Lorsqu'un film devient description, récit de guerres, de tortures, de violations de droits humains, il jette une lumière crue sur des situations complexes, connues ou banalisées. Et cette réalité se rapproche brutalement, prend forme, devient palpable. Ce pouvoir de l’image, le Festival international du film des droits humains (FIFDH) l’utilise depuis cinq ans pour dénoncer les violations des droits humains partout dans le monde. Son concept : «Un film, un sujet, un débat». Associée au projet dès ses débuts, l'UNIGE participe au choix des thématiques et des intervenants.

La 5e édition du FIFDH, qui se tiendra du 8 au 17 mars 2007 au Grütli, confirme une vocation culturelle et politique engagée, en phase avec l’actualité des droits de l'homme: regards multiples «contre les violences à l’égard des femmes» le 8 mars; état des lieux de la liberté d’expression et de la presse avec la projection de «Russie: la liberté assassinée – hommage à Anna Politkovskaia», journaliste assassinée il y a quelques mois à qui le festival est dédié cette année; mais encore l’Irak, les migrations en Suisse et en Europe, les crimes de génocides...

Subjectivité assumée
«Le cinéma n’est pas un objet artistique à part. Il est avant tout un observateur du réel», souligne Léo Kaneman, co-instigateur et co-directeur du FIFDH avec Yaël Reinharz Hazan, pour expliquer la philosophie et le mode de sélection des films du festival.

Car le FIFDH est aussi une rencontre cinématographique. Une double compétition est en jeu. La qualité artistique – couronnée par le Grand prix Sergio Viera de Mello - n’est pas seule récompensée. L’engagement d’un cinéaste pour la dignité humaine est encouragée par le prix de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Les films comme la palette de personnalités au programme 2007 promettent une rencontre de haute tenue.

Débats académiques hors murs
«J’ai eu l’occasion de montrer le film d’Al Gore à mes étudiants. C’était une formidable mise en images de ce que je leur enseigne», relève Laurence Boisson de Chazourne, professeure de droit international public à la Faculté de droit de l’UNIGE, qui représente l’Alma mater au sein du Comité de direction du FIFDH1. «La possibilité de prêts de films existe, le corps enseignant devrait davantage en profiter», plaide-t-elle.

Que gagne justement l’UNIGE à participer à cette aventure? «Le FIFDH est un beau prolongement hors les murs des réflexions menées à l’Université», explique-t-elle, citant en exemple «la responsabilité de protéger», concept créé par l’ancien Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, «jamais appliqué», relève Yaël Reinharz Hazan, et mis à mal au Darfour, ou au Congo. Une session lui sera consacrée le 13 mars. Ou la problématique: «Faut-il légiférer contre le négationnisme?», débat susceptible d’intéresser, entre autres, les historiens. D’autres sessions thématiques, consacrées au microcrédit (15 mars) et au rôle des droits économiques, sociaux et culturels (17 mars), sont directement organisées en collaboration avec l’UNIGE.

Lieu d'échanges pluriels
Si le FIFDH confronte les étudiants à la réalité, ce que n’a pas vocation à faire l’Université, le festival est surtout un «lieu d’échanges pluriels», souligne la prof. Boisson de Chazourne. «Sa structure tripartite – représentants du cinéma, des ONG et de l’Université de Genève - lui confère une pluralité de regards et de savoirs», confirme Yaël Reinharz Hazan. L’idée étant de brasser des idées, mais aussi des gens.

Sans oublier la vocation première et essentielle du FIFDH: offrir une plateforme aux défenseurs des droits humains au moment où les Etats se réunissent à Genève pour parler... droits de l’homme. Proposer à ces acteurs sans pouvoir, dont la parole se perd dans les couloirs de l’ONU, une véritable «tribune libre» face au Conseil des droits de l’homme. Et ce, au cœur de Genève, «capitale» internationale des droits humains.

1Le Comité direction du FIFDH, qui décide des sujets, sélectionne les films, propose des intervenants, est composé de cinéastes, de membres d’ONG ainsi que de représentants de l’UNIGE.

A lire également
> Le FIFDH, ou lorsque le cinéma rencontre l'Université

Pour en savoir plus:
> Le site du FIFDH
> Le Conseil des droits de l'homme (site de l'ONU)
> La Tribune des droits humains (site d'ONG et d'infoSud)