La Philosophie de Heymans (1942) a đź”—
Nul ne saurait douter que le grand psychologue hollandais Heymans ne concevait la psychologie comme une science expérimentale et comme une science autonome. Chacun connaît pour preuve ses recherches caractérologiques et sa Psychologie des femmes, et l’on sait qu’il s’est adonné à des travaux sur les illusions visuelles et sur la perception en général (il expliquait, par exemple, la loi de Weber par une notion d’« inhibition psychique », etc.). Cela ne l’empêchait naturellement en rien d’avoir une philosophie, et loin de subordonner sa psychologie à sa philosophie, c’est au contraire la méthode psychologique ou « empirique » qu’il applique à ses travaux philosophiques. Or, comme l’a dit Heymans lui-même en une déclaration lapidaire que M. Gerritsen met en tête de son exposé, cette méthode empirique l’a toujours conduit « à des résultats anti-empiristes » (p. 13). En théorie de la connaissance, Heymans aboutit par l’étude des mécanismes de la pensée scientifique, à un apriorisme de tonalité kantienne. En ce qui concerne en particulier la causalité, il rejoint la formule de Sir W. Hamilton : « un rapport d’identité entre ce qui précède et ce qui suit ». En éthique, il conclut à une opposition entre les normes universelles et le désir subjectif, ce qui le conduit d’ailleurs aux plus fines analyses de psychologie morale (de même qu’en psychologie esthétique). En métaphysique, enfin, il construit une sorte de monisme psychologique. Il faut remercier M. Gerritsen d’avoir exposé si clairement la pensée philosophique personnelle de l’un des pionniers de notre science.