Récipiendaires des doctorats honoris causa de l’UNIGE:
qui sont-elles, qui sont-ils?

Paul EKMAN
Viktor K. PRASANNA
Colette ROLLAND

Bernard TEYSSIÉ
Lukas VISCHER
Deirdre WILSON
Médaille de l’Université - André MAEDER
Prix Latsis - Valérie JUNOD
Prix Nessim Habif – Vaughan JONES

Paul EKMAN
Si l’expression faciale humaine est aujourd’hui un des phénomènes les plus activement étudiés par les sciences affectives, c’est avant tout à Paul Ekman qu’on le doit. Au XIXe siècle, Charles Darwin et Guillaume Duchenne ont fait les premières contributions à une science du visage. Au XXe siècle, Paul Ekman, professeur de psychologie à l'Université de Californie à San Francisco, a poursuivi et complété leurs travaux. Il a catalogué les expressions humaines en déterminant leurs relations avec les muscles de la face. A partir de l’expression faciale des émotions chez les hommes, Ekman et ses collaborateurs en sont arrivés à reconnaître six émotions universelles: la joie, la surprise, le dégoût, la colère, la peur et la tristesse. Pour Paul Ekman, il existe des catégories universelles d'émotions, associées de façon univoque à des expressions faciales. Il semble donc exister un langage des émotions, et le prof. Ekman a consacré sa vie à en déchiffrer l'alphabet. Son projet de recherche a été de définir les émotions de base que l'on retrouve chez tous les peuples, aboutissant à la mise au point d’un système de micro-codage répertoriant les 46 composants élémentaires des expressions du visage humain valable pour tous et partout.  Chercheur pionnier, Paul Ekman est l’auteur ou le co-auteur de bien des livres désormais classiques. Depuis sa retraite en 2004, Paul Ekman a souvent collaboré avec les chercheurs de l’UNIGE.

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Viktor K. PRASANNA
Viktor Prasanna a étudié la technologie et le génie électroniques à l'Université de Bangalore et à l’Institut Indien pour la science. Il a obtenu son doctorat en informatique à l'Université de Pennsylvanie sous la direction du prof. Joseph Ja-Ja. Actuellement, il enseigne en qualité de professeur à l’Université de Californie du Sud. Il a publié abondamment dans les meilleures revues et a présidé de nombreuses conférences internationales. Parmi ses multiples activités d’expert, il est le rédacteur en chef du journal IEEE Transactions on Computers. Les liens que le prof. Prasanna entretient avec l’UNIGE résultent de sa collaboration régulière avec le Département d'informatique de la Faculté des sciences. En plus de ses nombreux séjours à Genève, où il anime des séminaires et des cours avancés pour doctorants et chercheurs, il a coprésidé la plus prestigieuse conférence mondiale sur le calcul distribué, l’IPDPS – IEEE Conference 19th International Parallel & Distributed Processing Symposium, un événement organisé par le Département d’informatique en 1997, à Genève. Dès lors, des projets de recherches ont vu le jour dans les domaines de pointe de l'informatique théorique et du calcul distribué. Le prof. Prasanna copréside également la plus importante conférence en algorithmique distribuée des senseurs, la DCOSS – ACM and IEEE Conference on Distributed Computing in Sensor Systems.

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Colette ROLLAND
Professeure à l’Université Paris I-Sorbonne, Colette Rolland est mondialement connue par son œuvre fondatrice en systèmes d’information. Elle a mené une importante activité afin de promouvoir ce domaine tant dans le monde universitaire, en créant des programmes d’enseignement, que dans le monde économique. Dès les années 70, elle a considéré que l’informatique avait une place très importante pour le développement des activités de toutes sortes, soulignant combien le couple «organisation - système d'information» est étroit et que la réussite de ce couple est un facteur déterminant d'efficience des processus d’organisation, d'amélioration de la chaîne de valeurs et de compétitivité pour une entreprise. Ses compétences lui ont valu de remplir des mandats auprès de grandes institutions publiques ou privées tant aux états-Unis qu’au Japon et l’ont conduite à participer à de nombreux projets européens et internationaux.

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Bernard TEYSSIÉ
Bernard Teyssié enseigne en qualité de professeur de classe exceptionnelle à l’Université de Paris II-Panthéon-Assas, dont il est aussi le président honoraire. Né en 1948, Bernard Teyssié occupe en France une place unique parmi les professeurs les plus réputés en droit du travail. Ses publications incluent plusieurs ouvrages, qui sont considérés comme des références nécessaires et de premier plan, non seulement en droit français, mais aussi en droit européen (droit du travail, droit européen du travail, code du travail annoté, code de la sécurité sociale annoté, code de droit social européen), sans compter le droit civil (Les personnes). Ses articles, publiés dans des revues ou des ouvrages collectifs, témoignent d’une créativité exceptionnelle, alliée à une impressionnante rigueur. Le prof. Teyssié, directeur du Laboratoire de droit social de Paris II, a créé le Master «droit et pratique des relations de travail», qui figure parmi les meilleurs en France. Au semestre d’été de 1998, il a enseigné le droit européen du travail à la Faculté de droit de l’UNIGE; il est intervenu au cours d’une des Journées de droit du travail organisées par le prof. Gabriel Aubert, qui, lui, dispense, chaque année depuis 1997, des cours dans le cadre du Master parisien mis sur pied par Bernard Teyssié. Des rapports de collaboration privilégiés ont été ainsi créés entre Paris II et l’UNIGE dans le domaine du droit du travail. Le prof. Teyssié est animé du souci constant d’inclure le droit suisse du travail dans les champs d’enseignement et de recherche de ses étudiants de Master ou de doctorat, cas unique en France et en Europe.

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Lukas VISCHER
Lukas Vischer est un théologien réformé qui allie avec une rare maîtrise la recherche académique et l’engagement pour un monde meilleur. Son influence internationale est considérable. Né en 1926, il devient pasteur de terrain; puis, dès 1961, il collabore au Conseil œcuménique des Eglises; observateur protestant au concile Vatican II, directeur de «Foi et Constitution», le plus élargi des forums théologiques qui réunit les Eglises du monde entier, il enseigne comme professeur de théologie œcuménique à l’Université de Berne. En tant que modérateur du Département théologique de l’Alliance réformée mondiale ainsi que co-secrétaire du Groupe mixte de travail de l’Eglise catholique romaine et du Conseil œcuménique des Eglises, il déploie ses compétences de théologien à de très nombreux échelons. Auteur d’environ 350 publications, organisateur de colloques, éditeur ou co-éditeur de nombreux ouvrages collectifs, Lukas Vischer compte parmi les chevilles ouvrières de plusieurs entreprises théologiques ou historiques, comme Baptême, eucharistie, ministère (Déclaration de Lima, 1982) ou l’Histoire du christianisme en Suisse. Une perspective œcuménique, 1994-1995). Lukas Vischer s’est également engagé pour des relations plus justes entre la Suisse et les pays du Sud: co-fondateur de la Déclaration de Berne, il a, dès les années 1980, fait de l’écologie l’un de ses principaux combats, alertant les Eglises et les gouvernements sur la nécessité de changer les modes de vie. Tandis que la Faculté de théologie de l’UNIGE ouvre une chaire de théologie œcuménique et des religions, il est temps d’honorer Lukas Vischer et de saluer l’élan qui anime ce théologien engagé au service de la réconciliation des Eglises, de la justice sociale et du respect de l’environnement.

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Deirdre WILSON
La prof. Deirdre Wilson est certainement l’une des figures mondiales les plus importantes de la linguistique en sémantique et en pragmatique, et cela depuis une trentaine d’années. Professeure au Département de phonétique et de linguistique au University College de Londres depuis 1991, elle a fait ses études à Oxford et au Massachusetts Institute of Technology (MIT), où elle a soutenu sa thèse de doctorat en 1974 sous la direction de Noam Chomsky. Elle vit à Oxford en compagnie de son mari, l’historien Theodor Zeldin. Son livre sur la présupposition (Presupposition and non-truth-conditional semantics, 1975) a été le premier traitement dit «pragmatique» de la présupposition, et son ouvrage avec l’anthropologue français Dan Sperber (Relevance. Communication and Cognition, 1986) a été le point de départ d’une nouvelle théorie pragmatique - la Pertinence - qui a eu une influence très forte dans toutes les disciplines qui s’intéressent au langage (linguistique, psychologie, philosophie, sciences cognitives, etc.). Par ailleurs, Relevance a été traduit en huit langues. Et son ouvrage d’introduction à la linguistique (Modern linguistics: the results of Chomsky’s revolution), écrit avec son collègue Neil Smith, est encore aujourd’hui l’un des meilleurs ouvrages d’introduction à la linguistique. Ses relations avec l’UNIGE existent depuis 1983, date de sa rencontre à UCLA avec Jacques Moeschler, l’actuel directeur du Département de linguistique.

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Médaille de l’Université - André MAEDER
Si les exoplanètes occupent, ces dernières années, le devant de la scène médiatique, il faut savoir que la renommée internationale du Département d’astronomie de l’UNIGE s’étend à bien d’autres domaines. Et parmi les «stars» astrophysiciennes de l’UNIGE, le prof. André Maeder occupe une place de choix. Les travaux de recherche du prof. Maeder, centrés sur l’évolution stellaire et la nucléosynthèse, permettent de comprendre l’histoire profonde de l’origine de l’humanité, puisque tous les éléments chimiques qui nous constituent ont été créés dans le cœur des générations d’étoiles qui ont précédé notre soleil dans l’évolution de l’Univers, faisant ainsi de nous les descendants des étoiles passées… En outre, c’est une des grandes victoires de la science astronomique et physique du XXe siècle que d’avoir compris pourquoi et comment évoluent les étoiles, depuis leur collapse initial jusqu’à leur fin, parfois explosive, vers des astres compacts et extraordinaires, naines blanches, étoiles à neutrons ou trous noirs. André Maeder a été un contributeur majeur de cette extraordinaire aventure scientifique. La réputation internationale d’André Maeder dans le domaine de l’évolution stellaire a été récompensée par sa sélection pour donner la George Darwin Lecture of the Royal Astronomical Society en 1990. Etre associé au nom de Darwin est évidemment de première importance pour un spécialiste de l’évolution. André Maeder a été président de la Commission Stellar Structure de l’Union astronomique internationale, qui structure l’activité astronomique mondiale. Il s’agit là de la reconnaissance de la qualité de ses travaux par ses pairs des cinq continents.

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Prix Latsis - Valérie JUNOD
Le prix Latsis de l’UNIGE est décerné cette année à Mme Valérie Junod pour son ouvrage Clinical Drug Trials - Studying the Safety and Efficacy of New Phamaceuticals. Ce travail aborde de manière brillante et pluridisciplinaire la question de la recherche médicale sur l’être humain, qui joue un rôle essentiel dans le développement de nouvelles substances thérapeutiques. Son ouvrage commence par un rappel des différents événements qui ont conduit les Etats, et notamment, la Confédération suisse, à réglementer les essais cliniques de médicaments. L’auteure analyse ensuite les caractéristiques de ces essais, en se fondant tant sur des sources scientifiques, notamment les revues médicales anglo-américaines, que sur la littérature économique. Elle parvient ainsi à combiner des notions provenant de ces disciplines, pour donner une image précise du cadre légal de ces essais. Sur cette base, elle présente de manière détaillée les caractéristiques de ces essais avec les controverses, notamment éthiques, qu’ils génèrent. Valérie Junod examine ensuite les droits des sujets de recherche, notamment les conditions dans lesquelles ils peuvent procurer un consentement éclairé. Son étude porte avant tout sur le droit suisse, mais contient de très nombreuses références aux législations américaines et européennes, qui viennent illustrer les forces et faiblesses de celui-ci. Enfin, Mme Junod aborde la question, souvent essentielle, de la publication des résultats des essais. Œuvre majeure dans un secteur du droit quasiment inexploré par la doctrine, la thèse de Valérie Junod constitue désormais la référence juridique en matière de tests cliniques et représente à ce titre un progrès marquant dans le domaine du droit.

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Prix Nessim Habif – Vaughan JONES
Vaughan Jones est né le 31 décembre 1952 en Nouvelle Zélande. Il a obtenu un Master de l’Université d’Auckland en 1973 et une thèse de l’UNIGE en 1979, pour un travail supervisé par le prof. André Haefliger. Après une année à l’Université de Californie, à Los Angeles, et quelques années à l’Université de Pennsylvanie, il a été nommé en 1985 professeur à l’Université de Californie à Berkeley. Au Congrès international des mathématiciens de Tokyo, en 1990, il a reçu la médaille Fields pour ses travaux sur la théorie des algèbres d’opérateurs, la théorie des nœuds, et leurs relations réciproques découvertes par lui. On lui doit en particulier la mise en évidence de phénomènes discontinus dans le monde des algèbres de von Neumann, qui était avant lui un monde dont seuls les aspects continus avaient été recensés, ainsi que l’utilisation tout à fait originale de méthodes de la physique statistique pour l’étude des nœuds, c’est-à-dire des courbes fermées dans l’espace usuel. Vaughan Jones est  également titulaire de nombreux autres prix et distinctions. Ses relations avec l’UNIGE sont restées étroites, comme en témoignent, entre autres, plusieurs articles et un livre avec des co-auteurs genevois, ainsi que sa collaboration en tant que rédacteur à l’Enseignement mathématique, journal de recherche en mathématique publié à Genève.

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