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 Communiqué de presse 

Faire l'Europe des sciences sociales - Des sociologues de l'UniGe coordonnent l'Espace pour les sciences sociales européen

Frontière des langues, hermétisme dû aux traditions nationales, distance des cultures, nombreux sont encore les obstacles qui se dressent devant la constitution de réelles voies d'échanges scientifiques en Europe. Pour y remédier, une équipe de sociologues de l'Université de Genève lance l'Espace pour les sciences sociales européen (ESSE), un projet d'envergure qui se propose d'analyser les possibilités de réalisation d'un tel espace ainsi que d'identifier les barrières qui s'opposent à son émergence. En outre, il faut signaler que l'ESSE est le premier réseau du 6e Programme-cadre de l'Union européenne à être coordonné financièrement, administrativement et scientifiquement par un groupe de recherche genevois. En effet, depuis le 1er janvier 2004, les chercheurs suisses ont le droit de coordonner intégralement des projets du 6e Programme-cadre. Rappelons, à ce titre, que la participation aux programmes de recherche de l'UE constitue une manne importante pour la recherche suisse qui lui profite au moins autant sur le plan scientifique que financier.

L'Europe des sciences sociales reste à faire. En effet, structurée par des traditions académiques, des courants de pensée et des codes linguistiques distincts, la recherche universitaire menée dans chacun des pays de la Communauté européenne peine, le plus souvent, à propager ses résultats au-delà du cadre de ses frontières. Alors qu'un espace européen supra-national est aujourd'hui en voie de constitution, les sciences sociales européennes sont, elles, plus marquées par leurs clivages que par une identité propre. Pour pallier ce phénomène, un groupe de sociologues de l'Université de Genève vient de lancer l'Espace pour les sciences sociales européen (ESSE). Un réseau ambitieux initialement imaginé par le sociologue français Pierre Bourdieu et qui vise, via la coordination internationale de plus de cent chercheurs confirmés, à mieux comprendre ces différences nationales afin de les transcender.

Coordonné par le prof. Franz Schultheis du Département de sociologie de l'Université de Genève, l'ESSE se fonde sur une approche comparative de l'histoire des sciences sociales et humaines dans chaque pays d'Europe. Il vise ainsi à identifier les divergences et convergences qui prévalent à l'intérieur de l'espace européen, à mettre en lumière les obstacles et les filtres qui ont empêché ou freiné une libre circulation des pensées. Muni d'un budget d'un million d'euros sur trois ans, l'ESSE entend favoriser les conditions d'un dialogue rationnel entre chercheurs issus de disciplines et de traditions différentes, tout en jetant les bases d'un véritable comparatisme.

Deux chantiers prioritaires
Pour atteindre ses objectifs, le réseau ESSE va essentiellement s'atteler à l'exploration de deux chantiers scientifiques. Une étude générale sur la production et la circulation des œuvres littéraires et artistiques en Europe, ainsi qu'une recherche sur la circulation des idées au sein de l'espace des sciences sociales en Europe, en prenant en compte les facteurs économiques et politiques propres à chacun de ces pays.

En outre, la démarche du réseau ESSE se concrétisera par la tenue de plusieurs colloques, d'une Ecole d'été, ainsi qu'un site web spécialement dévolu aux chercheurs (www.espacesse.org). Du 10 au 12 mars 2005, se tiendra notamment au Château de Coppet le premier grand colloque regroupant tout l'ensemble du réseau ESSE. Centré sur la thématique de L'inconscient académique, il permettra d'investiguer les systèmes d'enseignement et les catégories nationales de pensée. Les membres du réseau, accompagnés par des chercheurs juniors, s'interrogeront par exemple sur les "canons" de la pensées académique, ses normes du "juste penser", l'organisation différente des cursus universitaires selon les pays et, d'un point de vue plus pragmatique, sur la manière dont les étudiant-e-s intègrent le sens du "jeu académique". Le colloque fera également un état des lieux sur l'application de la Déclaration de Bologne au sein des pays européens. Une table ronde réunira, le vendredi 11 mars à l'Université de Genève, diverses personnes (universitaires, politiques, administratifs, etc.) en vue d'évoquer, à l'occasion d'un grand débat public, les premières conséquences de ces accords.

Chercher en Europe / Chercher avec l'Europe
Signalons enfin que l'ESSE est le premier projet européen à être coordonné scientifiquement, administrativement et financièrement par un groupe de recherche de l'Université de Genève. En effet, jusqu'au 31 décembre 2003, les chercheurs suisses ne pouvaient coordonner des projets du 6e Programme-cadre de l'Union européenne que sur un plan scientifique. Avec l'entrée en vigueur provisoire de l'accord bilatéral sur la recherche entre la Suisse et les Etats membres de l'UE, cette possibilité s'étend dorénavant à une pleine participation. Les participants suisses sont donc désormais directement financés par l'Union européenne et peuvent initier et coordonner intégralement des projets, ce qui leur donne une visibilité accrue au niveau européen et international.

Pour obtenir de plus amples informations, n'hésitez pas à contacter
le prof. Franz Schultheis ou le Groupe de Coordination Genève au 022 379 83 10 / www.espacesse.org


Genève, le 27 octobre 2004