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 Communiqué de presse 


Un nouveau centre d'excellence attribué à l'UNIGE
Le prof. Yves Flückiger prend la tête d'un pôle spécialisé en «Economie de la formation professionnelle»

Après une mise au concours au plan suisse et l'examen d'experts nationaux et internationaux, l'Office fédéral de la formation professionnelle vient d'attribuer la direction d'un Centre de compétences en «économie de la formation professionnelle» au prof. Yves Flückiger, Directeur du Département d'économie politique de l'Université de Genève (UNIGE). Doté d'un budget de 1,3 millions de francs, ce Centre national aura pour mission d'évaluer la performance des systèmes éducatifs actuels. A ce titre, il tentera de cerner tant les paramètres qui conditionnent la transition entre la formation et l'emploi, que ceux propres à la formation continue. Il s'attellera particulièrement à produire des résultats concrets, susceptibles d'orienter les réflexions du monde politique concernant l'économie de l'éducation. Enfin, le Centre sera l'occasion d'une collaboration inédite, puisqu'il est joint, dans son effort de recherche, par le prof. Siegfried Hanhart de la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l'UNIGE et le prof. José Ramirez de la Haute école de gestion de Genève. Ce nouveau succès pour l'UNIGE intervient quelques mois seulement après l'obtention du troisième PRN en Sciences affectives et souligne la capacité de l'institution genevoise à entreprendre des projets ambitieux dans des domaines novateurs.

Durant les années 1990, la Suisse a été amenée à modifier la répartition de ses dépenses publiques en raison de restrictions budgétaires. Ces impératifs ont accentué la nécessité de concilier un système scolaire de qualité et une gestion plus efficace des ressources consacrées à l'éducation. C'est dans ce contexte singulier que l'Office fédéral de la formation et de la technologie (OFFT) a mis au concours l'octroi d'un Centre de compétence en «économie de la formation professionnelle».

Or, c'est le projet conçu par l'équipe du prof. Yves Flückiger, de la Faculté des sciences économiques et sociales de l'Université de Genève (UNIGE), ex aequo avec celui de l'Université de Zürich, qui a retenu l'attention des experts. Porté par l'ambition de fournir rapidement des résultats concrets, et donc essentiels à l'élaboration d'une politique de l'éducation et de l'emploi adaptée aux enjeux de notre époque, le Centre d'excellence ne négligera pas non plus le long terme et proposera aux chercheurs des terrains fertiles à défricher. Pourvu d'un budget de 1,3 millions de francs, il emploiera quatre personnes, engagées à plein temps, pour une durée minimum de trois ans. De plus, l'attribution de ce Centre va susciter l'allocation de nouveaux mandats de recherche à l'UNIGE qui constitueront autant de sources de financement supplémentaires permettant de pérenniser le Centre à plus long terme.

Trois axes d'études complémentaires Les projets de recherche développés par le Centre s'articulent autour de trois axes principaux. Les deux premiers focalisent les recherches sur deux «moments-clés» de la trajectoire professionnelle, ceci dans une perspective biographique: le passage de la fin de la scolarité obligatoire au monde du travail et la formation continue. Le troisième axe est, quant à lui, plus spécifiquement dévolu à l'étude du comportement des entreprises à l'égard de la formation des apprentis et de la formation professionnelle continue.

De l'école à l'emploi
Devenue une question politique prioritaire en ces temps où le taux de chômage est élevé et le pourcentage de diplômés augmente, la transition de l'école à l'emploi retiendra l'attention des chercheurs, conscients que les transitions qui s'opèrent à l'intérieur du système de formation, puis sur le marché du travail renforcent la sélection. Pour en faire l'étude, ils décortiqueront les informations contenues dans la base de données souvent méconnue TREE, pour TRansition Ecole-Emploi, une enquête effectuée dans le sillage de la fameuse enquête PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves), réalisée par l'Organisation de Coopération et de développement économiques (OCDE).

La formation en continu
Dans une société du travail en mutation, où les résultats du progrès technique se diffusent à toute allure dans l'économie, la formation continue prend une place considérable et mérite l'attention des chercheurs. Les personnes en emploi sont en effet toujours plus appelées à réactualiser leur connaissance si elles veulent diminuer les risques d'exclusion du marché du travail et tirer profit du progrès en termes salariaux. Ceci est d'autant plus vrai si l'on tient compte du vieillissement de la population active, une population dont on exige toujours plus de flexibilité et de mobilité. Le Centre de compétence a dès lors choisi tout naturellement d'intégrer la formation continue comme dimension d'études. Pour dessiner les premiers contours de cette problématique, les chercheurs reprendront les résultats de l'enquête ALL (Adult Literacy and Lifeskills Survey), une prospection couvrant de nombreux pays dont la Suisse et qui porte sur le devenir du «bagage technologique» des travailleuses et travailleurs au long de leur carrière.

Du point de vue de l'entreprise
Les investigations du Centre porteront, en dernière instance, sur la demande de travail émanant des entreprises en matière d'emploi des apprenti-e-s et de formation continue. Alors que les deux premiers axes de recherche pourront s'appuyer sur des données disponibles, ce dernier sera basé sur une nouvelle enquête. Il intégrera les informations recueillies lors du recensement fédéral des entreprises et les mettra en relation avec, d'une part, celles de l'enquête suisse sur la structure des salaires (LSE) et, d'autre part, avec celles d'une autre enquête relative aux dépenses de recherche et de développement dans l'économie privée en Suisse. Ainsi, il deviendra possible de caractériser les entreprises qui engagent des apprenti-e-s, en considérant leur degré d'ouverture au commerce international, leur comportement en matière d'innovation, le statut des personnes qu'elles emploient et aussi leur politique salariale, elle-même définie à partir de l'enquête LSE. Du point de vue de la formation continue, les bases de données actuelles seront complétées par des recherches empiriques pour cerner la motivation des firmes à former, les impacts des changements économiques et technologiques sur leur politique formatrice, les effets réels de la formation continue en entreprise ou bien encore le comportement des salariés en matière de formation professionnelle continue.

Un centre initiateur de réseaux
L'un des points forts du Centre en «économie de la formation professionnelle» de l'UNIGE résidera dans les collaborations et les échanges de données qu'il va permettre d'actionner. La mise en commun des résultats de multiples enquêtes ainsi que leur interprétation croisant les approches académiques de diverses unités de l'UNIGE (le Département d'économie politique, la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation et enfin l'Observatoire universitaire de l'emploi) avec celles d'une Haute école de gestion, préciseront les enjeux inhérents au système éducatif en articulation avec la réalité, aujourd'hui rendue très mouvante, du monde du travail. Pour atteindre ses objectifs, le Centre pourra également s'appuyer sur de solides relais institutionnel et académique, dont feront partie le Service de Recherche en Education (SRED) basé à Genève, l'OCDE et l'Institut bâlois Plattner, ainsi que d'éminents professeurs comme Claude Montmarquette de l'Université de Montréal, Saïd Hanchane de l'Université d'Aix-en-Provence, Jean-Jacques Paul, Directeur de l'Institut de recherche sur l'éducation, CNRS, à Dijon.

Des recherches de portée internationale
En dépit des apparences, loin de se limiter à une utilité régionale ou nationale, les résultats des études conduites par le Centre pourraient rapidement acquérir une notoriété internationale. En effet, du point de vue de la recherche, la Suisse offre une expérience naturelle unique compte tenu de l'organisation de son système éducatif caractérisé par 26 systèmes scolaires différents. Cette particularité est un atout important pour l'analyse des problématiques liées à l'éducation. L'étude du cas suisse est donc particulièrement intéressante du point de vue plus général de l'économie de l'éducation et elle peut représenter un cas d'étude de référence pour les autres pays de l'OCDE du fait précis de son système de formation professionnelle dual relativement rare.

Ainsi qu'on peut le voir, le Centre national en «économie de la formation professionnelle» de l'UNIGE réunit autant de facteurs qui participent de son grand intérêt pour la Suisse et l'éducation que celle-ci entend dispenser auprès des générations à venir.

Pour obtenir de plus amples informations, n'hésitez pas à contacter le prof. Yves Flückiger au 022 379 82 80 ou à Yves.Flueckiger@ecopo.unige.ch

Genève, le 25 août 2005