Les Personnes du drame (1944)Lire

Toute œuvre est le témoignage d’un drame entre l’homme et lui-même, elle est ce drame, rendu visible, et c’est dans le drame qu’existe la vérité totale d’un être.

Notice

Ramuz, Claudel, Gide, Luther, Goethe, Kafka, Kierkegaard : tels sont les écrivains auxquels Denis de Rougemont rend hommage, en montrant ce qu’ils lui ont apporté et en cherchant à identifier, chez l’un ou l’autre, une idée qui l’a conduit à se dépasser. Goethe (rapproché et distingué de Rimbaud), c’est une sagesse faite de renoncement et de refus de l’évasion, et une volonté d’agir, dont la victoire est attestée dans Faust (car la personne se crée en actes). Kierkegaard, c’est l’ironie du solitaire que sa vocation oppose au monde (car la personne se crée en tension). Kafka, c’est le négatif de la vocation : la perte de confiance dans la transcendance, le doute devant ce qui paraît relever fondamentalement de l’absurde. Luther, c’est l’idée que la liberté échappe à l’homme naturel, et qu’elle ne peut lui être octroyée que par Dieu. Gide, c’est le triomphe d’une esthétique morale sur une éthique immoraliste. Ramuz, c’est l’attention aux choses authentiques et élémentaires, contre les conventions et leur artificialité. Claudel (dans son Art poétique), c’est la connaissance du spirituel dans l’acte créateur du poète. L’ouvrage se termine sur la « maladie de la personne » que recèle le romantisme allemand : la vocation de la personne s’y perd dans les fêtes du rêve, avant de s’abolir, avec le nazisme (romantisme politique), dans le culte de l’âme collective.

Nous donnons ici la version parue aux Éditions de La Baconnière en 1945, sur la base de l’édition originale parue chez Pantheon Books à New York en 1944 (couverture ci-contre). Les deux éditions sont quasiment identiques, seules quelques coquilles mineures ont été corrigées par La Baconnière.

Bibliographie

  • Jonathan Wenger, « Les fondements littéraires de la personne », in Alain Corbellari et Nicolas Stenger (dir.), « Denis de Rougemont. Entre littérature, théologie et politique », Études de lettres, Lausanne, n° 311, 2019, p. 31-45.

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