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Police et justice: le nœud gordien. Du temps des Lumières à l'État libéral (1750-1850)

Colloque international, 20-22 novembre 2014, Université de Genève

En pratique comme en théorie, police et justice constituent deux modalités spécifiques de la pacification sociale, deux manières d’exercer la puissance souveraine, deux modes de gouvernement. Pendant longtemps, bien que conceptuellement distinctes (elles relèvent « d’un ordre différent » selon Montesquieu), les activités de police et de justice sont  soumises à la confusion des compétences, à des limites de juridictions floues, confiées à des institutions et à des acteurs qui officient indifféremment dans l’un ou l’autre des deux domaines.

Selon des chronologies diverses, un peu partout au XVIIIe siècle, la police s’autonomise par rapport à la justice dont les pouvoirs sont plus anciennement et solidement constitués : les frontières institutionnelles se déplacent, les acteurs et les territoires d’intervention se spécialisent peu à peu. Cette tendance de fond est radicalisée par la Révolution française. Dès 1789, la séparation institutionnelle entre police et justice est une exigence constitutionnelle qui participe à l’édification de l’État de droit issu de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En 1808, le Code d’instruction criminelle entérine la séparation des fonctions policières et judiciaires dans la chaîne du pénal et en fixe durablement les contours, en France comme dans une grande partie de l’Europe continentale. Jusqu’à aujourd’hui pourtant, les tensions qui caractérisent les relations entre police et justice, entre juges et policiers, n’ont jamais cessé. Elles soulèvent toujours des questions d’une actualité toujours renouvelée, parfois brûlante, mais les outils historiques manquent pour en saisir pleinement les enjeux.

Le colloque entend aborder l’articulation entre police et justice en se concentrant sur la chronologie de sa problématisation inaugurale, du temps des Lumières à l’avènement de l’État libéral, en Europe et en Amérique du Nord. Entre 1750 et 1850, les liens entre police et justice sont profondément reconfigurés par la pratique autant que par la norme, alors que se pose l’inextricable question de l’autonomie et de la complémentarité des fonctions policières et judiciaires.

L’objectif du colloque consiste moins à combler une lacune historiographique qu’à inciter, à partir d’études de terrain, la réflexion sur le nœud gordien de la relation entre police et justice. Comment se font ou se défont les relations entre les deux ordres de réalités ? Quelles sont les logiques propres qui les animent, leurs fonctions respectives et les frontières qui les départagent ? Comment se différencient et se rencontrent les acteurs, les pratiques et les institutions ? Quels sont les modalités de la collaboration ou de la distinction de la police et de la justice ?

Colloque Damoclès organisé en partenariat avec l'ANR Sypoe (Systèmes policiers européens, 18-19ème siècle) et l'International Association for the History of Crime and Criminal Justice.

Une partie des textes présentés lors du colloque a fait l'objet d'un livre collectif publié chez Georg éditeur.

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Illustration: Fedele Fischetti (1734-1789), Alexandre tranchant le nœud gordien, huile sur toile, 49 x 73 cm