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Le temps des abolitions. Mort pénale, esclavage et autres combats (XVIIIe-XXe siècle)

Université de Genève, 11-12 novembre 2016, salle B 101

Organisation: Olivier Grenouilleau (Paris IV, Centre Roland Mousnier), Michel Porret

La peine de mort est à la vie ce que l’esclavage est à la liberté des individus. Ces deux dispositifs de capture des corps ont connu dans l’histoire leurs partisans et leurs adversaires. Cette journée d’étude vise à croiser les cultures abolitionnistes qui mettent hors jeu la mort pénale et l’esclavage au nom de principes humanistes, religieux, utilitaires, sociaux et politiques. En questionnant les grammaires sociale et intellectuelle des protagonistes de l’abolition et de leurs adversaires, on pourra reconstruire et penser les enjeux croisés de ces abolitionnismes, comprendre leurs régimes d’historicité à travers les sources, les normes, les institutions, les pratiques et les discours, depuis le milieu du XVIIIe siècle.

Plusieurs phénomènes interrogent. Comme la concomitance historique des deux phénomènes, et le fait que des individus (comme Hugo ou Condorcet), aient pris position en faveur des deux abolitions. Pour autant, les deux processus n’ont jusqu’ici jamais fait l’objet d’une comparaison. Croiser l’abolitionnisme de la mort pénale avec celui de la traite et de l’esclavage doit permettre de mieux comprendre les enjeux communs et divergents de ce double abolitionnisme, moral et utilitaire. N’est-il pas à la fois le reflet et l’un des moteurs d’une anthropologie moderne de l’individu dans les régimes libéraux et démocratiques, ainsi que d’une forme d’économie-morale du salut ?

L’enjeu est d’autant plus important qu’il dépasse de loin ces deux abolitions. A partir du XVIIIe siècle, ce sont en effet d’autres « institutions » que des hommes et des mouvements se donnent pour objectif d’abolir, qu’il s’agisse de la piraterie, de la guerre, de la prostitution, de la mendicité, ou encore de la violence humaine à l’encontre des animaux. Il y a donc bien une ère ou un temps des abolitions. L’objectif est de les analyser de manière croisée afin de mieux discerner ce qui les rapproche et les sépare.

Programme complet des deux journées d'études

 

Illustration: Faits relatifs à la traite des noirs, publié par le Comité pour l'abolition de la traite des noirs, Paris, 1826, p. 15.