Les discours

Discours du recteur
André Hurst >>>

Discours du président du Conseil de l'Université Roger Mayou >>>

Discours du Conseiller d'Etat en charge du DIP Charles Beer >>>

"Rapport circonstancié sur l'attribution d'un doctorat honoris causa à Madame Françoise Tulkens"
Par Robert Roth, doyen de la Faculté de droit >>>

"Laudatio pour le prof. Maurice Levy-Leboyer"
Par Pierre Allan, doyen de la Faculté des SES >>>

Discours prononcé par Gabrielle Rivier, étudiante de la Faculté de théologie >>>

Allocution du doyen Allan

Le Professeur Maurice Lévy-Leboyer est un de ceux qui ont exercé la plus grande influence sur le développement et les orientations de l’histoire économique contemporaine dans le domaine francophone.

Il a fait ses études d’histoire, de droit et d’économie politique à Paris, complétées par deux années de recherches au Département d’économie de Harvard et à la London School of Economics. Une carrière brillante l’a ensuite rapidement conduit à enseigner dans les institutions françaises les plus prestigieuses, à l’Ecole Normale Supérieure, à l’Ecole Nationale d’Administration, à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et à assumer la charge de Professeur à l’Université de Paris X Nanterre. Les plus grandes universités américaines l’ont invité à venir enseigner (Columbia, M.I.T., Yale…). Il préside aujourd’hui le Comité d’Histoire Economique et Financière, du Ministère des Finances à Paris, l’institution francophone qui organise les colloques  internationaux les plus importants en histoire économique et publie les travaux les plus marquants et les plus novateurs.

Par sa grande connaissance des travaux anglo-saxons, Maurice Lévy-Leboyer a désenclavé une histoire économique francophone jusqu’alors très fermée sur elle-même, en l’ouvrant sur les problématiques britanniques et américaines.

Il a initié ce qui a été l’évolution la plus importante de la discipline dans les quarante dernières années, l’usage de la quantification et l’adossement aux problématiques des économistes, tout en maintenant la grande tradition de l’érudition européenne.

Le premier, il a reconstitué les agrégats macroéconomiques pour la France du XIXe siècle, permettant de percevoir les évolutions de long terme. Il a ainsi mis en valeur la « décélération » de l’économie française dans les années 1860  et ensuite, passée la « Grande dépression », la forte reprise de la croissance des économies des grands pays, à partir des années 1890-1900.

Il a aussi introduit dans le domaine francophone l’histoire des grandes entreprises avec la problématique qui se construisait alors aux Etats-Unis, l’approche organisationnelle et institutionnaliste d’Alfred Chandler.

Maurice Lévy-Leboyer a également été un initiateur en matière d’histoire bancaire et financière, le champ qui se développe le plus rapidement depuis une quinzaine d’années. 

Il  a enfin et surtout aidé au rapprochement entre les historiens jusqu’alors peu au fait de la science économique et les économistes. Maurice Lévy-Leboyer a poussé à sa limite cette volonté de croiser la perspective économique avec ses théories et la perspective historiques avec ses exigences en matière d’érudition et de contextualisation. Il l’a fait en s’impliquant dans des laboratoires de recherches, comme le Laboratoire d’Economie Politique de l’Ecole Normale Supérieure, et surtout en écrivant, en collaboration avec François Bourguignon (nommé docteur honoris causa de l’Université de Genève en 2005), un ouvrage majeur, « L’économie française au XIXe siècle. Analyse macro-économique».

Maurice Lévy-Leboyer a enseigné au département d'Histoire Economique plusieurs fois en tant que Professeur Invité ou comme conférencier. Ami de Paul Bairoch, il a cosigné avec lui un ouvrage important, « Disparities in Economic Development since the Industrial Revolution».

L’Université de Genève se voit honorée  par le fait que le Professeur Maurice Lévy-Leboyer accepte ce titre de docteur honoris causa. Par cette distinction la Faculté des Sciences Economiques et Sociales tient à reconnaître une œuvre fondatrice qui démontre la richesse d’une histoire économique alliant l’érudition de la science historique et la fécondité des problématiques de la science économique, à une époque où cette alliance difficile et exigeante tend à être remise en question.

Pierre Allan