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 Communiqué de presse 

Vers un combat rationnel contre le cancer - Une équipe de l’UNIGE découvre comment désarçonner les cellules souches de certaines tumeurs du cerveau

Ce sont des informations importantes pour la compréhension, voire le traitement de certains cancers, que rapportent en ce début d’année le prof. Ariel Ruiz i Altaba et son équipe de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE). En bloquant spécifiquement l’action d’une voie de signalisation moléculaire (SHH-GLI) dont ils étudient le rôle depuis plus de dix ans, les chercheurs sont en effet parvenus à inhiber la croissance de gliomes humains (cancers du cerveau adulte), à la fois in vitro et chez des souris. Le caractère exceptionnel de ce travail repose sur le fait que l’équipe genevoise a réussi à bloquer la capacité d’auto-renouvellement des cellules souches cancéreuses présentes dans ces tumeurs. Or ces cellules, qui résistent aux traitements actuels et s’observent dans de nombreux cancers, pourraient être responsables de la croissance des tumeurs, de leur résurgence et peut-être même des métastases. Ces résultats stimulent beaucoup les chercheurs de l’UNIGE qui espèrent trouver, à terme, le moyen de troquer les armes de destruction massive que représentent les traitements oncologiques actuels contre des thérapeutiques «rationnelles» et mieux ciblées.

En janvier 2004, le prof. Ruiz i Altaba établit ses quartiers au Département de médecine génétique et développement de la Faculté de médecine de l’UNIGE. Soutenu par la Fondation Louis-Jeantet de médecine, il y poursuit des recherches prometteuses, entamées il y a plus de dix ans à la New York University (Etats-Unis), dans les domaines des cellules souches et du cancer.

Les étapes d’une découverte
Ses travaux portent sur une voie de signalisation moléculaire reposant sur deux gènes, SONIC HEDGEHOG (SHH) et GLI1, importante pour le développement de l’embryon et régissant le comportement des cellules souches. Le rôle de cette voie est étudié dans les cellules souches normales du cerveau, mais aussi dans des cancers.

Septembre 2004 - Des expériences menées in vitro sur des cellules tumorales de la prostate prouvent que cette voie de signalisation joue un rôle dans leur prolifération, et qu’elle peut être inhibée par la cyclopamine, une petite molécule naturelle qui agit comme inhibiteur spécifique de la fonction SHH-GLI. Mieux encore, ces résultats se vérifient sur d’autres cancers, tels que ceux de la peau et du cerveau.

Janvier 2005 - Les chercheurs testent leurs hypothèses in vivo en soumettant des souris atteintes d’un cancer du cervelet (medulloblastome) à des injections de cyclopamine. Les souris se portent mieux, et leur longévité s’accroît.
Notons que ce type de tumeur et bien d’autres (voire toutes) contiennent des cellules souches cancéreuses que les traitements oncologiques actuels ne détruisent pas. Or ces cellules, pourtant rares, présentent des capacités d’auto-renouvellement qui pourraient bien être responsables des récidives tumorales et des métastases. Logique, donc, de s’intéresser de près à ces cellules sans lesquelles, apparemment, la tumeur ne serait rien...

Janvier 2007 - Voici les résultats publiés dans la revue Current Biology.

Des espoirs de plus en plus concrets?
Les derniers travaux de l’équipe du prof. Ruiz i Altaba démontrent que le comportement des cellules souches cancéreuses dépend… de la même cascade de signalisation SHH-GLI. Ainsi le blocage de cette cascade, par des méthodes pharmacologiques (injection de cyclopamine) ou génétiques (vecteurs lentiviraux), engendre l’arrêt de la progression de gliomes humains implantés chez la souris. Il faut rappeler qu’à ce jour, le gliome est incurable et que sa détection laisse aux patients une espérance de vie moyenne d’une année.

Bien que l’on ne puisse présager de rien avant d’avoir entrepris des tests sur les patients, ces découvertes pourraient avoir d’importantes retombées thérapeutiques. Si les conclusions des études menées par l’équipe du prof. Ruiz i Altaba devaient se vérifier sur l’être humain, les chercheurs tenteraient ensuite de mettre au point un médicament qui inhiberait la voie de signalisation SHH-GLI et, par là-même, pourrait stopper net le développement de cancers.

Ceci ne serait envisageable qu’à la condition que l’inhibition pure et simple de cette voie de signalisation soit sans danger. Mais à nouveau, si les tests effectués sur les souris, qui n’ont révélé que des effets secondaires mineurs tels que de légères diarrhées, sont transposables à l’être humain, il n’y aurait là rien d’inquiétant. On pourrait dès lors espérer que l’éradication des cellules souches cancéreuses consiste en un traitement relativement court, peu dommageable pour l’état de santé général du patient.

La recherche scientifique et la clinique, main dans la main
Une fois de plus, cette étude est emblématique du très grand potentiel d’une recherche scientifique fondamentale en connexion directe avec la pratique, et donc de la collaboration étroite que les chercheurs de la Faculté de médecine de l’UNIGE entretiennent avec leurs collègues médecins des Hôpitaux universitaires de Genève. Qu’il s’agisse d’échanger du matériel indispensable aux recherches scientifiques (des tumeurs, dans le cas présent) ou de confronter des expériences et connaissances diverses d’une même problématique, ces interactions constantes entre membres de l’institution hospitalo-universitaire ont pour conséquence d’offrir encore et toujours de meilleures prises en charge thérapeutiques, en phase avec l’actualité scientifique.

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le prof. Ariel Ruiz i Altaba au +41 (0)22 379 56 46 ou Ariel.RuizAltaba@medecine.unige.ch


Genève, le 24 janvier 2007