Capture d’écran 2017-06-13 à 22.44.43.pngPièces à conviction.

Pour une épistémologie de la matérialité judiciaire et policière, XVe-XXIe siècles

Colloque international, Université de Genève, 26-28 avril 2018

Uni Bastions - B 111

Dans le sillage du chantier de recherche ouvert par l’équipe Damoclès/UNIGE avec le colloque international (2010) puis l’ouvrage collectif Bois, fers et papiers de Justice. Histoire matérielle du droit de punir (Genève, Georg, L’Equinoxe, 2012), nous proposons d’en prolonger la problématique en une  réflexion interdisciplinaire sur les pièces à conviction. Lambeau de vêtement, garrot souillé, lettre de suicidé, monnaie falsifiée, résidu de balle, pierre maculée de graisse ou fragment de serrure : les « choses banales » (D. Roche) collectées durant l’enquête et produites au cours de l’instruction pour obtenir l’aveu ou convaincre le juge permettent de construire une histoire matérielle qui donne sens aux pratiques judiciaire et policières.

Longtemps reléguée en marge des réflexions sur la preuve en justice, la pièce à conviction mérite pourtant d’être examinée per se dans la mesure où elle structure la logique de l’incrimination que règle la procédure inquisitoire dès la fin du Moyen Age. L’approche par le biais de la culture matérielle permet ainsi de mesurer l’évolution des techniques d’investigation, la rationalisation bureaucratique des tribunaux ou le rôle déterminant des « trophées sinistres » lors du spectacle du jugement. Entendu au sens large comme tout objet produit en justice dans le but d’attester de la matérialité d’une infraction, la pièce à conviction est constitutive d’une culture épistémologique qui s’impose en Europe continentale avec l’avènement de l’Etat moderne et qui s’affirme corrélativement au progrès des méthodes scientifiques.

L’approche interdisciplinaire privilégiée ici permet de penser le rôle, la fonction et l’usage des objets dans le procès pénal. Le croisement des traditions disciplinaires (histoire du droit, histoire sociale, histoire culturelle) et des méthodologies (archéologie, science humaine, criminologie) donne accès à tous les aspects de la culture matérielle du droit de punir. L’analyse du droit et des interprétations doctrinales questionne ainsi le statut de l’objet dans la culture juridique occidentale, variable selon les systèmes probatoires.

Conception et organisation: Vincent Fontana, Michel Porret

Partenariat: CRIMINOCORPUS – Crime, Histoire & Sociétés – Musée Lombroso (Turin) – Archives Nationales (Paris) – Archives d’État de Genève (Genève) - Right to truth, truth(s) trought rights

Télécharger: Appel à contribution   Programme du colloque

 

Illustration: Instrument du crime, un couteau trouvé
 chez Philippe Chaudronet, Archives d’État de Genève, P.C. 1ère s. 14331 (« vol »), 1784.