S'il te plaît, dessine-moi un logement! - L'Université de Genève face à la crise du logement 2003
Comment loger ses étudiants avec seulement 312 appartements considérés comme vacants par l'Office cantonal de la statistique, soit le chiffre le plus bas jamais atteint? Genève continue en effet d'endurer une crise du logement particulièrement difficile qui touche de plein fouet plus de 800 nouveaux étudiants dont une centaine d'étudiants européens, hôtes temporaires de l'Université. Face à la gravité de cette situation et dans la continuité des efforts qu'elle a entrepris l'an passé, l'Université de Genève lance une nouvelle campagne de sensibilisation auprès des Genevois. Son objectif reste identique: parvenir à trouver suffisamment de logements "chez l'habitant" pour l'ensemble de ses nouveaux arrivants à court et moyen termes. Intégrer ses étudiants: un enjeu pour GenèvePrendre soin de ses étudiants L'Université part en campagne Avec un taux de logements vacants de 0,17% en juin 2003, contre 0,24% l'an passé, Genève continue de subir sa plus grave crise du logement depuis près de 20 ans. Parmi les populations touchées, plusieurs centaines d'étudiants n'ont pas encore trouvé d'hébergement. Une situation critique que l'imminence de la rentrée universitaire ne fait qu'accentuer. Accueillant chaque année plus de 14'000 étudiants d'horizons et d'intérêts variés, l'Université est consciente de son obligation morale de tout mettre en œuvre pour obtenir de nouveaux logements, en dépit du fait que cette tâche ne figure pas parmi ses missions. Sur les 3'200 nouveaux étudiants qui débuteront leurs études en octobre prochain, près de 1'500 étudiants ne sont pas originaires de Genève. Parmi ces derniers, plusieurs centaines occuperont, dans les foyers universitaires, les places libérées par les étudiants qui viennent d'achever leurs études. Mais, plus de 800 d'entre eux recherchent dès aujourd'hui un logement. Un tiers de ces nouveaux étudiants sont d'origine helvétique, et les deux autres tiers sont étrangers. La présente pénurie de logements résulte de la croissance des effectifs estudiantins en progression de 5,82%¹ par rapport à 2001-2002 et de la forte proportion d'étudiants étrangers à Genève, une tendance particulièrement marquée cette année, due à l'actuelle augmentation du nombre d'étudiants en formations post-graduées². Mais cette carence trouve surtout son origine dans l'état d'assèchement observé sur le marché im-mobilier, et dans la stagnation de l'offre de logements directement destinés aux personnes en formation.
Intégrer ses étudiants: un enjeu pour Genève En plus d'être à l'origine de difficultés quotidiennes pour les étu-diants, cette situation de pénurie pourrait menacer à long terme le rôle de Genève comme cen-tre de formation international. En effet, ne pouvant plus favoriser l'intégration des nouveaux étudiants à la vie genevoise et académique en leur donnant accès à un hébergement adéquat, la crise pourrait également restreindre les possibilités de séjours de mobilité offertes aux étudiants originaires de l'Université de Genève. Si l'Alma mater se trouvait dans l'incapacité d'accueillir certains étudiants Erasmus, bon nombre de ses propres étudiants se verraient, à leur tour, refuser un séjour à l'étranger. En outre, l'impossibilité de l'Université de Genève à accueillir ces jeunes aurait pour double conséquence de compromettre certains des 343 accords Erasmus conclus par le bureau des relations internationales de l'Université et d'interrompre la négociation en cours de 10 nouveaux accords. Une situation délicate compte tenu que la Suisse, ne faisant pas partie de l'Europe, occupe déjà une place fragile au sein des programmes de mobilité. Mais comme la situation de l'an passé le laissait présager, cette crise ne se résorbera pas d'une année à l'autre. Aussi, pour les raisons qui précèdent et dans la perspective de la durabilité de cette problématique, la poursuite active de solutions à court, moyen et long termes a fortement mobilisé l'institution genevoise depuis plus de deux ans. Sur le plan des mesures à court terme, l'Université a, durant cette année, mis en place "la bourse au logement", un tableau d'affichage électronique en réseau qui permet de regrouper l'ensemble de l'offre et de la demande en matière de logement étudiant: www.unige.ch/dase/bulog/. En outre, un système de subvention au logement a été mis sur pied. Avec un montant annuel de 50'000 francs, ce fonds est destiné aux étudiants "mobilité" qui ne viennent à Genève que pour des périodes de 3 mois à un an, et qui, de ce fait, n'ont pas le temps de chercher un logement ou d'en changer. Il leur permet ainsi de trouver un habitat légèrement en dessus du loyer de base pour étudiant. A long et moyen terme, l'Université examine et entreprend divers projets de construction ou de rénovation en collaboration avec les départements cantonaux concernés (DAEL, DIP) et des organisations comme la FULE ou la Ciguë. A ce titre, le rectorat propose notamment de construire une nouvelle cité universitaire pour 2009. Par ailleurs, 40 chambres seront mises à disposition des étudiants au "15 Glacis-de-Rive", dès le semestre d'été 2004. Enfin, un projet de loi dont l'initiative revient au groupe informel de travail sur le logement des personnes en formation (PL 8885) dont l'Université assurait la co-présidence, a été adopté à l'unanimité par la Commission du logement du Grand Conseil et devrait être soumis prochainement à ce dernier. Il prévoit notamment la création d'un fonds de 10 millions de francs destiné à la construction de logements pour personnes en formation. L'Université a également sollicité l'assistance des milieux immobiliers, des communes genevoises et de diverses fondations afin de prendre en location, pour une durée déterminée par le propriétaire, des locaux d'habitation vides ou en attente de démolition. Plusieurs autres démarches ont aussi été entreprises comme des contacts avec des régisseurs et avec les responsables des divers foyers pour jeunes en formation, la mise en place de baux collectifs pour les étudiants. Toutefois, ces mesures, qu'elles soient à court terme ou de longue haleine, ne suffisent pas à résoudre les actuels problèmes de logement. En dépit de ses efforts et notamment des annonces passées dans la presse pour trouver des chambres chez l'habitant, l'Université craint que la rentrée d'octobre 2003 soit notablement plus difficile que la rentrée 2002 et que de nombreux nouveaux étudiants ne parviennent pas à se loger décemment. Face à cette urgence circonstancielle, l'Université a donc décidé de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation auprès de la population genevoise avec pour slogan "S'il te plaît, dessine-moi un logement!". Son principal objectif reste de rendre les Genevois attentifs aux enjeux qui découlent de cette crise et de les inciter ainsi à accueillir chez eux, pour un semestre ou deux, dans une chambre, un studio ou un appartement meublé, à un prix raisonnable, un-e étudiant-e de l'Université de Genève.
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Résumé chiffré concernant le logement à l'Université de Genève L'Université de Genève compte actuellement 14'138 étudiants, dont 7'000 qui doivent se loger indépendamment de leur famille. Ces derniers sont en majorité originaires des autres cantons suisses et de l'étranger. A Genève, environ 2'550 logements sont destinés aux jeunes en formation dont 1'500 à 1'600 réservés aux universitaires. Dans ces derniers, le Bureau du logement de l'Université gère directement 450 logements, soit environ 20 de plus que l'an passé. L'Université héberge ainsi 3,2 % du total des étudiants et 7 % des étudiants qui viennent de l'extérieur de Genève. Parmi les principaux foyers universitaires, autres que ceux proposés par le Bureau du logement de l'Université, on peut mentionner la Cité universitaire (530 places), les Centres universitaires protestants 1 et 2 (122 places), la Résidence universitaire internationale (114 places), le Centre Saint-Boniface (128 places), le Foyer international Saint-Justin (122 places), la Coopérative de logement pour personnes en formation (CIGUE) (190 places).
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