Réponse à Monsieur Moessinger (1966) a

L’intéressante note de M. Moessinger appelle deux réflexions de ma part :

(1) Le positivisme est une des écoles philosophiques les mieux définies, tant dans l’histoire (A. Comte) qu’aujourd’hui (le positivisme logique). Or je suis en désaccord avec presque toutes les thèses de cette école et ai indiqué maintes fois et publiquement pourquoi 1. Dans le sens de M. de Muralt et de M. Moessinger, je suis positiviste parce que je ne crois pas à une connaissance « philosophique ». Comme c’est là la thèse centrale et très explicite de mon petit livre, me taxer de positiviste en un sens nouveau du mot pour m’attribuer cette opinion, c’est ou bien une lapalissade, ou bien tout simplement le résultat d’un besoin assez curieux de trouver une étiquette péjorative. Si l’on en désire une autre, j’aimerais seulement rappeler que je suis habituellement considéré comme étant d’orientation dialectique, ce qui est bien plus exact mais représente une direction inverse de celle du positivisme.

(2) Je n’ai pas eu l’honneur d’une controverse publique avec Mlle Hersch et elle ne manquerait pas de piquant. Mais pour m’en tenir à ce que M. Moessinger exprime sous son nom, je trouve très stupéfiante la confusion de l’explication [et] de la loi, alors que la loi se réduit aux faits et que l’explication comporte nécessairement une déduction constructive. Et je suis encore plus surpris de la notion de loi ainsi attribuée à la psychologie : celle-ci ne comporte que des lois statistiques, fondées sur la probabilité, ou des lois logiques qui, du point de vue du sujet, sont normatives. En quoi donc le probabilisme ou la construction de normes (que l’on peut choisir, respecter ou violer) constituent-ils le moindre danger pour la liberté ? Je serais prêt, pour ma part, à ne plus parler de philosophie, mais si l’on parle ainsi de la science et surtout de la psychologie, je risque fort de continuer, et en tout cas je remercie M. Moessinger de bien faire comprendre pourquoi.