Les discours

Discours du recteur
M. Jacques Weber >>>

Allocution du président
du Conseil de l'Université
M. Roger Mayou >>>

Discours du président
du Conseil d'Etat
M. Charles Beer >>>

Discours prononcé par
Mme Céline Dehavay, étudiante
de la Faculté des sciences
>>>

Remerciements par
Mme Collette Rolland,
Docteur honoris causa >>>

Laudatio pour le Prix Latsis,
attribué à Mme Valérie Junod >>>

Remise de la Médaille de l'Université au prof. André Maeder >>>

Laudatio pour le Prix
Mondial Nessim Habif,
attribué à M. Vaughan Jones >>>

Discours prononcé par Mme Céline Dehavay,
étudiante de la Faculté des sciences

Lorsque je suis allée voir notre doyen, M. Spierer., pour lui dire que j'étais partante pour le discours, je lui ai demandé s'il y avait un sujet ou un thème particulier à traiter. Il m'a répondu que j'étais totalement libre, mais que ce serait de circonstance qu'il y ait un rapport avec l'université, au cas où j'aurais une soudaine envie de vous raconter mes dernières vacances.

Rassurez-vous donc, je ne vais pas vous parler de mes dernières vacances, mais pas pour cette raison. Je n'ai à vrai dire pas pris de vacances depuis presque deux ans, puisque comme une large majorité des étudiants de l'Université, je travaille pour financer mes études. Je vous fais part de ce détail un peu personnel car j'aimerais vous parler d'un sujet qui me tient particulièrement à cœur et qui est on ne peut plus d'actualité, à savoir le nouveau projet de loi sur l'Université.

Il me tient à cœur pour plusieurs raisons.

La 1ère, pour en revenir à ma petite histoire, car il ne prévoit plus de plafond pour les taxes universitaires. Ceci implique, pour ma part, que je ne pourrai tout simplement plus étudier, et que je serai malheureusement loin d’être la seule. Ou alors, sous la pression sociale visant impérativement la réussite, nous serons de plus en plus à devoir nous endetter, avant même d’entrer dans la vie active.

La 2ème raison vient de mon choix d'orientation, à savoir les sciences, et plus exactement la recherche fondamentale. Le plus souvent, les découvertes de la recherche fondamentale n'aboutissent pas à un produit « commercialisable », et donc rentable. Mais elle n'en demeure pas moins indispensable pour autant. La nouvelle loi sur l'Université impose la recherche active de fonds privés pour la recherche académique. Or en sciences, malheureusement, qui dit financement privé dit besoin de résultats utilisables à des fins économiques et de ce fait, un risque très élevé de résultats biaisés, comme ce fut le cas avec l’affaire Rylander et Philip Morris mais cela engendre surtout un gros risque d'abandon des sujets non rentables économiquement. L’Université perdrait donc sa liberté académique, passant peu à peu du statut de service public à celui d’entreprise soumise aux lois du marché.

Avant de vous parler de la dernière raison pour laquelle la nouvelle loi sur l’Université me tient à cœur, j’aimerais vous remercier de me donner la parole aujourd’hui. Cependant, je regrette profondément qu’elle ne me soit donnée qu’aujourd’hui. En effet, la parole n’est pas donnée aux étudiants, qui se voient alors mis à l’écart de la vie académique. Bien sûr, me direz-vous, nous sommes représentés aux conseils de Section, de Faculté, et même de l’Université. Cependant, cette représentation n’est absolument pas équitable et souvent, ces conseils servent tout simplement d’alibis. Notre voix ne peut donc pas se faire entendre par ce biais, ce que je considère comme antidémocratique.

Mais il y a plus grave encore. Ainsi, j’aimerais exprimer notre grand regret de nous voir écartés du dialogue quant à l’élaboration de la nouvelle loi sur l’Université. Une nouvelle loi dont nous serons les premiers à subir les conséquences, alors que nous n’avons même pas été consultés.
Pour aller encore plus loin, la nouvelle loi n’ignore pas le corps étudiant uniquement dans son processus d’élaboration, mais elle prévoit de l’écarter dans le fonctionnement même de l’Université future, en lui supprimant toujours plus son poids consultatif dans les résolutions académiques. Ainsi, l’Université, qui se devrait d’être une Université tournée vers l’ouverture, se rapproche encore plus d’une Université tournée vers une fermeture totale.

Pourtant, les étudiants, qui sont si sournoisement mis à l’écart, savent que la participation et le dialogue sont des composantes primordiales d’une formation de qualité.

Pour cette même raison, il est fort regrettable que les étudiants, pour avoir une voix, doivent se transformer en militants, ou prendre la parole en rusant, comme ce matin.

Enfin, je souhaiterais partager avec vous ce que je retiens de mes années universitaires. Bien entendu, un apport très important de connaissances. Cependant, ce sont surtout les discussions autour de ces connaissances, les partages, les échanges d'idées, d'opinion, de culture, qui font la richesse de mes années universitaires. Et c'est pour cette raison que je souhaite, pour l'université future, que l'image actuelle de l'université, une image encore trop ancrée dans les esprits, une image élitiste, soit définitivement abandonnée. Parce que j'estime que tout le monde devrait avoir, non pas le droit, ni la chance, parce que justement ça ne devrait pas être une chance, mais devrait tout simplement avoir le choix, sans contrainte, de connaître ces années de partage et d'échange, de connaître cette richesse que peut apporter l'Université, et d'y apporter la sienne.
Merci.

Céline Dehavay
Etudiante en 4ème année de pharmacie