Expositions de l'UNIGE

CONSTELLATION LGBTIQ+ EN MOUVEMENT

Cette exposition invite au voyage et à la découverte, au questionnement et au cheminement. Elle explore la constellation LGBTIQ+.

PARADOXES D’UN ACRONYME: CONTINUUM?

L’acronyme LGBTIQ+ permet de nommer des personnes mises au placard, de souligner qu’elles sont davantage la cible de violences, de discriminations
et d’invisibilisation, d’une part, et qu’elles ne bénéficient pas des mêmes droits, d’autre part. Cet acronyme peut constituer un vecteur individuel d’identification et de construction identitaire, ainsi qu’un levier collectif de mobilisation et de revendication. L’énumération des différentes lettres relève la diversité des expériences et le manque de termes pour les formuler (à soi et à autrui) ou pour déjouer les étiquettes dénigrantes (exister hors du déni et du mépris, échapper au sceau du stigmate).
Ces lettres ne concernent cependant pas les mêmes registres (sexe ou genre ou sexualité) et les vécus des personnes entre les différentes lettres, tout comme au sein d’une même lettre, sont hétérogènes et des rapports de pouvoir s’y reconduisent. Afin d’éviter des mécanismes d’uniformisation et de réification, l’autodéfinition se montre incontournable, plutôt qu’une imposition externe. La binarité et la linéarité s’estompent pour la dynamique circulaire d’une constellation mouvante. Ruptures et continuités s’esquissent et se cristallisent, sur des plans biographiques et historiques, épistémiques et politiques.

EXPÉRIENCES ET RÉCITS

À travers l’indiscipline des corps face aux mesures disciplinaires (au sens de mesurer et de sanctionner), la pluralité et la fluidité des identités, l’incommensurabilité des expériences et la complexité des parcours se dessinent, les résistances et la créativité se déploient. Ce n’est pas le fait d’être LGBTIQ+ qui est source de souffrance, mais les violences et les silences, le rejet des proches et les discours ambiants. Il s’agit de prendre en compte à la fois la transversalité et la spécificité des mécanismes d’exclusion, l’arbitraire des critères fondant les discriminations (qui s’imbriquent) et les situations de vulnérabilité qui en résultent.

SAVOIRS

Au prisme des disciplines et des pratiques, la contextualisation et l’analyse des conditions de production des savoirs nécessitent l’identification de leurs angles morts et de leurs apports, de leur diffusion et de leurs usages.
Les critiques de la bicatégorisation hiérarchisante (créer deux catégories et en valoriser une au détriment de l’autre: +mâle/femelle- ; +homme/femme- ; +cisgenre/trans*- ; +masculin/féminin- ; +hétéro/homo- ; etc.) ouvrent une réflexion sur les concepts scientifiques et sociaux, en tant qu’instruments de contrôle ou fictions contingentes et potentiellement utiles.

HORIZONS

Des yeux qui se baissent aux soupirs à peine masqués, des mains qui se resserrent plutôt que de se lâcher, il est question d’écrire l’histoire sans défaut de mémoire. Pas à pas, panneau après panneau, en écho aux fractures du temps et aux fissures de l’espace, l’injonction au mutisme se brise, dans une approche solidaire de personnes, d’associations, de générations et de familles arc-en-ciel qui agissent en force de transformation.
Entre divergence et convergence s’étire une trame commune de toute personne qui tend vers davantage de dignité, d’égalité et de justice sociale. De la méconnaissance à la reconnaissance, les luttes continuent.


CAROLINE DAYER, experte des questions de violence et de discrimination, de genre et d’égalité

4 oct. 2018

Savoirs LGBTIQ+