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 Communiqué de presse 

De profil comme de face - L'enquête Etudiants 2001 dresse pour la première fois un portrait du "nouvel étudiant"

Quelles sont les attentes des étudiants actuels ? Leurs peurs, leurs difficultés et leurs espoirs ? Quel jugement portent-ils sur leurs études ? Et s'ils ne sont plus les mêmes qu'il y a trente ans, alors qui sont-ils ? Autant de questions auxquelles l'enquête Etudiants 2001 a tenté de répondre en s'intéressant aux étudiants entrés à l'Université de Genève en octobre 2001. L'originalité de cette étude, ainsi que la richesse des résultats qu'elle apporte, résident dans le fait qu'elle combine des données concernant les résultats académiques des étudiants avec leur formation, tout en prenant en compte leur vécu. Etudiants 2001 représente une tentative d'une ampleur sans précédent de la part d'une université suisse, de dresser le portrait de celles et ceux qui composent sa population. Les résultats sont à la hauteur des espérances puisqu'ils permettent d'établir un profil complexe et nuancé de l'étudiant contemporain, souvent loin des idées reçues qui lui sont régulièrement associées. Motivé, l'étudiant actuel est aussi stressé par de nombreuses incertitudes. Parfois hésitant, il fait, dans un certain nombre de cas, une première tentative dans une filière avant de s'engager dans sa filière d'études définitive. Aperçu en quelques points de cette dialectique inédite.

En tant qu'institution publique, l'Université a plusieurs missions de base : transmission des savoirs de pointe, développement de la recherche et formation d'une élite intellectuelle au service de la société. Pour les mener à bien, il est important qu'elle ait une connaissance accrue des personnes auxquelles elle s'adresse. Dans cette perspective, le rectorat de l'Université de Genève a mandaté le Département de sociologie qui, en octobre 2001, a lancé, sous la responsabilité de Claire Petroff et Henning Atzamba, une vaste enquête auprès de toute une génération d'étudiants. Dans l'ensemble, l'analyse de ces données fournit une image favorable de l'Université de Genève. Il y a une faible déperdition d'étudiants et, après quelques mois dans leur filière, la grande majorité d'entre eux apparaît comme enthousiaste ou contente de ses études. Enfin, les étudiants attribuent une culture commune à toutes les facultés et écoles de l'UniGE : le niveau élevé des exigences, la stimulation intellectuelle et le plaisir d'apprendre.

Des performances très appréciables

On notera d'abord que la moitié (56%) des étudiants débutant une filière donnée réussissent d'emblée leur première série d'examens. Certes, cette proportion varie beaucoup selon les facultés. Mais ceux qui échouent ne sont pas " perdus " pour autant, puisque la plupart (environ 30% du total de la volée) recommencent leur année ou s'orientent vers une autre filière. De sorte que la " déperdition " des effectifs n'atteint, après 2 ans, qu'environ 20 %.

De l'étudiant à sa réussite

Dans quelle mesure le profil et la culture pré-universitaire de l'étudiant de l'Université de Genève ont-ils une influence sur sa réussite ?

Tout d'abord, Etudiants 2001 confirme en partie l'idée répandue qui veut que les étudiantes réussissent mieux leur début de parcours que les étudiants. En effet, à la fin de l'année académique 2001-2002, 61% des femmes ont été promues en deuxième année, alors que seuls 48% des hommes étaient dans ce cas. Toutefois, ce constat connaît une exception en Faculté de médecine.

En outre, l'étude fait apparaître que les détenteurs de maturités classique, latine et scientifique ont un pourcentage élevé de réussite dans toutes les facultés. A ce titre, il faut signaler que les élèves les mieux classés dans l'enseignement pré-universitaire continuent à obtenir, le plus souvent, les meilleurs résultats en première année d'Université. Les anciens élèves issus d'écoles privées genevoises éprouvent par contre de nombreuses difficultés, notamment dans la gestion de leur temps.

Mais le bagage scolaire n'est pas tout. D'autres éléments, moins conventionnels, influent également sur le succès d'un cursus. Contre toute attente, l'étude montre, par exemple, que les jeunes qui ont pris un congé sabbatique, entre la fin de leurs études secondaires et leur arrivée à l'Université de Genève, connaissent un bon taux de promotion en deuxième année. Alors que ces congés sont fréquemment perçus par les parents comme une période de " laisser-aller " susceptible de nuire à la continuité des études, c'est l'inverse qui apparaît. A la rentrée 2001, cette situation concernait 27% des nouveaux étudiants.

Enfin, l'enquête met en lumière le peu d'impact de l'origine sociale sur la réussite académique. Avec 70% des enfants de cadres moyens et supérieurs qui accèdent au bout d'un an à la deuxième année, 67% des enfants de commerçants et d'artisans et 59% des enfants d'employés et d'ouvriers, les conséquences de ce facteur existent, sans être aussi marquées qu'on pouvait s'y attendre. Il est par ailleurs probable que les expériences faites au Collège gomment déjà en partie, sur ce point, les différences d'héritage culturel.

Des étudiants réfléchis

Loin de l'errance intellectuelle ou du parcours aléatoire qu'on leur prête parfois, les étudiants semblent, dans leur majorité, avoir des motivations sérieuses en ce qui concerne le choix de leur domaine d'études. Etudiants 2001 montre notamment que ceux qui réussissent le mieux sont les étudiants qui combinent le besoin d'un développement intellectuel avec une ambition professionnelle.

Au vu des résultats en fin de première année, l'état d'esprit dans lequel les étudiants ont effectué leur choix semble avoir des répercussions sur le déroulement de leur cursus, dans le sens où les étudiants motivés par des intérêts intellectuels et professionnels ont plus de chance de réussir que les " utilitaristes ". Par exemple, 78% d'entre eux affirment avoir sélectionné leur filière au moins partiellement par intérêt pour le domaine, alors que seuls 8% ont opéré ce choix uniquement en fonction des débouchés qu'il apportait. L'enquête montre également que c'est l'entourage proche, particulièrement la famille, qui influence le choix de la filière, tandis que les divers conseillers ou programmes ont peu de poids.

Enfin, un étudiant qui aurait connu un échec ou un abandon dans une autre filière a les mêmes chances de réussite qu'un nouvel étudiant. Quant à la probabilité de revenir à l'Université après un échec ou un abandon, elle est plus grande chez les étudiants jeunes que chez les plus âgés.

Le parcours d'obstacles du nouvel étudiant

Etudiants 2001 traite aussi de l'importance des problèmes rencontrés pendant les études. L'Université est un univers particulier qui génère des angoisses et des appréhensions spécifiques. Un peu moins d'un tiers des étudiants éprouvent des craintes relatives à la masse de travail et aux exigences universitaires, la certitude du choix de la filière et, dans une moindre mesure, la rupture avec l'environnement social. Dans toutes les facultés, les étudiants qui craignent les activités intellectuelles universitaires sont les plus susceptibles de redoubler. Cette observation confirme les développements actuels entamés à l'Université au niveau de la diffusion de l'information et du renforcement de l'encadrement.

Entre un tiers et une moitié des étudiants éprouvent également de sérieux manques dans les techniques usuelles du " métier d'étudiant " : la prise de notes, la lecture rapide, la recherche de documentation, l'expression orale ou la rédaction.

Toutefois, sur le plan de l'intégration, l'étude bat en brèche un autre cliché couramment associé à la vie universitaire : l'individualisme. En effet, ses résultats indiquent que, sauf en médecine, les étudiants réussissent d'autant mieux leur première année d'études qu'ils sont bien intégrés aux niveaux social, institutionnel et intellectuel. Pénétrer dans un milieu aussi particulier que l'Université implique d'en apprendre les règles, les codes et le fonctionnement. Les étudiants entrent dans un monde nouveau où ils peuvent rapidement se trouver en proie à l'anonymat et la solitude.

La rupture avec l'univers pré-universitaire est par exemple assez marquée par rapport aux amis, puisque 35% des étudiants seulement pensent que leur cercle de proches est, dans l'ensemble, resté inchangé. En contraste, les camarades de bancs occupent une place essentielle ou assez importante dans leur formation intellectuelle pour près de 60% des étudiants.

Besoin d'ouverture et subsistance

Le métier d'étudiant est d'autant plus difficile qu'il coïncide souvent avec un travail professionnel accessoire. 44% des étudiants ont un travail professionnel accessoire régulier, auxquels s'ajoutent les 28% de ceux qui travaillent occasionnellement. Le fait que 72% des étudiants travaillent témoigne de l'ouverture d'esprit de ces derniers, mais également de l'envie, pour certains, de ne pas se restreindre à une vie académique cloisonnée.

De plus, Etudiants 2001 met en avant le fait qu'une situation économique correcte et une activité professionnelle accessoire contribuent à une meilleure réussite. Corrélativement, une situation financière défavorable et un travail accessoire de plus de 15 heures par semaine entravent dangereusement le cours des études. En 2001, 74% des étudiants qui ont une bonne situation financière ont été promus, alors que c'est le cas de seulement 44% de ceux qui avaient une condition difficile.

On peut presque plaire à tout le monde

Enfin, Etudiants 2001 signale un niveau de satisfaction important quant à la qualité de l'enseignement proposé à l'Université de Genève. En effet, après six mois dans leur filière, 80% des étudiants s'estiment dans un bon état d'esprit vis-à-vis de leur Université, alors que 15% s'estiment un peu déçus et 5% très déçus. De manière générale, les jugements portés sur les conditions d'études sont élogieux : 15% des étudiants jugent le contenu des cours excellent et 65% le jugent satisfaisant. Il faut d'ailleurs noter que celles et ceux qui sont intéressés par le contenu de l'enseignement s'accompagnent d'une probabilité de promotion plus élevée que lorsqu'il n'y a pas ou peut d'attente de ce type. Enfin, six étudiants sur dix apprécient la disponibilité des enseignants et l'encadrement pédagogique des assistants.

L'information au sein des facultés et les services administratifs, souvent mal connus et bénéficiant de ressources insuffisantes, font en revanche l'objet d'un jugement plus réservé.

Un petit pas pour l'étudiant, un grand pas pour l'Université

Etudiants 2001 apporte des informations d'une grande richesse. Elle permet de faire une photographie instantanée et précise de la population estudiantine, à même de rendre compte de l'état d'esprit des étudiants, de leurs dispositions, de leurs conditions de vie et de la manière dont ces facteurs influencent l'ensemble de leur parcours académique. Il s'agit d'un instrument de politique universitaire nouveau, d'un outil fort, utilisable dans le cadre de multiples problématiques concrètes.

A cet égard, cette synthèse constitue plus qu'un rapport statistique, mais une véritable base de données. Développée en un info-centre, elle permettrait, par exemple, à l'Etat de savoir l'influence de la culture générale sur le cursus universitaire, ou au canton du Valais de connaître les déterminations spécifiques de ses étudiants.

Cet instrument performant sera d'ailleurs complété par un suivi administratif du taux de réussite de cette génération d'étudiants et une enquête semblable sera conduite dès septembre sur des étudiants en fin d'études. Elle devra permettre notamment de dégager le jugement que ces diplômés portent sur la vie à l'Université de Genève et la manière dont ils envisagent leur futur proche.

Pour obtenir de plus amples informations, n'hésitez pas à contacter
Le vice-recteur Jean Kellerhals au 022 379 75 12

Genève, le 25 juin 2003