Les discours

Discours du recteur
M. Jacques Weber >>>

Allocution du président
du Conseil de l'Université
M. Roger Mayou
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Discours du président
du Conseil d'Etat
M. Charles Beer >>>

Discours prononcé par
Mme Céline Dehavay, étudiante
de la Faculté des sciences >>>

Remerciements par
Mme Collette Rolland,
Docteur honoris causa >>>

Laudatio pour le Prix Latsis,
attribué à Mme Valérie Junod >>>

Remise de la Médaille de l'Université au prof. André Maeder >>>

Laudatio pour le Prix
Mondial Nessim Habif,
attribué à M. Vaughan Jones >>>

Allocution de M. Roger Mayou, président du Conseil de l’Université

Mesdames, Messieurs,

Que de chemin parcouru ! Il y a une année, le Dies academicus se tenait en plein film d’épouvante. Il devait être une catharsis, il fut un interlude : 5 semaines plus tard, le rectorat démissionnait.

Un rectorat de transition fut mis en place. Je tiens à saluer l’équipe qui accepta le défi et, au nom du Conseil de l’Université, je remercie le recteur Jacques Weber, la vice-rectrice Anik de Ribaupierre, les vice-recteurs Charles Bader et Jean Kellerhals, de même que les doyens délégués Jean-Louis Carpentier et Robert Roth pour leur sens de l’engagement et pour le remarquable travail accompli.

La sérénité indispensable à l’enseignement et à la recherche est rétablie, la confiance renaît dans la cité.

Cette sérénité a permis à la commission de désignation du recteur de choisir dans le calme et de proposer au Conseil d’Etat dans le respect du calendrier académique le professeur Jean-Dominique Vassalli comme prochain recteur. Homme de qualité et d’expérience, il est the right man at the right moment. A lui et à son équipe, la vice-rectrice Anik de Ribaupierre, les vice-recteurs Yves Flückiger et Pierre Spierer, nous apportons nos vœux confiants pour la réussite de la tâche difficile mais cruciale qui les attend : la mise en œuvre d’une nouvelle loi.

Car à quelque chose malheur est bon, ou, comme le dit Hannah Arendt, « une crise ne devient catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites, c’est-à-dire par des préjugés. Non seulement une telle attitude rend la crise plus aiguë mais encore elle nous fait passer à côté de cette expérience de la réalité et de cette occasion de réfléchir qu’elle fournit ».

Nommée par le Conseil d’Etat, la Commission externe chargée de rédiger un avant-projet de loi sur l’Université a mené une réflexion sans préjugés, et j’espère que c’est sans préjugés que le Grand Conseil l’abordera cet automne.

Novateur, cet avant-projet l’est, en tout cas à l’échelle genevoise, notre canton ayant pris du retard face à la Suisse et à l’Europe. Il donne à notre Université une autonomie réelle pour une gestion efficace. Il permet une vision stratégique concrétisée par un patron aux pouvoirs étendus mais équilibrés par des avis dont il aura la sagesse de tenir compte, comme tout manager moderne.

Les principales entraves au bon fonctionnement de l’institution, à savoir les lourdeurs et les blocages susceptibles d’altérer à terme la qualité de l’enseignement et de la recherche, l’avant-projet les dénoue.

Les responsabilités sont clarifiées : aucune décision n’est prise à plusieurs niveaux. La direction bicéphale, académique vs administratif, est supprimée. Les rapports entre rectorat, doyennes et doyens sont hiérarchiquement clairs et structurellement organisés. Les professeurs sont nommés par le recteur. C’est un gage de rapidité. La possibilité de s’attacher des scientifiques de renom grâce à des conditions financières attractives et proposées en toute transparence, donne la souplesse indispensable face à la compétition internationale. Cela doit permettre à l’Université de Genève de conserver sa place d’excellence dans les classements : c’est toujours un plaisir de rappeler que nous sommes la meilleure université de l’Europe continentale. Le budget quadriennal lié à une convention d’objectifs, de même que la création d’un fonds d’innovation, géré lui aussi de manière transparente, permettront à l’Université de faire face aux défis à venir.

Enfin, cet avant-projet réaffirme la mission de service public de notre Université et son lien indéfectible avec l’Etat tout en clarifiant le rôle de celui-ci. Par la convention d’objectifs, l’Etat ne s’occupe pas de micro-management mais se consacre à la stratégie, en lien avec les paysages universitaires suisse et international, tout en exerçant le contrôle des fonds publics.

Concis et cohérent, l’avant-projet fixe les grands principes sans entrer dans les détails d’organisation qui doivent, c’est ce qu’implique l’autonomie, être réglés par l’Université elle-même.

Mesdames, Messieurs, l’avant-projet de loi supprime le Conseil de l’Université, qui dans sa composition actuelle parvient de toute façon au terme de son mandat. Je tiens par conséquent à remercier chaleureusement l’ensemble de mes collègues, ainsi que les deux secrétaires, pour le travail accompli au cours de ces 4 années.

J’ai déjà exprimé mes remerciements au rectorat, je tiens à y associer toutes celles et tous ceux qui construisent chaque jour la renommée de notre Alma Mater : les professeurs, le corps intermédiaire, le personnel administratif et technique. C’est parce que vous êtes là que j’ai une confiance solide dans le futurde notre institution.

Mais notre Université, ce sont aussi les 14’000 étudiantes et étudiants qui sont sa raison d’être. Je leur souhaite plein succès dans leurs cursus en terminant par une nouvelle citation d’Hannah Arendt que je leur dédie pour ne pas oublier que les changements proposés, l’autonomie, la souplesse, n’ont qu’une finalité : permettre un développement constant de la qualité de l’enseignement et de la recherche dont toutes et tous bénéficient en premier:

« Parce que le monde est fait par des mortels, il s’use ; et parce que ses habitants changent continuellement, il court le risque de devenir mortel comme eux. Pour préserver le monde de la mortalité de ses créateurs et de ses habitants, il faut constamment le remettre en place. Le problème est tout simplement d’éduquer de façon qu’une telle remise en place demeure effectivement possible, même si elle ne peut jamais être définitivement assurée. Notre espoir réside toujours dans l’élément de nouveauté que chaque génération apporte avec elle ; […] »

Je vous remercie de votre attention.

Roger Mayou