[p. 77]

Appendice I
Instruction spirituelle donnée aux étudiants hitlériens
(Extrait de lettre d’un étudiant allemand)

« J’ai été convoqué par ma corporation à un camp d’instruction de deux semaines organisé à X. par le NSDStB19, du… au… Les cours ne commencèrent que le second jour, avec une conférence de Y. chargé de l’instruction de la province. Sujet : “Notre sang, notre conception du monde.” Il débuta en rappelant les présuppositions sur lesquelles les participants doivent évidemment être au clair. Il s’exprima comme il suit — je sténographiai les formules marquantes.

Il importe de distinguer entre les membres du parti et les nationaux-socialistes ou porteurs de notre conception du monde… Le Führer en effet a déclaré à la journée du Parti de 1935 : « Le national-socialisme est une conception du monde. » Cette conception du monde est décrite dans Le Mythe du xxe siècle de Rosenberg… Dans les camps du NSDStB il s’agit de forger une troupe d’assaut pour Rosenberg, en vue de la lutte qui s’engagera sans doute l’hiver prochain, lutte pour l’âme allemande dans l’esprit et selon la [p. 78] volonté du Führer… Le Führer au cours d’une séance spéciale, qui n’a pas duré moins de 7 heures, a chargé le camarade Derichsweiler, chef d’empire du NSDStB, de faire de cette organisation une troupe de choc culturelle (einen weltanschaulichen Stosstrupp).

La conception chrétienne et la marxiste sont l’une et l’autre libérales, parce qu’individualistes… La piété germanique n’est qu’une attitude de profond respect en face des lois de l’Harmonie et du Beau… Les hommes qui n’ont pas notre foi, ou ne peuvent l’avoir à cause de leur infériorité raciale, doivent être rejetés, ce qui se produit en partie grâce aux mesures de stérilisation… La conception nationale-socialiste n’est destinée qu’à la race germanique, et non pas à toutes les races, comme le christianisme…

Le 24e point du programme du Parti n’entend parler que de « religiosité positive ». C’est uniquement parce que la religiosité courante en ce pays était le christianisme, et pour plus de clarté, qu’on a utilisé le terme de « christianisme positif ».

La formation politico-culturelle consiste dans une prise de conscience de l’âme raciale inconsciente et endormie… Il faudra en venir à une lutte ouverte avec les diverses confessions ; mais non pas à une lutte par la violence, car les confessions mourront d’elles-mêmes, de toute façon… Nous ne rejetons pas seulement les cent formes diverses de christianisme, mais le christianisme en soi… Tous les membres des diverses confessions sont plus ou moins des trafiquants de devises et des traîtres au peuple… Même les chrétiens qui ont le loyal désir de servir le peuple — et il y en a — doivent être combattus, car leur erreur est préjudiciable à la communauté populaire, et antinaturelle puisqu’elle est d’origine raciale étrangère. Ce qu’il faut attaquer dans le christianisme : les obscènes contes juifs, le dogme du péché originel (né de la volonté de domination mondiale des juifs) ; le dualisme de l’âme [p. 79] et du corps, d’origine juive ; la négation de la vie ; l’immoralité de l’amour du prochain sans choix préalable ; l’internationalisme, etc.

Toutefois l’orateur s’efforce d’être objectif. L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’est pas une opinion personnelle qu’il expose, mais la position officielle du Parti et du Führer. »

À la suite de ce discours, l’étudiant et deux de ses camarades allèrent trouver le chef du camp et demandèrent l’autorisation de se retirer, étant chrétiens. Suit le récit de plusieurs entrevues prolongées avec les responsables, qui essaient de les persuader non de la vérité en soi de leur point de vue, mais bien de son orthodoxie nationale-socialiste. Ils insistent surtout sur le fait qu’Hitler soutient Rosenberg sans réserve. Ils font remarquer en outre que le point 24 du programme n’est pas une hypocrisie, comme le prétendait l’étudiant, mais qu’il témoigne d’une grande sagesse : « Il arrive qu’on soit obligé de ne pas dire la vérité à un grand malade, de peur de lui ôter sa dernière volonté de vivre. Le peuple n’est pas encore mûr pour la nouvelle conception du monde, et une guerre de religion lui serait fatale. »

Finalement le chef des étudiants du Reich arrive au camp. Il déclare que « le temps vient où beaucoup de camarades du Parti seront désillusionnés, qui avaient cru mener un combat purement politique. Ils auront à se décider ! Certains cercles protestants, ajoute-t-il avec un sourire, paraissent n’avoir point encore remarqué la nature essentielle de l’opposition entre le national-socialisme et le christianisme… Il fait évidemment allusion aux Deutsche Christen. » Finalement les étudiants récalcitrants reçoivent l’autorisation de quitter le camp.

Ils ont dû émigrer tôt après pour échapper à la prison ou à la mort.

[p. 77]

Appendice i
Instruction spirituelle donnée aux étudiants hitlériens
(Extrait de lettre d’un étudiant allemand)

« J’ai été convoqué par ma corporation à un camp d’instruction de deux semaines organisé à X. par le NSDStB19, du… au… Les cours ne commencèrent que le second jour, avec une conférence de Y. chargé de l’instruction de la province. Sujet : “Notre sang, notre conception du monde.” Il débuta en rappelant les présuppositions sur lesquelles les participants doivent évidemment être au clair. Il s’exprima comme il suit — je sténographiai les formules marquantes.

Il importe de distinguer entre les membres du parti et les nationaux-socialistes ou porteurs de notre conception du monde… Le Führer en effet a déclaré à la journée du Parti de 1935 : « Le national-socialisme est une conception du monde. » Cette conception du monde est décrite dans Le Mythe du xxe siècle de Rosenberg… Dans les camps du NSDStB il s’agit de forger une troupe d’assaut pour Rosenberg, en vue de la lutte qui s’engagera sans doute l’hiver prochain, lutte pour l’âme allemande dans l’esprit et selon la [p. 78] volonté du Führer… Le Führer au cours d’une séance spéciale, qui n’a pas duré moins de 7 heures, a chargé le camarade Derichsweiler, chef d’empire du NSDStB, de faire de cette organisation une troupe de choc culturelle (einen weltanschaulichen Stosstrupp).

La conception chrétienne et la marxiste sont l’une et l’autre libérales, parce qu’individualistes… La piété germanique n’est qu’une attitude de profond respect en face des lois de l’Harmonie et du Beau… Les hommes qui n’ont pas notre foi, ou ne peuvent l’avoir à cause de leur infériorité raciale, doivent être rejetés, ce qui se produit en partie grâce aux mesures de stérilisation… La conception nationale-socialiste n’est destinée qu’à la race germanique, et non pas à toutes les races, comme le christianisme…

Le 24e point du programme du Parti n’entend parler que de « religiosité positive ». C’est uniquement parce que la religiosité courante en ce pays était le christianisme, et pour plus de clarté, qu’on a utilisé le terme de « christianisme positif ».

La formation politico-culturelle consiste dans une prise de conscience de l’âme raciale inconsciente et endormie… Il faudra en venir à une lutte ouverte avec les diverses confessions ; mais non pas à une lutte par la violence, car les confessions mourront d’elles-mêmes, de toute façon… Nous ne rejetons pas seulement les cent formes diverses de christianisme, mais le christianisme en soi… Tous les membres des diverses confessions sont plus ou moins des trafiquants de devises et des traîtres au peuple… Même les chrétiens qui ont le loyal désir de servir le peuple — et il y en a — doivent être combattus, car leur erreur est préjudiciable à la communauté populaire, et antinaturelle puisqu’elle est d’origine raciale étrangère. Ce qu’il faut attaquer dans le christianisme : les obscènes contes juifs, le dogme du péché originel (né de la volonté de domination mondiale des juifs) ; le dualisme de l’âme [p. 79] et du corps, d’origine juive ; la négation de la vie ; l’immoralité de l’amour du prochain sans choix préalable ; l’internationalisme, etc.

Toutefois l’orateur s’efforce d’être objectif. L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’est pas une opinion personnelle qu’il expose, mais la position officielle du Parti et du Führer. »

À la suite de ce discours, l’étudiant et deux de ses camarades allèrent trouver le chef du camp et demandèrent l’autorisation de se retirer, étant chrétiens. Suit le récit de plusieurs entrevues prolongées avec les responsables, qui essaient de les persuader non de la vérité en soi de leur point de vue, mais bien de son orthodoxie nationale-socialiste. Ils insistent surtout sur le fait qu’Hitler soutient Rosenberg sans réserve. Ils font remarquer en outre que le point 24 du programme n’est pas une hypocrisie, comme le prétendait l’étudiant, mais qu’il témoigne d’une grande sagesse : « Il arrive qu’on soit obligé de ne pas dire la vérité à un grand malade, de peur de lui ôter sa dernière volonté de vivre. Le peuple n’est pas encore mûr pour la nouvelle conception du monde, et une guerre de religion lui serait fatale. »

Finalement le chef des étudiants du Reich arrive au camp. Il déclare que « le temps vient où beaucoup de camarades du Parti seront désillusionnés, qui avaient cru mener un combat purement politique. Ils auront à se décider ! Certains cercles protestants, ajoute-t-il avec un sourire, paraissent n’avoir point encore remarqué la nature essentielle de l’opposition entre le national-socialisme et le christianisme… Il fait évidemment allusion aux Deutsche Christen. » Finalement les étudiants récalcitrants reçoivent l’autorisation de quitter le camp.

Ils ont dû émigrer tôt après pour échapper à la prison ou à la mort.