C o m m u n i q u é d e p r e s s e


Découverte d'un gène essentiel dans certaine maladies auto-immunes


Grâce à une collaboration internationale associant des chercheurs des Universités de Genève, de Tampere (Finlande) et de Keio-Tokyo (Japon) on a réussi à identifier un nouveau gène responsable de la régulation auto-immune, causant une maladie héréditaire, l'APECED (Autoimmune polyendocrinopathy - candidiasis - ectodermal - dystrophy) qui affecte les organes endocriniens. La découverte de ce gène devrait permettre d'aboutir à une meilleure connaissance d'autres affections plus communes, comme le diabète ou l'arthrite rhumatoïde. Cette étude vient de paraître dans la dernière édition de la prestigieuse revue Nature Genetics (vol. 17, pp. 393-398, décembre 1997) dont voici une traduction.

Une collaboration internationale composée de trois laboratoires, dont un à Genève, a découvert un nouveau gène responsable de la regulation de la réponse auto-immune. Les maladies auto-immunes comprennent des affections très diverses, allant de l'arthrite rhumatoide au diabète. On savait d'ores et déjà que ces maladies étaient fréquemment héréditaires, mais le processus génetique de régulation de la réaction auto-immune n'avait pas encore été éclairci. Cette nouvelle découverte pourrait avoir une grande incidence dans la compréhension des mécanismes destructeurs qui sont mis en place dans ce genre d'affection. Un article reportant cette étude est publié dans la prestigieuse revue medicale Nature Genetics du mois de décembre, (Vol. 17, pp. 393 à 398, 1997). La maladie pour laquelle ce gène a été identifié se nomme APS1 (Auto-immune polyglandular syndrome 1) ou APECED ("Autoimmune Polyendocrinopathy - Candidiasis - Ectodermal - dystophy", soit le syndrome 1 polyglandulaire auto-immune). Cette affection est présente partout dans le monde, mais plus particulièrement dans certaines populations isolées en Finlande, en Sardaigne et chez les juifs d'Iran. Cliniquement, l'APECED comprend différentes affections auto-immunes affectant principalement les organes endocriniens comme la glande parathyroïde, la glande thyroïde, le cortex des glandes surrénales, le pancréas et les gonades. Les patients développent alors des anticorps contre les organes atteints, dont les fonctions s'atrophient peu à peu au cours de l'évolution de la maladie. L'APECED est une affection héréditaire, dont le gène a été localisé en 1994 à l'intérieur du plus petit chromosome humain, le chromosome 21.
Le gène défectueux à l'origine de l'APECED a aujourd'hui été cloné, grâce à une collaboration internationale composée du professeur Stylianos Antonarakis, et du Dr Harnish Scott (Département de génétique et microgiologie, Division de génétique médicale, à l'Hôpital cantonal et à l'Université de Genève en Suisse), du professeur Kai Krohn, (Université de Tampere en Finlande) et du professeur Nobuyoshi Shimizu (Université de Keio à Tokyo au Japon). Le gène a été identifié par l'analyse de mutations chez des patients Finlandais et Suisses.
La fonction du gène et la protéine qu'il code sont encore inconnus, mais la structure envisagée de la protéine a les caractéristiques de molécules impliquées dans la régulation d'autres gènes. La question de savoir si les gènes sous le contrôle de la production de l'APECED sont exprimés dans le thymus, les autres tissus immuns ou encore dans les autres organes affectés par la maladie reste ouverte. On sait aujourd'hui que le gène APECED et son produit constituent un maillon de la chaîne biologique qui régule la réponse immunitaire. Ce nouveau gène détermine donc probablement directement ou indirectement la manière dont la réponse immune est dirigée contre certain tissus ou organes dans les affections d'origine auto-immunes.
Le gène APECED est le premier gène responsable de la régulation de l'auto-immunité à être isolé, et sa découverte pourrait avoir une grande portée. Bien que l'APECED en tant que tel ne soit pas une maladie très repandue, la connaissance de ce gène et de son produit pourraient avoir un rôle dans d'autres affections plus communes, comme le diabète et l'arthrite rhumatoïde, deux maladies ayant de grandes implicatons au niveau clinique et socio-économique.


Renseignements:
professeur Stylianos E. Antonarakis, Dr Hamish Scott
Division de génétique médicale, Département de généfique et microbiologie
Centre médical universitaire1, rue Michel-Servet, 1211 Genève 4, Suisse
Tél: (022) 702 5707, Fax: (022) 702 57 06


Juin 1998 - Mise à jour:  presse@unige.ch