altitudinaire, fait qui correspond la plupart du temps Ă une forte dissĂ©mination septentrionale. Ensuite, Ă noter des espĂšces mĂ©ridionales trĂšs probablement Ă©trangĂšres Ă nos montagnes, la Rana agilis, le Pelodytes punctatus et le Pelobates fuscus, signalĂ©s en Savoie et dans le Jura français (Ă latitude presque Ă©gale.) Ce fait est bien caractĂ©ristique et trouve de nombreux parallĂšles, mĂȘme plus concluants, en malacologie. Enfin le Triton lobatus semble ĂȘtre apparu chez nous depuis le nord, par BĂąle et le canton de Berne, et non par les portes du RhĂŽne.