Journal d’Allemagne (1938) Lire

Je suis seul et ils sont tous ensemble.

Notice

Publié deux ans après son séjour comme lecteur de littérature française à l’Université de Francfort (1935-1936), le Journal d’Allemagne rassemble un certain nombre de portraits, d’anecdotes, de conversations et de réflexions sur le régime hitlérien. L’un des aspects soulignés avec force par Denis de Rougemont est le caractère religieux du national-socialisme. Celui-ci lui saute aux yeux à l’occasion d’un rassemblement organisé en l’honneur du Führer à la Festhalle de Francfort : « Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’ils célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale d’une religion dont je ne suis pas, et qui m’écrase et me repousse avec bien plus de puissance même physique, que tous ces corps horriblement tendus. » Selon l’écrivain, la puissance de mobilisation du nazisme tient entre autres à la réponse qu’il donne à l’angoisse d’individus isolés et à leur besoin d’être ensemble, dans une société sécularisée où tout principe d’union a disparu. Le récit du rassemblement nazi à Francfort a inspiré la pièce Rhinocéros créée par Eugène Ionesco en 1960.

Nous donnons ici l’édition originale parue en 1938 chez Gallimard.

Autre édition

Bibliographie

  • Nicolas Stenger, « Une religion de substitution : l’analyse du national-socialisme par Denis de Rougemont », in Confrontations au national-socialisme en Europe francophone et germanophone (1919-1949). Vol. 2 : Les libéraux, modérés et européistes, Bruxelles, Peter Lang, 2018, p. 115-129.
  • Bruno Ackermann, « Le séjour en Allemagne (1935-1936) », Denis de Rougemont. Une biographie intellectuelle, Genève, Labor et Fides, 1996, p. 445-495.