Communiqué de presse

 

Détection et suivi du cancer grâce à une prise de sang !
Pour la première fois, le point de la situation lors d'un colloque international

 

Comment détecter un cancer de manière précoce? "Par une prise de sang" ont répondu en 1996 Philippe Anker et Maurice Stroun, chercheurs à l'Université de Genève. Ils ont en effet mis en évidence la présence de fragments d'ADN altéré, véritable signature d'une tumeur, dans le plasma du sang. Depuis cette découverte, plus de cinquante laboratoires dans le monde ont poursuivi des recherches dans ce domaine.

Pour la première fois, les chercheurs concernés se réuniront à Annecy, du 18 au 20 août 1999, pour confronter leurs résultats à l'occasion du symposium Circulating Nucleic Acids in Plasma/Serum. Au programme, des discussions sur l'origine de ces fragments d'ADN dans le sang, sur le développement d'un test sanguin accessible à tous les praticiens et le point sur de nouveaux domaines d'application.

En 1989, le Dr Philippe Anker et le Dr Maurice Stroun de la Section de biologie de la Faculté des sciences prouvent l'existence de fragments d'ADN tumoral dans le plasma sanguin. Cette découverte ouvre la voie à une possibilité de diagnostic précoce du cancer et à la mise au point d'une méthode de détection par simple test sanguin.

Aujourd'hui, plus de cinquante laboratoires travaillent sur le sujet dans le monde entier. Afin de confronter leurs résultats, ils ont été conviés par les deux chercheurs de l'Université de Genève à assister au symposium Circulating Nucleic Acids in Plasma/Serum. Présidé par le Dr Sidransky de la Johns Hopkins University School of Medecine (Baltimore, USA), ce colloque international, réunissant plus de septante chercheurs, se tiendra du 18 au 20 août 1999 à Annecy (Haute-Savoie).

A cette occasion, plusieurs sujets seront abordés par les spécialistes qui traiteront notamment de la portée de cette nouvelle méthode. "Cette technique peut servir à la détection du cancer mais également au pronostic des chances de survie du patient et à son suivi", expliquent Philippe Anker et Maurice Stroun, organisateurs du colloque. La détection précoce constitue un élément central dans la prévention du cancer, car elle augmente les chances de guérison du malade.

Plusieurs entreprises pharmaceutiques assisteront également à ce symposium. Certaines présenteront des travaux qui portent sur la simplification et l'automatisation du test sanguin. Cette technique, utilisée jusqu'à présent à titre expérimental, est encore trop compliquée pour être utilisée de façon routinière dans les hôpitaux.

Des résultats prometteurs

En utilisant l'analyse de l'ADN, les chercheurs se sont intéressés à différents types de cancers. A l'occasion du symposium, ils présenteront quelques résultats très prometteurs.

Certains scientifiques se sont par exemple intéressés au cancer du pancréas, difficile à différencier d'une pancréatite qui est un type d'inflammation. Grâce à l'analyse de l'ADN du plasma, il a été possible de détecter la présence de tumeurs malignes dans cet organe, près d'un an avant le diagnostic clinique.

Dans le cas des cancers ORL (nez, gorge, oreilles), ce sont entre 80 et 95% des tumeurs qui peuvent être détectées par cette méthode.

En outre, cette dernière permet de pronostiquer, lors d’un mélanome, la présence de métastases, c'est à dire d'évaluer la gravité du cancer.

Une étude a également été menée en Gambie (Afrique de l'ouest) où un grand nombre de personnes souffrent du cancer du foie. Cette maladie se déclare à la suite de l'hépatite virale B et d'une exposition à l'aflatoxine, une protéine qui contamine les arachides. Les résultats de la recherche montrent qu'il est possible de déceler dans l'ADN du plasma, les premiers symptômes d'une évolution maligne sur des personnes ne présentant apparemment aucune maladie du foie.

D'autres domaines d'application ont été étudiés. Il est notamment apparu que des fragments d'ADN du fœtus circulaient dans le plasma sanguin de la mère. "Cette découverte permettra d'obtenir des renseignements sur l'enfant sans passer par une amniocentèse risquée" expliquent les organisateurs. "Ainsi, par simple prise de sang chez la mère, il est déjà possible de déterminer le groupe Rhésus de l'enfant, dès le premier semestre de la grossesse."

Enfin, les scientifiques discuteront de l'origine des fragments d'ADN dans le plasma. Parmi les différentes hypothèses qui seront examinées, les chercheurs s'arrêteront notamment sur la possibilité d'un nouveau mécanisme. Certains résultats montrent en effet que des cellules vivantes libèrent activement et en permanence de l'ADN.

Circulating Nucleic Acids in Plasma/Serum
Implication in Cancer Diagnosis, Prognosis or Follow up and in Prenatal Diagnosis
Présidé par Dr. D. Sidransky du Johns Hopkins University School of Medicine
du 18 au 20 août 1999 au Palace Hôtel de Menthon-Annecy (Haute-Savoie)
Le symposium est soutenu par la Ligue suisse contre le cancer, l'Association européenne de recherche sur le cancer et des entreprises suisses.

Accès libre pour les journalistes

Pour plus de renseignements ou si vous souhaitez obtenir un interview,
n'hésitez pas à contacter le Dr Anker et le Dr Stroun,
Faculté des sciences de l'Université de Genève
Tél. (0041 22) 702 63 37 ou 702 63 38