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 Communiqué de presse 

L'Université se préoccupe des risques majeurs: solutions nouvelles en vue?

Le 5e Colloque CLUSE propose une réflexion transdisciplinaire autour des risques majeurs. Le naufrage du pétrolier Erika en Bretagne, le scandale de la dioxine en Belgique et les tremblements de terre en Turquie sont autant de phénomènes qui montrent l'interdépendance des populations de notre planète face à ces risques d'origine technologique, naturelle ou conflictuelle. Le fait de vivre avec cette épée de Damoclès incite naturellement chercheurs, politiciens et opinion publique à débattre de manière globale de la gestion de ces risques. Afin de développer des solutions nouvelles et communes, des spécialistes de toutes les disciplines se retrouveront à Genève les 21 et 22 septembre 2000.

Les risques de catastrophes, comme l'ouragan Mitch et l'épidémie de la vache folle constituent des risques majeurs pour la société. Qu'ils soient d'origine naturelle (ouragans, tremblements de terre, etc.), technologique (explosion d'une usine nucléaire, pollutions industrielles accidentelles massives, etc.) ou d'origine conflictuelle (émeutes, génocides, etc.), ils posent des problèmes très complexes de management. Face à l'obligation de vivre avec, la société doit gérer ces risques d'une manière globale et intégrée pour en réduire les effets et diminuer leurs conséquences.

Afin de développer des outils capables de répondre aux problèmes rencontrés sur le terrain, des chercheurs en sciences humaines et sociales, en sciences naturelles et exactes ainsi qu'en médecine se réuniront les 21 et 22 septembre à Genève dans le cadre du colloque CLUSE. L'accent portera sur une approche transdisciplinaire des risques majeurs et permettra de faire un tour d'horizon des travaux de recherches en cours dans ce domaine.

Les principaux objectifs du colloque seront d'identifier la notion et la perception de risques dans les différentes disciplines, d'étudier les attitudes des trois acteurs importants de notre société - politiques, experts et opinion publique - face au risque et de déterminer les mesures envisageables. Afin de stimuler le débat et dynamiser le colloque, un forum de discussion sur internet permet d'ores et déjà aux personnes intéressées de réagir aux textes des intervenants qui figurent sur le site http://www.unige.ch/intl.

Zoom sur quelques projets qui seront présentés lors du colloque

Tremblement de terre: un logiciel qui dit tout

Dans le cadre du programme européen de Recherche Environnement, une équipe de l'Université de Genève dirigée par le prof. Jean-Jacques Wagner a participé au développement d'un prototype informatique appelé SERGISAI. Développé pour traiter des problèmes sismiques, il sert à la fois d'outil de prévention, d'outil de gestion de crise et d'outil de planification de la reconstruction. Il a été conçu en fonction de l'utilisateur et permet d'accéder aux différents niveaux d'information. Par exemple, alors que le scientifique pourra accéder aux différents éléments de probabilité de secousses sismiques, le dirigeant politique pourra quant à lui obtenir une évaluation chiffrée des dommages potentiels. Grâce à ce logiciel, il est également possible d'estimer la vulnérabilité des bâtiments et des installations. Véritablement novateur, il constitue un outil d'aide à la décision qui présente les résultats sous forme de cartes. A terme, ce prototype tendra à faciliter des politiques de gestion durable du territoire.

Risques de tempêtes de vent en Suisse: Lothar était-il prévisible?

Il est aujourd'hui reconnu par la communauté scientifique que le réchauffement global de la planète tend à modifier la variabilité climatique et entraîne davantage de phénomènes atmosphériques extrêmes, tels que la tempête Lothar qui a traversé la Suisse en décembre 1999. De tels phénomènes sont classés "extrêmes" en fonction de leur fréquence d'occurrence, de leur durée, des dommages causés, etc.

L'Institut de géographie de l'Université de Fribourg avec le prof. Martin Beniston effectue actuellement des simulations numériques du climat pour la Suisse, afin de mieux cerner les caractéristiques de ces phénomènes. L'objectif est de fournir aux instances dirigeantes les connaissances nécessaires à la prévention et à la gestion de telles catastrophes. Les résultats de ces travaux devront notamment servir à l'analyse ainsi qu'à la prévision de la fréquence et de l'intensité des tempêtes de vent en Suisse.

Santé publique et environnement: réflexion sur un nouveau contrat social

Le prof. Jean-François Viel de l'Université de Franche-Comté travaille sur les rapports entre les politiciens, les scientifiques et le public face aux menaces environnementales potentielles telles que le nucléaire ou la dioxine. Il porte notamment sa réflexion sur la répartition des rôles actuels entre le public, inquiet et souvent mal informé des risques, qui exige des autorités des mesures sanitaires; les politiciens, qui doivent assurer la sécurité des citoyens et qui dispensent un discours rassurant sans toujours mener de véritable gestion des risques; et les scientifiques, interpelés par l'opinion publique et soumis à la médiatisation de leurs recherches. Dans ce cadre, le prof. Viel démonte l'usage qui est fait de l'épidémiologie - science de l'observation permettant d'étudier les relations entre les pollutions environnementales et la santé publique - par ces trois acteurs. N'étant pas une science exacte, elle est souvent mal comprise, voire "prise en otage" lors des débats de société par les protagonistes qui interprètent ses résultats parfois de manière fort différente. Une situation qui met l'épidémiologie au cœur d'enjeux de société mais qui l'empêche de contribuer autant qu'elle le pourrait à une politique de gestion des risques.

Perception des risques et discours apocalyptiques

Clairette Karakash de l'Université de Neuchâtel présentera une analyse du discours apocalyptique souvent prononcé pour décrire les risques en prenant pour exemple la polémique autour des organismes génétiquement modifiés (OGM). Elle souligne notamment les caractéristiques communes qui se retrouvent dans les discours contemporains: la polarisation du débat avec pour les uns l'annonce de l'apocalypse et pour les autres la solution miracle, le déterminisme conféré au génome, etc. Elle établit un lien avec les prophéties apocalyptiques antiques et constate que les effets pervers, non désirés, du progrès scientifique et technique comme l'épidémie de la vache folle et l'affaire du sang contaminé, ont ébranlé la confiance populaire.

Conférence publique

Dans le cadre du colloque, une conférence publique et gratuite, intitulée L'expert, le politique et l'opinion publique face aux risques naturels, sera donnée par le prof. Philippe Masure de l'Université de Savoie, expert chargé des risques naturels au Bureau de recherches géologiques et minières (France). Il évoquera la position de l'expert, médiateur entre les scientifiques et les décideurs et l'importance du rôle des acteurs de la cité dans la prise de décision et la prévention. Il soulignera également l'évolution de la pratique actuelle vers une expertise collective. Cette conférence aura lieu à 17h30, le jeudi 21 septembre 2000.

CLUSE

Le réseau CLUSE est un réseau de coopération transfrontalière qui lie les Universités de Fribourg, Genève, Lausanne, Neuchâtel ainsi que l'Université de Franche-Comté et l'Université de Bourgogne. Il a pour objectifs d'encourager les échanges d'enseignants, de chercheurs et d'étudiants; de promouvoir la reconnaissance mutuelle des acquis; d'organiser des programmes communs d'enseignements et de recherche. Le réseau organise une fois tous les deux ans un grand colloque transdisciplinaire.

5e Colloque transfrontalier CLUSE, Risques majeurs: perception, globalisation et management, 21 et 22 septembre 2000, Université de Genève, bâtiment Uni Mail, colloque ouvert au public sur inscription (Fr.85.-) par téléphone 022 379 75 60 dans la limite des places disponibles.

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le prof. Jean-Jacques Wagner, tél. +41 22 702 66 02 ou
Franco Romerio, tél. +41 22 379 96 53