Projet FNS Sinergia Acteurs de la fabrique des savoirs
Depuis le 1er janvier 2010, 6 équipes de recherche de l'UNIGE, issues de 3 facultés différentes, travaillent ensemble sur la thématique de la Fabrique des savoirs.
Groupe A: De la construction d'une mémoire religieuse à l'histoire des religion
Ce groupe travaille sur la constitution d'un savoir pré-académique aux sources de l'histoire des religions comme discipline. Ce processus passe par la réinterprétation périodique, de l'antiquité jusqu'à l'avènement de la modernité, des mémoires religieuses issues des cultures méditerranéennes et proche-orientales anciennes. Le projet vise à construire une réflexion comparatiste et anthropologique sur la manière dont des cultures anciennes et modernes construisent une mémoire des religions, s'approprient et ne cessent de réélaborer le passé des rites et des croyances. Il s'agit d'appréhender de manière diachronique les transformations et réinterprétations des savoirs religieux issus de cultures anciennes dès lors, qu'ils rencontrent de nouvelles cultures, et en particulier (phase décisive) lorsqu'ils sont confrontés au christianisme. Ce travail continu s'enracine dans les terrains du monde méditerranéen ancien (Proche-Orient, Egypte, Judée, Grèce et Rome).
Groupe B : Normes judiciaires, médico-légales et policières au temps des Lumières. Des savoirs diffus aux savoirs constitués (DAMOCLES)
Ce groupe travaille sur les institutions, la fabrication et les protagonistes des normes judiciaires, médico-légales et policières à l'époque moderne, avec un fort accent sur le temps des Lumières. Dans l'archive judiciaire mise dans le prisme théorique de la doctrine et des ouvrages imprimés en Europe depuis les années 1650, il s'agit de montrer l'évolution qui mène des savoirs diffus aux savoirs constitués qui s'affirment durant les 2-3 dernières décennies du XVIIIe siècle. Si cette enquête sera complexe et longue en raison de la richesse documentaire des archives judiciaires, une première évaluation concrète de la mutation séculaire des normes judiciaires, médico-légales et policières dans leur processus de modernisation et de limitation de l'arbitraire inhérent à la justice sous l'Ancien Régime sera donnée bientôt à lire dans un ambitieux ouvrage intitulé : Corps violentés, âmes tourmentées : la médecine légale au XVIIIe siècle. Nouveau paragraphe.
Groupe C : La fabrique des savoirs dans le champ pédagogique 19e-20e siècles (ERHISE)
L'attention de ce groupe a d'abord été ciblée sur l'analyse de l'évolution de la structure de la fabrique des savoirs dans le champ pédagogique, pour déterminer qui en sont les principaux protagonistes et quelles sont les relations qu'ils entretiennent entre eux ; quelles sont les conditions matérielles et organisationnelles existantes et construites par eux pour renouveler les savoirs dans le champ pédagogique ; dans quels réseaux locaux, régionaux, nationaux et internationaux ils s'inscrivent.
Groupe D : L'École de Genève. La construction du champ psychologique entre divergence et unité 1875-1975
Pour commencer à mettre en évidence la manière dont l'Ecole de Genève s'est constituée autour des trois domaines principaux - 'le modèle genevois', 'l'industrie Piaget' et 'l'atelier Rey' - la première année de travail a été consacrée au dépouillement d'archives, à des conférences sur le thème et à la préparation de publications. Concernant le premier volet, les recherches se sont concentrées sur la naissance de la psychologie expérimentale à Genève autour de Théodore Flournoy. Ce thème a été présenté à l'Ecole doctorale romande de psychologie à Neuchâtel ainsi que dans un séminaire au CNAM de Paris. La première étude (Ratcliff 2010a) discute de la rupture entre la psychologie académique enseignée à Genève dans la seconde moitié du 19e siècle et l'enseignement de Flournoy, par une analyse microhistorique des circonstances qui ont permis l'établissement de la chaire de psychologie expérimentale et de son laboratoire. La seconde recherche (Ratcliff 2010b) étudie le réseau de Flournoy, tant avec les savants qu'avec les constructeurs d'instruments, et permet d'identifier plus précisément le poids et les limites du modèle de Leipzig dans la fabrication des nouveaux savoirs concrets relatifs au laboratoire. Ces travaux ont aussi fait l'objet d'une diffusion à un plus grand public (Ratcliff 2010d) et d'une publication en cours (Ratcliff b). D'autres recherches sont en cours. La constitution d'un champ scientifique implique la compétition pour les ressources, c'est entre autres ce que montre un compte-rendu par M. Hauert (b) de la Correspondance entre Claparède et Antipoff, pour la période 1925-1940, et qui illustre le déclin progressif du fondateur de l'Institut Rousseau, en filigrane de la montée de Piaget.
Groupe E : L'histoire institutionnelle et sociale des sciences physiques théoriques (Suisse romande, 1870-1970)
Conformément au plan de recherche, mon groupe s'est employé à explorer et analyser les différentes sources concernant la physique en Suisse romande. Nous avons dépouillé et examiné les documents relatifs à l'histoire de la physique aux académies et universités de Lausanne et Genève, ainsi que, partiellement, aux universités de Neuchâtel et Fribourg . Nous avons également réalisé un certain nombre d'interviews avec quelques témoins du développement de la physique d'après-guerre . L'analyse des documents recueillis nous a permis d'aboutir à une première vision globale de l'histoire institutionnelle de la physique théorique dans la région de la Suisse occidentale. Celle-ci suggère quelques constats aptes à guider la suite de notre recherche : ils viennent affiner nos hypothèses de départ tout en corroborant l'intérêt des questions initiales à l'origine de notre projet. L'évolution de la physique dans les cantons romands présente ainsi des invariants que l'on peut rattacher aux facteurs généraux déjà mis en évidence dans des études du développement de la physique théorique dans d'autres pays. Cependant, notre étude montre également la développer des filières pouvant sinon le concurrencer, au moins préparer aux études dans le centre zurichois et à la carrière de l'ingénieur. Ces filières, en ce qu'elles ont mobilisé comme moyens et influencé les stratégies académiques, ont pesé sur l'émergence de la physique théorique, située à l'opposé des impératifs de la formation technique.
Groupe F : Créer et utiliser des 'savoirs utiles' dans les petites économies européennes en voie d'industrialisation
Nous avons jusqu'ici tenu deux rencontres afin de mettre en place les moyens d'interaction de notre travail collaboratif. D'abord à Glasgow du 26 et 29 août 2010 lors de la Conférence annuelle de la European Business History Association - au cours duquel Kristine Bruland, Olav Wicken et Pierre-Yves Donzé ont animé un panel intitulé Accessing Useful Knowledge. Puis le 19 novembre 2010, Pierre-Yves Donzé a été invité à animer un séminaire de recherche au Département d'histoire économique et sociale (UNIGE) sur une thématique touchant à la fabrique des savoirs.
- Le projet spécifique de notre groupe concerne les processus de création, d'acquisition et de diffusion de 'savoirs utiles', des savoirs sur lesquels a reposé le processus d'industrialisation en Scandinavie et en Suisse dans la période 1760-1930.
- Il s'agit de construire une réflexion comparatiste du rôle joué par les institutions et organisations actives dans la promotion et la création de tels savoirs dans les dites régions, ainsi qu'une réflexion sur les outils et concepts que les historiens peuvent utiliser dans de telles analyses.
- Le projet se situe dans le contexte plus large de 'l'histoire globale', et de ce fait il vise à mettre en lumière les liens internationaux et globaux qui ont influencé et modelé la création et l'utilisation de 'savoirs utiles'.
- Notre groupe de recherche s'est réuni régulièrement à partir du mois de mars 2010 au sein du Département d'histoire économique et sociale (depuis janvier 2011 Institut d'histoire économique Paul Bairoch, Département des sciences économiques).
3 mars 2010
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