Expositions de l'UNIGE

Choisir la gestation pour autrui

De plus en plus de pères gays choisissent de fonder leur famille grâce à la gestation pour autrui (GPA). Pour ce faire, les couples peuvent avoir recours à l’une ou l’autre des trois filières d’accès à la GPA, soit les agences privées établies dans certains pays qui coordonnent l’ensemble du processus, soit une femme qui gravite dans l’entourage du couple et qui accepte de participer à la réalisation de leur projet parental, soit enfin les réseaux sociaux comme Facebook qui favorisent l’émergence de communautés en ligne au sein desquelles circulent des offres de gestation pour autrui.
Plusieurs motifs  incitent ces hommes à se tourner vers la GPA pour devenir pères, dont la possibilité d’être présent lors de la grossesse et de l’accouchement, de pouvoir accueillir et prendre soin de l’enfant dès sa naissance ou encore d’avoir un lien biologique avec leur progéniture.

LA GESTATION POUR AUTRUI COMME PRATIQUE RELATIONNELLE

La gestation pour autrui suscite de nombreuses critiques. Ses détracteurs et détractrices diront des couples qui deviennent parents de cette façon qu’ils exploitent le corps des femmes dans le cadre d’une transaction marchande, associant fallacieusement l’enfant à un bien de consommation comme un autre. Si l’on ne peut pas écarter tout simplement ces questions qui touchent à des sujets fondamentaux, des recherches de terrain ont montré – notamment au Canada – que la gestation pour autrui se révèle être un processus hautement relationnel, qui implique un travail émotionnel et la construction d’une confiance réciproque entre les personnes concernées. La femme porteuse n’est pas considérée de manière réductrice comme un simple réceptacle de l’enfant désiré par le couple, mais bien comme une actrice essentielle à la réalisation de leur projet parental. Si ces liens sont principalement noués entre le couple et la femme porteuse, il n’est pas rare que le partenaire de vie et les enfants de cette dernière soient impliqués dans ce processus relationnel et participent activement à sa réalisation.

LA FEMME PORTEUSE AU COEUR DE LA GENÈSE FAMILIALE

Après la naissance de l’enfant, plusieurs pères entretiennent des relations plus ou moins soutenues avec la femme porteuse, ou par des interactions en ligne ou par des visites occasionnelles en personne. Des photos peuvent être échangées de part et d’autre de telle sorte que, non seulement ces femmes voient les enfants grandir, mais ceux-ci ont également accès à des photos d’elle et de sa famille. Peu importe le type de relation et la fréquence des contacts entretenus entre les pères et la femme qui a porté leur enfant, cette dernière est, dans tous les cas, intégrée pleinement dans la genèse de l’histoire familiale. Pour raconter ce récit de conception, certains pères font preuve d’une créativité étonnante: contes de fées et livres de naissance personnalisés sont parmi les moyens mis en place pour que leurs enfants puissent, dès leur plus jeune âge, comprendre les circonstances de leur venue au monde et intégrer la question de leurs origines. Pour les pères, il s’agit de faire preuve de transparence face à leurs enfants pour favoriser leur épanouissement et contribuer à leur bien-être.


ISABEL CÔTÉ et KEVIN LAVOIE, chercheuse et chercheur en travail social

4 oct. 2018

Savoirs LGBTIQ+